Débauchées précoces/Tome 1/Chapitre 6

Débauchées précoces, Bandeau de début de chapitre
Débauchées précoces, Bandeau de début de chapitre

VI


L’institution des demoiselles Maupinais était l’une des plus sévères et des mieux tenues de Paris, malgré l’échantillon de fillettes présentées en ces pages.

On y avait le respect de la sainte morale, et on y pratiquait l’instruction religieuse, tout comme dans les couvents, ce qui engageait un certain nombre de pères de famille à y mettre leurs enfants.

Rien n’y laissait à désirer dans les études et dans la surveillance : la masse des fillettes et des jeunes filles suivaient les cours avec attention, ne pensant pas encore aux attraits de la chair ; les cas d’Agathe, Rita et Bernerette, s’y trouvaient très rares.

Dans tout arbre, il y a un ver qui ronge ; dans toute réunion masculine ou féminine, il y a une perversité qui sommeille.

Le ver pullule dans l’arbre, à mesure que l’arbre vieillit ; la perversité s’affirme dans la réunion, à mesure que la réunion semble gagner en austérité.

Polluée par son oncle, Agathe, l’année précédente, en revenant des vacances, éprouva, peu après la reprise des études, le besoin d’une amitié complaisante, où elle retrouverait, dans le saphisme, les délices vécues à la superficielle étreinte du mâle.

Malheureusement pour ses désirs, les avances qu’elle fit à quelques camarades, même à Rita, avec qui elle sympathisait déjà, ne lui valurent que des disgrâces : on chuchota à son sujet, on la considéra comme une brebis galeuse, elle faillit être mise en quarantaine.

Nature assez vigoureuse, elle imposa le respect à ses adversaires les plus résolues, et apporta tout son art à séduire Rita.

Séduire n’était pas trop difficile ; satisfaire le but de cette séduction apparaissait impossible.

L’institution Maupinais avait cette supériorité sur bien d’autres, c’est qu’on n’y laissait jamais les élèves livrées à elles-mêmes ; même la nuit, la surveillance s’y exerçait incessante, grâce à ce que les trois demoiselles Maupinais dormant très peu, passaient presque à tous les instants dans les chambrées.

Un seul point était faible, le point punition.

Ces punitions se divisaient en trois degrés : 1o la privation de récréation ou de sortie ; 2o cette privation, aggravée d’un travail à faire ; 3o la claustration dans une chambrette noire au grenier, pour un certain nombre de jours.

Pour ces trois sortes de punitions, les élèves relevaient de la surveillance d’une servante-maîtresse, appelée Tinette, fille de trente à trente-cinq ans, pas jolie, mais petite, robuste, prête à frapper si on l’asticotait, sûre de l’impunité auprès de ses patronnes, lesquelles s’appliquaient à en faire le Croquemitaine de ces demoiselles.

Privée de récréation, avec ou sans travail, on demeurait enfermée dans une salle, sous la surveillance de cette fille, toujours revêche et colère, cherchant noise à tout propos, et attirant des ajouts de punition avec une joie non dissimulée.

Aussi jouissait-elle de l’exécration générale ; de plus, comme elle avait la haute main sur les trois pièces noires réservées à la claustration diurne et nocturne, il n’était vexations dont elle n’accablât les prisonnières, dont la moindre consistait à les réveiller une heure avant tout le monde, à les obliger à se promener pendant une demi-heure à travers un long couloir, sous le prétexte de leur chasser tout à fait le sommeil.

Sur ce point elle avait bien reçu quelques observations des demoiselles Maupinais, redoutant un refroidissement chez les coupables ou une plainte à leurs parents ; elle promit de n’y recourir qu’à la dernière extrémité, et elle en usait encore deux nuits sur trois, chiffre de la punition qu’on imposait d’ordinaire.

Ce fut à la conquête de cette fille que se décida Agathe, afin de parvenir à ses fins avec Rita, convaincue qu’elle ne pourrait nouer de rapports avec son amie que dans les chambres de claustration, si Finette les laissait ouvertes, ou dans la salle de privations de récréation, si elle fermait les yeux.

Il faut le dire : la luxure a besoin d’un corps robuste et sain pour se satisfaire dans toute son ampleur, corps dirigé par un esprit subtil et déterminé.

Les mièvreries apparentes des constitutions, sauf quelques exceptions, ne signifient rien. Pour faire un gros feu, on doit bourrer la cheminée de bois ou de charbon ; pour constituer un foyer de libertinage, il importe d’avoir des idées, de l’imagination et des organes physiques en état de servir l’imagination.

Agathe, assez souvent punie, avait remarqué les yeux canailles de Finette, des négligences voulues d’attitudes, des alternatives de furie et d’apaisement, elle en conclut que cette fille nourrissait des envies. Cette conclusion intuitive dénotait la science d’observation acquise au contact de son oncle. Elle en tira parti dès la première punition qu’on lui infligea, punition qu’elle sut s’attirer un jour où il n’y en avait point d’autres, et elle se trouva seule sous la férule de Finette.

Finette allait et venait dans la salle, tandis qu’elle lisait, ayant été punie sans l’obligation de travail : maugréant, accusant une humeur encore plus acariâtre que de coutume, elle apportait cependant moins d’âcreté dans ses diatribes, car depuis quelques jours elle étudiait la fillette, la fixait souvent à la dérobée, en récoltait un sourire lorsqu’elle était ainsi surprise et éprouvait de l’émotion.

Si Agathe pensait à cette conquête vicieuse, elle ne représentait pas ici le ver de l’arbre. Ce ver, c’était Finette.

Une chose de particulièrement curieuse, veut que les gens les plus rigides, les plus dévots, les plus scrupuleux, aient dans leur entourage un être d’absolue dépravation, capable de tout et ayant eu parfois de nombreux désagréments avec la société.

Finette, entrée depuis cinq ans dans l’institution Maupinais, avec les meilleurs certificats, avait passé par toutes les phases de la débauche, et ne s’était amendée que par le chagrin violent, ressenti à la mort d’une jeune fille, qu’elle avait enlevée à sa famille pour vivre avec elle dans le saphisme.

Amendée, non ! Frappée de stupeur, oui.

Appréciée par les demoiselles Maupinais, désireuse de se créer une position d’avenir, de s’assurer une retraite dorée, elle eut la force de dompter son tempérament pendant des années, le détournant sur les sévices dont elle accablait les coupables.

Et une de ces morveuses, Agathe, la tâtait visiblement !

Toutes les deux, dans la salle de punition, Finette laissa échapper cette exclamation !

— Bonté du ciel, être obligée de garder une seule de ces mômes ! Vous êtes donc incorrigible, vous ! On vous voit presque toujours par ici.

— Peut-être que je m’y plais, répondit Agathe, levant les yeux de dessus son livre.

— Ah ! vous en avez un foutu goût ! Elle avait licence de langage, Finette, cela terrorisait davantage les élèves.

Elle s’assit sur un fauteuil en paille, et battant le parquet avec les bottines, elle ajouta :

— Je comptais sans cette punition, j’avais congé pour l’après-midi, et me voici collée ! Ah, vous me la paierez, celle-là !

— Si je l’avais su, j’aurais choisi un autre jour.

— Ah ça donc, vous y déambulez après les punitions !

— Ça se peut !

— Je vous en ferai fourrer !

— Tant mieux !

Soudain elle se rappela le manège de l’enfant, et, comme par enchantement sa colère disparut : elle l’examina avec curiosité, murmura :

— Est-il possible, quand on est si gentille, de s’attraper des punitions !

Agathe avait repris sa lecture, mais du coin de l’œil, elle suivait le changement qui s’opérait en Finette ; constatant que si son pied ne battait plus le parquet, en revanche le corps s’agitait sur le fauteuil dans de très fébriles mouvements, elle eut le talent de couler un regard et ostensiblement de le montrer courant sur toute sa personne.

Finette tressaillit, et, voulant s’assurer de la bonne volonté de la fillette, elle froissa sa robe sur les genoux. Elle aperçut la tête d’Agathe qui se dressait pour voir ce jeu de la robe ; croisant alors les jambes, elle attira les jupes à hauteur des genoux.

— Finette, murmura Agathe dans un souffle !

— Je ne me trompe pas, vous pensez à la chose ?

— Oui.

— Ah bah, approchez donc par ici.

Agathe tremblait de joie ; elle triomphait. Elle accourut et, debout devant Finette, dit :

— Me voici.

Les yeux de Finette brillaient comme du feu. La banalité de son visage, qui la faisait paraître laide, n’existait plus. Agathe, surprise de cette si subite transfiguration, s’écria :

— Oh, vous êtes belle, Finette, je m’en doutais bien !

— Tu t’en doutais, mon petit amour, et tu as pensé à… m’aimer !

— Il y a déjà quelque temps.

— Que désires-tu, en m’aimant ?

— Te connaître sous les jupes.

— Oh, la coquine, la coquine, qui devine les bonnes choses… à moins qu’on les lui ait apprises ! Les as-tu apprises, dis ?

— Non, j’ai envie, voilà tout.

— Tu as envie, chérie, et nous bavardons. Vite, vite, vite, ton joli museau là-dessous.

Rapidement accroupie entre les cuisses de Finette, Agathe en prit connaissance, s’émerveilla de sa chair blanche et satinée, de la joliesse du conin, discrètement entrebâillé, des poils bruns et très fournis, de la propreté des dessous, qu’elle appréhendait un peu de ne pas rencontrer.

Elle embrassait partout avec forces gentillesses, Finette lui dit :

— Lèche, lèche, petite, c’est encore meilleur ! Mais, je te préviens, je vais te faire flanquer à la chambre noire, pour t’avoir cette nuit.

Agathe s’empressa de suivre la recommandation ; l’heure de punition s’écoula dans la plus parfaite des délectations.

Le soir, elle apprit que, pour avoir menacé Finette de lui jeter un livre à la tête, elle était punie de deux jours et de deux nuits de claustration.

Couchée sur un lit, n’ayant qu’un seul matelas, elle attendit, l’oreille au guet. Finette, en chemise apparut et lui dit :

— Viens.

Elle s’élança à sa suite, pénétra dans sa chambre, simplement mais très confortablement meublée avec un luxe de menus objets, témoignant d’un certain goût chez la fille.

Alors, la femme faite enseigna à la fillette les raffinements de la luxure la plus savante ; elle en sollicita les caresses les plus lascives, son corps en feu ayant besoin de chauds suçons pour rattraper les longs jeûnes supportés.

Elle s’était poudrée et parfumée, elle ne se lassait des minettes que pour exiger des feuilles de roses ; la langue d’Agathe, agile, experte, courut partout où elle le désira.

Elle la garda plus de deux heures et dit :

— Dors bien, Agathe, personne ne monte ici, je ne te ferai lever qu’à dix heures, pour que nous recommencions demain soir.

Agathe venait de conquérir la qualité de gougnotte de Finette.

Cela ne se soupçonna pas, la servante outrant sa mauvaise humeur à son égard et lui valant des augmentations de punition pour l’avoir plus souvent à sa disposition.

Mais la fillette acquérait l’expérience qui lui manquait ; initiée au saphisme, elle entreprit avec plus d’habileté Rita.

Elle ne doutait pas que Finette encouragerait sa fantaisie et, de fait, l’affaire se présenta naturellement.

Une nuit où elle semblait un peu lasse, après une forte séance de léchage, Finette, la voyant ainsi, soupira et murmura :

— Ah, pauvre petite, pauvre amour, je te tuerai ! Je ne suis pas raisonnable, j’ai le corps en feu ! Quel dommage que tu n’aies pas une camarade pour te soutenir, te remplacer lorsque je deviens par trop folle !

Agathe répondit ;

— Une camarade ! Oh, il y en aurait bien une.

— Vrai !

— Demain, Rita se fera punir de prison : laisse ouvertes nos deux portes, je commencerai avec elle, puis tu surviendras ; tu menaceras de nous conduire chez ces demoiselles : je te supplierai à genoux, je suis sûre que Rita m’imitera.

La fillette annonçait cette précocité dans la débauche, qu’elle devait montrer dans sa rencontre avec Célestin.

Finette en conçut la même admiration que Célestin et dit :

— Marche, gougou (nom d’amour qu’elle lui prodiguait), je te défendrai de toutes les manières, s’il t’arrive des ennuis.

Agathe était parvenue à émouvoir Rita.

À la dernière récréation, elle lui avait dit :

— Ah, Rita, je t’ai parlé assez clairement ; il n’y a pas de plus grand bonheur en ce monde que celui de se caresser sous les jupes, lorsqu’on s’aime comme nous nous aimons ! Je serai punie ce soir, fais-toi punir de prison demain, je m’arrangerai pour te rejoindre dans ta cellule, nous nous caresserons à en mourir.

— Agathe, Agathe, depuis que tu me causes de ces choses, j’ai l’esprit à l’envers, je crois comme toi à ce bonheur ! Oh, te caresser, recevoir tes caresses, m’apparaît un délice inexprimable. Arrive ce qu’arrive ! Moi, si on nous surprend, on me chassera ! N’importe, je t’aime, j’ai envie de ces caresses, je te promets de me faire punir.

Et, le plan s’exécutant, les yeux effarés, ne distinguant rien, les cellules et le couloir de punition étant plongés dans la plus complète obscurité, Rita entendit le grincement de la porte qui s’ouvrait, un pas léger qui s’approchait, sentit une main qui courait sur son lit, elle saisit cette main et murmura :

— Est-ce toi, Agathe ? Oh, mon Dieu !

— Oui, mets ma main à tes cuisses.

— Oh, j’ai peur !

— Nigaude, vite, ouvre tes cuisses ! Là, elles brûlent ! Ah, comme je les baiserais !

Mais Rita, profitant de ce qu’Agathe était debout devant le lit, envoya les mains à ses fesses, l’attira brusquement, l’assit par dessus elle, lui embrassant avec passion le cul.

Agathe se laissa faire et dit :

— Que tu as envie, que tu as envie, presque autant que moi !

L’obscurité qui les entourait, les excitait encore davantage ; Rita, la plus novice, par cela même la plus assoiffée, enveloppait de ses bras la plus grande partie du corps de son amie, pour assouvir sa luxure sur tout ce qui constituait la délicatesse de sa féminité naissante.

Agathe s’abandonnait. Habituée avec Finette à être la caressante, elle éprouvait un charme infini à changer de rôle, à être cette fois la caressée. Aussi, cédait-elle à la moindre impulsion de Rita, et lui présentait-elle aux lèvres, aux mains, le conin, le cul, selon son désir.

Le plaisir régnait en maître dans cette cellule ; soudain une lanterne sourde se démasqua, Finette se dressa aux regards épouvantés de Rita.

Pour la vérité de la comédie, Agathe se fourra prestement sous les draps ; Finette les retira, et, la lanterne posée à terre, les bras croisés, dit :

— En voilà du propre !

Déjà Rita à deux genoux embrassait les pans de sa chemise et murmurait :

— Grâce…

— Baise dessous, répliqua Finette se troussant, je déciderai ce que j’ai à faire.

La fillette se jeta sur le conin, le couvrit de caresses, le lécha, disant :

— Vous ne nous dénoncerez pas ! Finette se tourna, lui présenta le cul et répondit :

— Voyons, si tu marcheras aussi bien de ce côté.

Rita s’apprêtait à faire des merveilles.

— C’est bon, reprit Finette, venez toutes deux dans ma chambre, nous causerons et nous nous entendrons.

L’entente fut scellée. Finette eut deux gougnottes, qu’elle favorisa de son mieux pour leurs caprices réciproques.

On ne pouvait abuser des punitions : elle trouva une combinaison qui multiplia leurs entrevues. En dehors de cette surveillance des coupables, elle avait la charge du linge, et tous les samedis soirs, il en résultait pour elle un grand travail, à cause de l’échange avec le blanchisseur, du placement dans les casiers personnels. Elle se faisait assister, sous le prétexte d’accoutumer ces demoiselles à la conduite d’une maison, d’une ou plusieurs élèves, suivant les circonstances. Elle demanda, cela n’exigeant pas beaucoup de difficulté à être su, à s’adjuger toujours les mêmes, et elle eut ainsi Agathe et Rita, dont les feuilles de punition prenaient une tournure fantastique.

Ce fut le Paradis : les deux fillettes pendues à ses jupes l’asticotaient de mille manières : elle prêtait le con à l’une, le cul à l’autre, perdant l’esprit dans le jeu de leurs langues, s’instruisant l’une par l’autre. Elle échappait au vertige, les plaçait en soixante-neuf sur une table, pour courir expédier son linge, revenait, attrapait un brin de chair ici, un brin de chair là, joignait ses caresses aux leurs : elles se séparaient, se jetaient sous ses jupes pour s’y disputer les charmes du devant et du derrière : afin de les mettre d’accord, elles les installait demi-nues sur ses genoux et elle leur révélait la science des baisers sur les lèvres et dans la bouche.

Elle avait les nénés assez fermes, elles aimaient à les téter ; et alors, l’une sur le gauche, l’autre sur le droit, elle leur patouillait le cul, tandis que leurs mains s’unissaient pour lui chatouiller le bouton. Elle jouissait, elle jouissait et s’étonnait de ne pas voir pousser leurs poils, naître leurs tétés.

Ces séances ne laissaient pas que de l’énerver : la possession masculine manquait ; plus elle s’énamourait avec ses gougnottes, plus elle inventait des raffinements lascifs, moins elle se déclarait satisfaite. Ayant dévissé un conduit en caoutchouc pour le gaz, elle le travailla de si adroite façon, qu’elle en fabriqua presque un godmichet, dame, très primitif, mais pouvant encore produire son effet dans un paroxysme d’hystérie passionnée ; Agathe, qu’elle traitait en amant de cœur, demeura chargée de le manœuvrer.

Pour cette séance mémorable du début, il fallait la nuit, on recourut à la punition d’incarcération ; elle alla sur les onze heures quérir ses deux complices.

Elle commença par choyer ses pouponnes, manœuvra les deux fillettes pour bien les mettre en train, les poussant à s’aimer, à se délecter entr’elles par dessus ses cuisses, leur servant d’oreiller, avec la permission de renifler son con, de le lécher pour se donner du piment. Quand elles furent bien lancées, elle appela Rita à ses fesses ; attirant Agathe, elle lui montra ce joujou qu’elle avait caché sous le traversin, et lui indiqua la manière de l’utiliser.

— Lèche-moi bien fort, dit-elle, enfonce bien ta languette dans le trou ; puis, quand ça mouillera un peu, vite tu entreras et sortiras ce joujou, en m’appelant des plus jolis noms qui te viendront à l’esprit.

Il n’est nul besoin d’insister sur les merveilleuses dispositions d’Agathe, ni sur l’éveil de son intelligence, on l’a déjà jugée.

Finette avait retourné à demi les fesses, écrasant sous leurs rotondités Rita qui ne s’en plaignait pas, et trouvait régal exquis à les combler de suçons. Apercevant son amie qui se plaçait pour les minettes, elle lui tendit par dessous la langue, et Agathe envoyant la sienne, toutes les deux s’en chatouillèrent le bout, puis retournèrent à leurs caresses, s’entrecroisant les jambes pour se donner mutuellement des coups de ventre.

L’œuvre du joujou s’exécuta ; Finette en eut une telle émotion, qu’elle appliqua de violents coups de cul sur le visage de Rita, agrippa le bras d’Agathe en murmurant :

— Plus vite, plus vite, ça vient, je jouis.

Agathe enfonçait tout l’objet, le retirait, elle eut l’intuition de le bouger dans l’intérieur du con et la jouissance survint, affolant les trois luxurieuses.

La pâmoison les saisit : elles demeurèrent immobiles, prostrées sur place, en face de leurs sexualités, où elles bavaient d’extase : elles rêvèrent plus de dix minutes, se complaisant à l’afflux de leurs béates félicités.

En cette nuit de folle volupté, elles avaient atteint l’apogée de leurs relations. Il était impossible qu’elles se prolongeassent dans ces conditions, sans attirer une catastrophe.

Aux vacances du Jour de l’an, où monsieur Pleindinjust fit sortir sa nièce, il lui exprima son chagrin de la voir si souvent punie et si peu travailleuse. Elle dut promettre de changer de conduite.

Elle ne s’engageait pas beaucoup ; elle pensait bien que Finette inventerait quelque moyen de se satisfaire, où l’on n’aurait plus recours à la claustration.

Finette, de son côté, avait subi une transformation complète dans son caractère : elle se montrait moins sèche, moins acariâtre, on la redoutait moins, et de plus, ne persévérant pas dans sa malveillance envers Agathe et Rita, elle trahit parfois l’affection qui les liait. Elle risquait d’être devinée, si les élèves de l’Institution Maupinais n’avaient pas été de vertueuses fillettes. Une d’entr’elles cependant soupçonnait la vérité, c’était Bernerette.

Bernerette n’ambitionnait pas de plaire à Finette : elle cherchait à disputer Rita à Agathe : l’œuvre était impossible pour le moment.

Il y eut un coup de foudre : deux mois après le jour de l’an, Rita et Agathe apprirent avec grande peine que Finette quittait la pension pour se marier.

Violemment secouée par les plaisirs charnels goûtés avec ses deux gougnottes, la servante se rendant compte de la funeste voie où elle s’égarait, ne résista pas plus longtemps aux sollicitations du blanchisseur qui lui proposait le mariage, et y consentit.

Elle agit sagement : la santé des fillettes menaçait de s’altérer et les demoiselles Maupinais émettaient quelque défiance sur ce changement de caractère de leur Croquemitaine.

Finette partie, les occasions devenaient rares : Rita et Agathe ne s’aimaient qu’à la dérobée, plutôt platoniquement que matériellement. Les grandes vacances arrivèrent, Rita resta seule avec Bernerette et eut plus de facilité avec celle-ci.

Rita et Bernerette jouissaient de la réputation d’être les brebis galeuses de la maison, des brebis auxquelles on pouvait ouvrir la porte de l’étable, pour en être plus vite débarrassées. On les surveilla à peine durant les vacances, elles en profitèrent. Elles étaient plus intimes que jamais Rita ne le fut avec Agathe, lorsque cette dernière revint de Dijon et parla de Célestin.

Célestin, la délivrance, le salut !