Débauchées précoces/Tome 1/Chapitre 3

Débauchées précoces, Bandeau de début de chapitre
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III


Le temps ne suspendait pas sa marche, le train avançait au milieu de ces séduisants exercices.

À cette époque, on s’arrêtait à Tonnerre assez longuement pour le repas ; on arrivait à cette station.

Célestin et sa petite amie descendirent de leur compartiment, en personnes graves, et se dirigèrent vers le buffet. On prit place à table, on mangea.

Le quadragénaire admira la parfaite aisance de la fillette, qui bien équilibrée sous le rapport du rôle de son sexe, afficha la plus incontestable candeur du monde. Elle sut observer le maintien qui convenait à son âge, répondre avec discrétion aux quelques lambeaux de phrases de son compagnon.

Ils se retrouvèrent dans leur coupé, et sitôt le train en route, elle s’assit sur ses genoux, s’appuya sur son épaule, les yeux implorant, murmura :

— Il m’est venu une idée !

— Laquelle, mignonne ?

— Tu es maintenant mon amant, par conséquent je puis te parler sans crainte.

— Je te le recommande, ma charmante.

— Sais-tu ce que tu devrais faire ?

— Apprends-le moi vite.

— Retirer Rita de pension et la prendre avec toi.

— Hein !

— Juge comme ça arrangerait les choses ! Tu voudras recommencer ce que nous avons fait : si tu as Rita avec toi, tu pourras me prendre les jours de sortie, et tu devines ! ! !

— Et Rita, qu’est-ce qu’elle fera ?

— Bêbête, vous vous amuserez ensemble, et quand j’y serai, nous nous amuserons tous les trois.

Il resta sans trouver un mot devant cette assurance.

— Tu la retireras, dis, reprit-elle ?

— À quel titre ?

— On ne veut pas la garder à la pension, n’est-ce pas ? Tu diras que tu es un de ses parents : au besoin, j’écrirai à mon oncle qui l’assurera, et tu l’emmèneras.

— Mais, ça ne se passe pas ainsi ?

— Je t’assure que si. Je commencerai par prévenir ces dames et Rita : tu leur conteras que tu arrives d’Amérique, que tu es son cousin. Le père et la mère te l’ont confié en mourant.

— Que faisaient-ils ?

— Le père s’occupait d’agriculture, la mère de rien, elle était toujours malade.

— L’enfant est peut-être maladive ?

— Rita ! Elle est superbe ! Tu l’aimeras, j’en suis sûre.

— Tu es folle.

— Je le suis, d’elle.

Connaissait-elle déjà l’argument irrésistible, elle se replaça à cheval sur ses genoux, tendit les lèvres qu’il ne refusa pas.

— Aventure qui peut devenir dangereuse, murmura-t-il.

— Comment dangereuse ! Rita prévenue, et qui ne demandera pas mieux que de quitter la pension, te sautera au cou comme à un vrai parent, dès qu’elle te verra, personne ne doutera de vos liens de famille.

— Qu’en ferai-je ? Je vis seul, et je voyage beaucoup.

— Vous vivrez à deux, vous voyagerez ensemble. Puis, tu la marieras, si elle t’embête. Quel homme, d’hésiter à prendre une jolie petite fille !

Elle le câlinait, le baisotait, sentant que, comme il l’avait dit, la partie, loin d’être terminée, commençait à peine.

— Tu as le diable dans les veines, dit-il, mais il y a une difficulté à ton beau plan.

— Laquelle ?

— Je dois te remettre en gare à la personne envoyée du pensionnat, pour te recevoir.

— Il n’y aura personne à la gare.

— Allons donc.

— J’ai gardé la lettre de mon oncle, prévenant ces dames de mon retour ; j’en ai mis une autre à la place, l’enveloppe et le papier en blanc.

— Dans quelle intention ?

— Parce que… parce que, je savais que tu me raccompagnais et que j’étais décidée… à tout, pour te parler de mon amie.

— Tu ne m’en as causé que par occasion.

— Le penses-tu ! Oh que…

— Oh que ?

— Si tu le veux, je resterai toute la nuit avec toi.

— Tu dis !

— Oui, oui : demain, tu me mettrais en voiture pour me renvoyer à la pension, et je conterai que nous sommes arrivés ce matin, que tu n’as pas eu le temps de me ramener.

— Et si ton oncle l’apprend ?

— Mon oncle ! Il n’a qu’à m’obéir.

Le ton était très ferme, Célestin observa :

— Cela ne l’a pas empêché de te refuser ce que tu lui demandais pour ton amie.

— Il avait quelque raison au fond. Elle l’enveloppait de ses cajoleries, lui tirait la moustache, l’embrassait, se balançait même sur ses genoux, s’amusait même à lui serrer les jambes entre ses cuisses ; et toute son ardeur le ressaisissait, le troublant dans son jugement, lui dévoilant des lubricités inappréciables avec de telles fillettes.

Elle était femme et elle était enfant, elle jouissait d’un attrait de fruit défendu qui le bouleversait, il lui envoya la main au cul sous les jupes, elle lui appliqua un gros baiser sur les lèvres, en disant :

— Ah, tu y retournes ! Dis, tu me garderas toute la nuit : nous nous mettrons nus, comme je fais avec mon oncle, tu m’assoieras sur tes genoux, tu me gâteras bien, tu verras comme c’est bon.

— Te garder, te garder ! Nous commettrions une grosse sottise.

— De quoi as-tu peur ? Je prends tout sur moi ; tu retireras mon ami, dis ?

Elle pressait les fesses sous la main qui les manipulaient, elle arrangeait sa robe et ses jupes pour qu’elles n’entravassent pas le pelotage, elle posait ses genoux sur la banquette, par dessus ses jambes, pour encore mieux le faciliter, elle se soulevait pour qu’il la carressât sur tous ses charmes ; il suspendit son jeu pour répondre :

— Voyons, réfléchissons à cette détermination, et causons.

Elle quitta de suite ses genoux, s’assit près de lui, et répliqua :

— Tu veux ou tu ne veux pas.

— Premier point, je te garde cette nuit, mauvais sujet de fille ; je te conduirai dans un hôtel, il n’est pas nécessaire que ma domestique te connaisse avant l’heure.

— À l’hôtel ! Je ne demande pas mieux, ça me paraîtra drôle, comme si j’étais tout à fait libre.

— Tout à fait libre ! Quand tu le seras, je plains ton mari.

— Je ne me marierai pas.

— Pourquoi ça ?

— Je veux être cocotte.

Il demeura encore une fois abasourdi et s’exclama :

— Cocotte ! Sais-tu seulement ce que c’est ?

— Certainement, c’est s’amuser à sa fantaisie avec les hommes.

— Qui t’enseigne cette morale ?

— Personne. On se doute de bien des choses : à la pension, il y a la fille d’une de ces femmes, elle a toujours les plus beaux cadeaux.

— Ton oncle t’a mise dans une institution suspecte.

— Suspecte, oh non ! Les demoiselles Maupinais sont des personnes pieuses et sévères, qui ne soupçonnent rien. On parle entre élèves : la fille de la cocotte, Bernerette de Cœurvolant bavarde quelquefois avec Rita et avec moi ; elle sait par la servante de sa mère les amants qu’elle a. Elle est rigolboche lorsqu’elle nous conte ces histoires. J’en étais un peu jalouse pour Rita, parce que Rita l’aimait presque autant que moi, mais depuis des mois, elle me préfère.

— Revenons à nos projets : donc, je te garde cette nuit, et demain tu rentreras seule à la pension. Si ton oncle l’apprend, que lui dirons-nous ?

— Que nous n’avons trouvé personne à la gare pour me recevoir, que tu t’es foulé le pied en descendant de wagon, que je n’ai pu te laisser seul. Ce n’est pas malin, on n’ira pas voir.

Il eut une telle admiration à une si prompte réponse, qu’il la prit à bras-le-corps et l’embrassa avec frénésie sur tout le visage.

Toute souriante, elle reprit :

— Tu retireras Rita !

— Eh bien oui, je la retirerai, par curiosité de l’aventure ! Tu aviseras ton oncle pour le cas où j’aurais besoin de son concours, mais tu ne préviendras que ton amie, afin qu’elle joue bien son rôle : il faut que j’emporte la situation auprès de tes maîtresses, par la surprise que je leur procurerai.

— Bien combiné, tu es un brave camarade.

— Maintenant, ne faisons plus de sottises, pour ne pas nous exposer bêtement à des désagréments, regarde par la portière, si ça te distrait, je vais fumer une cigarette.

— Puis-je remettre mon pantalon ?

— Non.

Elle s’approcha crânement de la portière, esquissant une révérence en passant devant lui, et demanda :

— Veux-tu que je t’éclaire une allumette ?

— Petit démon !

— Si tu touches mes mollets, tu triches, puisqu’il est défendu de faire des sottises !

— Et ton cucu !

— Il n’est pas permis non plus de le toucher.

— Ne pas le toucher non plus.

Il déposa sa cigarette, et, agenouillé derrière la fillette, il fourra la tête sous ses jupes.

Elle ne résista pas ; il la tourna, la retourna, disant :

— Lève haut tes jupes, que je te voie partout et que je t’embrasse ; je fumerai après.

Elle obéit, il lui baisa le nombril, le ventre, les cuisses, le conin, les genoux, puis toute la jambe et tout le cul.

— Ça sent-il le lubin, interrogea-t-elle ?

— Un lubin mitigé, qui n’est pas désagréable.

Il se redressa et alluma sa cigarette.

La nuit était survenue, on ne voyait plus la campagne, ils devisèrent de choses et autres, cherchant à s’intéresser à tout sujet qui ne leur rappelait pas la luxure ; mais, insensiblement, on y revenait, ils s’échauffaient par de petits baisers, de petits attouchements, de rapides visions de leurs sexualités.

— Montre-moi ton gros machin, dit-elle, rien qu’à travers un bouton.

— La tête même n’y passerait pas.

— Défais-en deux.

— Il sortit juste le gland, qu’elle toucha et voulut embrasser.

— Que faisais-tu avec ton oncle questionna-t-il ?

— On rêvait beaucoup, on se regardait partout, sur tout le corps, on se touchait.

— Il t’embrassait sous tes jupes ?

— Oui, de tous les côtés.

— Tu l’embrassais ?

— Moins souvent. Il aimait de m’asseoir sur ses genoux, de me tenir couchée dans ses bras, de me fouetter le cucu ; puis, quand ça lui venait, nous nous étendions sur le tapis, il se mettait tout de son long contre mon dos, glissait son rouleau dans mes fesses, les frottait avec, et tout d’un coup, il me mouillait.

— Il ne te faisait pas mal ?

— Non, c’était très, très doux.

— Il n’essayait jamais de te l’entrer ?

— Où ?

— Dans le petit trou.

— Ça ne se peut pas ?

— Qui te l’a dit ?

— Oh, ça ferait crier.

— Tu ne seras jamais une femme.

— Aux femmes, on l’entre dans le trou ?

— Dans celui du cul et dans celui du devant, en les dépucelant.

— Sors-le tout à fait de ta culotte, que je juge si c’est possible…

Il se déboutonna, de nouveau exhiba sa queue en érection. Elle la soupesa dans la main, hocha la tête et murmura :

— Tu me dis des bêtises, ça ne peut pas entrer.

— Viens vite à cheval par dessus, comme tantôt ça veut pleurer.

— Bien vrai ! Attends que je relève ma chemise.

Elle se troussa, se dégagea toutes les jambes et, cette fois, s’assit en conscience sur la queue de Célestin, dont le gland courut la chatouiller au nombril.

— Ne le monte pas si haut, dit-elle, il me mouillerait à la ceinture.

Elle le rangea elle-même dans ses cuisses et refit le jeu de la masturbation que certainement elle avait dû apprendre de son oncle.

— Ça te chatouille, dit-il !

— Oh, ça fait bon, ça fait bon, et toi, quel effet ressens-tu ?

— Ça m’arrache du jus !

— Oh oui, on dirait que tu me frottes avec un velours humide, et quand tu approches du petit bouton, j’ai la tête qui tourne. Oh, oh, ça te vient, oh, ça y est.

Elle se pressa contre son ventre, lui attrapant ses lèvres pour les baiser, elle sursauta sous l’ondée qui la polluait.

Elle fermait les yeux. Elle dit dans un souffle :

— Ce que tu mouilles bien !

Il achevait à l’aise son éjaculation ; il lui repassa le mouchoir, elle se nettoya avec la même sérénité que la première fois, ressortit le flacon de lubin, s’en réimbiba les chairs, et souriante, dit :

— Et si tu mouillais en dedans, comment je le nettoierais ?

— Avec de l’eau parfumée.

— Il n’y en a pas ici : ça resterait dans mon cucu, ou dans le devant ; où, ça ferait l’effet d’un lavement, et alors…

Elle partit d’un grand éclat de rire et ajouta :

— Oh, le vilain, il voulait m’obliger à faire caca devant lui !

Elle était mignonne au possible dans l’arrangement de sa chemise dans son exclamation, il l’attira pour l’embrasser, et comme il n’avait pas encore enfermé sa queue, elle crut qu’il allait recommencer, se troussa en s’écriant :

— Tu veux encore mouiller ?

— Non, non, plus tard, reviens sur moi que je sente tes chairs et ta chaleur.

— C’est toi qui brûles !

Célestin ne se rendait pas compte du vertige qu’il subissait. Il jouissait du contact de cette chair, après avoir joui de l’entente voluptueuse amenant l’éjaculation, éprouvant une joie extrême à l’étroit enlacement qui maintenait la fillette sur ses genoux, leurs bras autour du cou.

Le train filait, filait, en approchant de Paris, ils se séparèrent pour réparer le désordre de leurs vêtements, elle remit son pantalon, chantonna un petit air guilleret, toute au plaisir qu’elle se promettait pour sa nuit, au triomphe obtenu pour son amie.

Descendant du train, ils étaient calmes, comme si rien d’extraordinaire ne se fût accompli entre eux, et il donna au cocher, dans la voiture duquel ils grimpèrent, l’ordre de les conduire à l’hôtel du Dauphin d’or.