Curiositez inoüyes/Édition 1629/11

Jacques Gaffarel
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Chap. Ⅺ.
Quelle est en fin la véritable & curieuse observation que les Patriarches & Anciens Hebreux faisoient dressant une Nativité.


SOMMAIRE.
  1. Configurations cœlestes, marquees anciēnement par des caractères Hébreux.
  2. Peintures des Signes du Ciel dans la Sphere & Mappe-monde des Arabes. Celle de Virgo mysterieuse.
  3. Observation nouvelle sur les noms Hebreux des Planettes.
  4. Table suivant laquelle les Hebreux dressoient une Horoscope. Moyen de s’en servir.
  5. Raisons demonstratives, pourquoy les jours ne suivent l’ordre des Planettes. Table Genethliaque des Anciens Hebreux.
  6. Difference entre les Jugemens qu’on faisoit anciennement sur les Horoscopes, & ceux qu’on fait aujourd’huy. Fable de Lucine descouverte.
  7. La Lune pourquoy appellee Lunus, & Luna, & le Ciel Cœlus & Cœlum.
    1. Raisons nouvelles & veritables, pourquoy les Poëtes ont dit que Saturne mangeoit les Enfans.
    2. Quelles qualitez les Anciens recognoissoient és Signes du Ciel.
    3. Jugemens sur les Livres d’astrologie, de R. Abraham Aben Aré, traduits par le Conciliator.
    4. Planettes estimez benins par les Anciens Hebreux. Curieuse ceremonie du nouveau marié.
    5. Preuve de ceste Ancienne Astrologie par l’Escriture Saincte. Raisons qui preuvent que נר gad (nom du fis de Jaacob) est l’Estoille de Jupiter.
    6. Ægyptiens premiers qui corrompirent ceste Astrologie. Faux toutefois qu’ils ayent inventé les characteres Planeteres. Astres rendus fabuleux par les Grecs.
    7. ATHLON, mot d’Horoscope usité par Manile, interprété au vray contre Scaliger.


    APres que nous avons veu ce qu’on attribuë faussement à l’astrologie des Anciens, ce qu’il nous reste maintenant, est demonstrer ce que nous en avons de pur & de veritable dans les escrits de ceux esquels ceste doctrine appartient, & qui sont jugez exemps de resverie par les plus sçavans de nostre Nation. Je tire donc ces secrets peu cognus, partie de Rabbi Moses, duquel Scaliger dit, Primus inter Hebræos nugari desinit: De R. Aben-Esra que le mesme Scaliger appelle, Magistrum Iudæeum & hominem supra captum Iudæorum ; De R. Levi, appelle par Augustinus Riccius, Virum utique scientiarum omnium plenum; De R. Isaac Hazan autheur, à ce que les Juifs croyent, des Tables Astronomiques d’Alphonse; De R. Abarbanel; De R. Isaac Israëlita; De R. Iaacob Kapol ben Samuel; D’Aben-Aré; De R. Chomer, & de quelques autres tres-sensez & sçavans, comme tesmoignent leurs escrits. Premierement donc les anciens Hebreux representoient les Estoilles du Ciel, assemblees ou non par les lettres de l’Alphabet, s’en ressouvenant ainsi comme nous faisons du Belier, du Taureau & des autres, & lors que toutes les lettres Hebrayques, ou quelles qu’elles fussent (car ce different se vuidera ailleurs), estoient finies ils nommoient le reste des Estoilles par deux lettres assemblees, composant ainsi un mot, auquel il adjoustoient quelquefois une troisiesme lettre pour exprimer parfaitement la nature de l’Estoille ou de la configuration ; & paradventure on peut mettre fin par ceste doctrine à ceste longue dispute qu’on fait sur la signification des noms des Astres qu’on trouve dans, la Bible, comme עש ahs dans Amos, qu’on interprette Arcturus, ou Plaustrum Polare, ou Cauda Arietis, ou bien Ursa suivant Aben Esra, Or nous sçavons que עש ahs ne signifie point Ursa, ny dans l’Escriture saincte ny ailleurs, mais le nom de cet Animal est דוב dob, comme on peut voir en Isaye, Jeremie, & Daniel ; doncques ces deux lettres עש assemblees, peuvent simplement marquer la configuration de l’Ourse Majeure.

    2. D’icy on peut voir comme les premiers Hebreux ne s’imaginoient point au Ciel des animaux comme nous faisons. Les premiers Arabes, tesmoin Abarbanel les avoient imitez en leurs recherches astrologiques, mais en fin l’exemple des Grecs leur fit imposer des figures, s’abstenant toutesfois d’en depeindre des humaines, se ressouvenans du zele des Hebreux: Ainsi le signe d’Aquarius au lieu d’un homme qui verse de l’eau, ils le representerent par un Mulet avec un bast, portant deux tonneaux: les Jumeaux par deux Paons : la Vierge par une gerbe de blé; le Centaure par un cheval: l’Ophiucus par une Gruë, ou une Cygogne, comme on voit en quelques Mappe-mondes Arabesques: le Sagitaire par un seul Carquois : l’Andromede par un veau Marin ; & le Cephee par un Chien, ainsi des autres. Les Ægyptiens & Persans suivoient encore l’Astrologie des Hebreux, ne depeignant les Astres qu’en certains characteres, mais l’exemple de leurs voisins leur fit aussi depeindre d’Animaux, tesmoin le mesme Autheur, qui dit, que les Persans principalement, & apres eux les Indiens & Ægyptiens, ne depeignirent pas seulement les quarante-huict Constellations representees au globe, mais aussi toutes les figures qu’ils peurent s’imaginer en l’Ascendant de chasque signe principal, & de chacun de leurs degrez, ainsi qu’on peut voir dans Zadchir. La peinture qu’ils font de la Vierge, est une des plus remarquables & dont la consideration a porté mesme les plus doctes Arabes à dire du bien de Jesus-Christ, & de sa bien-heureuse Mere; & de fait, ce n’est pas sans mystere, que la tradition de l’Orient represente ceste constellation en forme d’une belle fille, dont une longue tresse de cheveux, semble donner bonne grace en l’action qu’elle fait, de presenter deux Espics de blé à un petit Enfant quelle semble allaicter. Intentio est, dit Alboazar, en vain Albumazar, qu’Hermanus de Dalmatie fait parler Latin : Quòd Beata Virgo habeat figuram & imaginem infra decem primos gradus virginis, & quod nata fuit quando sol est in virgine, & ita habetur signatum in Kalendario, quòd nutriet filium suum Christum Iesum in terra Hebræorum, d’où l’Autheur du Livre, intitulé Vetula, auroit pris subjet de dire

    O virgo fœlix, ô virgo significata
    Per stellas ubi spica nitet--

    3. Les Indiens donc, les Ægyptiens, les Persans & les Arabes, ayant ainsi depeint leur Astrologie, les Hebreux par necessité furent contraints de les imiter, les suivant, non pas à la peinture, mais aux noms, encore s’abstiennent-ils de ceux qui sont attribuez aux hommes, comme les Arabes font de ne les pas representer ou depeindre, ainsi nomment-ils le verseur d’eau דלי deli qui signifie non un homme, mais un vase pour puiser de l’eau; Le Sagitaire קשת quescet, un Arc simplement: Saturne, שכתאי sçautai Repos. Mars מאדים Maadim Rouge qui est la couleur de ceste Estoille: Venus נוגה Nogah Splendeur, fort convenable à ce Planette: Jupiter צדק Tsedeq, Juste, rendant tels ceux qui naissent sous son influence: Mercure כוכב Cocab, Estoille simplement, ou bien כתב Catab, Escrire ou escriture, à cause que c’est l’estoille plus favorable aux lettres. Un seul signe de ceux qui ont figure humaine a retenu le nom d’humain, & c’est la Vierge appellee des Hebreux בתולא Bethola, non sans quelque dessein, toutesfois elle est souvent nommee par les Rabbins שבלת Scibolet, Espi de blé. Tant il est vray que ceux de ceste nation ne s’esloignent pas seulement de l’idolatrie, mais du nom mesme de tout ce qui leur semble Idole, ce que auparavant personne n’avoit remarqué. Retournons à leurs Peres, qui ne cognoissoient point en leur Astrologie tous ces noms.

    4. Ceste Configuration celeste en lettres & characteres estant presupposee, ces anciens Hebreux voulans dresser une Nativité, ils prenoient garde en quel jour, & soubs quel signe l’Enfant venoit au monde, & quel Planette dominoit à l’heure de sa naissance, afin de rapporter par apres le tout en douze lieux qu’ils appelloient מחתלות Mahatalot, c’est à dire, ligaturæ. Ben David dit, que c’estoit ce que les Astrologues appellent aujourd’huy Maisons. Or ces Anciens sçavoient parfaitement ce que dessus, en regardant la Table cy-dessous descrite : que R. Kapol-Ben, Samuel a tiré de l’Obly dans son Livre curieux qu’il intitule עמוק עמוקים וכל דבר קשה Ahmouq ahmouquim vecol devar quaschah: C’est à dire, La profondité des profondittez, & toutes choses difficiles, imprimé à Kracovie, l’an 358. suivant la supputation mineure des Juifs, qui respond à l’an de Jesus-Christ 1498. Je tire de ce sçavant homme, une bonne partie de ces Curiositez Astrologiques, d’autant plus librement qu’il estoit tenu pour un des meilleurs Astrologues de sa Nation, ayant diligemment examiné tout ce que les plus sçavans avoient advancé de ces Antiquitez.

    Les 24. Heures de la Nuict & du jour.
    מ ל ח ש נ צ ב Les signes du commencement de la nuict.
    ח ש נ צ ב מ ל
    נ צ ב מ ל ח ש
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    ש נ צ ב מ ל ח Les signes du commencement du jour.
    צ ב מ ל ח ש נ
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    ח ש נ צ ב מ ל
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    ב מ ל ח ש נ צ
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    ש נ צ ב מ ל ח
    צ ב מ ל ח ש נ
    מ ל ח ש נ צ ב
    ח ש נ צ ב מ ל
    נ צ ב מ ל ח ש
    Cette table semble d’abord difficile, mais elle ne l’est nullement, si on considere que les sept lettres de chasque rengée tirant de droit à gauche, ou de gauche à droit, marquent les sept Planetes, & ces lettres sont les premieres de ces mots tous entiers:
    שַׁבְּתַאי Schavtai, Saturne, Samedy,
    צֶדֶק Tsedeq, Jupiter, Jeudy,
    מַאֲדִים Maadim, Mars, Mardy,
    חַמָּה Chamah, Le Soleil, Dimanche,
    נוגַה Nogah, Venus, Vendredy,
    כוֹכָב Cocav, Mercure, Mercredy,
    לְבָנָה Levanah, La Lune, Lundy,

    Or si je veux sçavoir par exemple, quel Planette domine à la premiere heure de la nuict du Samedy, qui est celle qui vient apres le jour du Samedy, j’ay recours à la Table, où ayant trouvé ש lettre qui marque Saturne, je dis que c’est ce Planette qui domine à ceste heure, & puis descendant par le long de la colomne de la mesme lettre, je trouve que Jupiter marqué par צ, domine à la seconde heure ; מ c’est à dire, Mars domine à la troisiesme ; חַ le Soleil, à la quatriesme ; נ Venus, à la cinquiesme ; כ Mercure, à la sixiesme ; ל la Lune, à la septiesme ; Et de rechef, ש Saturne, à la huictiesme ; צ Jupiter, à la neufiesme ; מ Mars, à la dixiesme ; חַ le Soleil, à l’onziesme ; נ Venus, finalement à la douziesme. Puis descendant par la mesme colomne, je trouve que כ Mercure domine à la premiere heure du jour, ל la Lune à la seconde, & ainsi des autres.

    On peut toutesfois avoir deux doutes sur ceste Table. La premiere, pourquoy on l’a commencee par כ qui est Mercure, Planette du Mercredy, plustost que par חַ qui est le Soleil, Planette du Dimanche, puis que ce jour fut le premier creé? La deuxiesme, pourquoy les jours ne suivent pas l’ordre des Planettes? ou bien pourquoy apres le Samedy ne suit le Dimanche ? R. Kapol respond à la premiere, que les Planettes furent seulement creez, ou faits, comme le reste des Estoilles au troisiesme jour, & que suivant cet ordre, Mercure obtint la premiere heure, comme on peut voir, dit-il, si on veut s’occuper à conter la revolution des jours. On peut voir nos Latins sur ce subjet, en l’Horoscope ou Nativité du Monde, dressee particulierement par Scaliger & Jonctin. Nous respondons à la deuxiesme, que les jours ne suivent pas l’ordre des Planettes, parce que selon l’ordre qu’ils sont rengez, ils font en leurs cours par un esgal intervalle, comme sept angles de la figure de Geometrie qu’on appelle, Isoscele, les bases desquels sont les costez de l’Heptagonne, escrite dans un cercle: comme on voit en ceste figure qui explique clairement le mouvement de ces Planettes ; où l’on voit que sur la rondeur de la figure, les Planettes sont rangez par ordre ש צ מ ח נ כ ל Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Venus, Mercure, la Lune, & au dedans on les voit autrement. Car de Saturne, ש, on vient au Soleil ח ; de cestuy-ci à la Lune, ל ; de la Lune à Mars, מ ; de Mars à Mercure, כ ; de Mercure à Jupiter, צ ; de Jupiter à Venus, נ ; & de Venus on retourne à Saturne, qui font par ordre les jours de la Sepmaine, Samedy, Dimanche, Lundy, Mardy, Mercredy, Jeudy, & Vendredy. Mais tous les Caracteres de ces Tables, sont suivant les Hebreux de ce temps. La Table Ancienne sur laquelle Rabbi Kapol-Ben Samuel a formé la precedente est celle-cy, à laquelle on procede tout de mesme qu’à l’autre. Les Planettes ont d’autres Characteres qui sont ל Saturne, מ Jupiter, ם Mars , נ le Soleil, ן Venus, ס Mercure, צ la Lune.

    Table Ancienne servant aux Horoscopes.
    ם ע נ ל ן מ ס Les signes du commencement de la nuict. Les 24 heures de la nuict, & du jour.
    נ ל ן מ ס ם ע
    ן מ ס ם ע נ ל
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    ע נ ל ן מ ס ם
                   
    ל ן מ ס ם ע נ Les signes du commencement du jour.
    מ ס ם ע נ ל ן
    ם ע נ ל ן מ ס
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    ן מ ס ם ע נ ל
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    ן מ ס ם ע נ ל

    6. Ces Anciens Peres ayant donc trouvé le Planette dominant la Nativité de l’Enfant, ils commençoient à luy predire en general par qualité du Signe ce qu’il devoit estre, je dis en general, ne s’arrestant point à mille particularitez, comme les Astrologues de ce temps, asseurans que celuy qui naistra par exemple à l’heure que Saturne domine, il sera arrogant, paresseux, songeant, melancholique, fin & cauteleux, sans honte, triste & aymant les choses noires, maigre, abondant en poil noir, pasle, envieux, & aura les yeux profonds, enclin à desrober, tiendra long temps sa colere, tenace & opiniastre, & n’aimera pas beaucoup les femmes, il blanchira tost, & n’acquerra pas beaucoup de biens, haïra toutes compagnies, parlera tout seul, & sur tout sera fort secret. Ces Anciens, dis-je, ne prenoient point garde à toutes ces choses, & n’admettoient pas non plus des Signes humains & brutaux, doubles, ou simples droict, ou courbez, terrestres ou aquatiques, feconds ou steriles, fors ou debiles, couchez ou debout, óyans ou voyans, aimans ou hayssans ; c’est à dire, qu’ils font voir, ouyr, aymer, hayr, & tout le reste marqué par Manile : Mais ils diroient que l’Enfant seroit sain ou maladif, sans dire de quelle maladie, qu’il seroit fortuné ou in fortuné, sans specifier en quoy ; & bref ils luy predisoient en general les biens ou les maux selon la nature des Signes, bonne ou mauvaise ; car ils voyoient que Saturne pour estre froid, & Mars sec, ils estoient tres-malins, Jupiter & Venus pour estre temperez, qu’ils estoient assez favorables aussi bien que le Soleil, & Mercure indifferent; mais pour la Lune ils la croyoient si diverse, que parfaitement pleine, dit Abarbanel, ils l’estimoient heureuse, mais cornuë, si contraire à l’Enfant, que quelques uns de ses aspects le faisoient mourir tost apres, ou bien s’il vivoit, s’estoit avec des crimes aussi grands que son humeur estoit noire : Et c’est pour ceste raison que les Sages femmes des Hebreux escrivoient ou faisoient escrire contre la muraille au temps de l’accouchement ces paroles, tesmoin Abiudan, אדים חוה חוץ לילית Adim Chavah Chouts Lilit, c’est à dire que Lilit soit estoignee d’icy. Or Lilit n’est autre que la Lune, nom tiré de לילה Lailah, qui signie la nuict ; je laisse ce que long-temps apres les plus superstitieux Hebreux ont advancé de ce Demon, appellé Lilit, qui residoit à certaines influences de la Lune. J’estime que les Grecs & Latins qui tenoient leurs principales Divinitez des Syriens & Chaldeens Idolatres, en avoient pris ce Lilit qu’ils appelloient Lucine, residente aux accouchemens, parce qu’ils avoient oüy dire que la Lune en sa plaineur estoit favorable aux femmes grosses, d’où vient que Horace chante,

    Montium custos, nemorumque virgo,
    Quæ laborentes utero puellas
    Ter vocata audis, adimisque letho
    Diva triformis.

    7. Mais sans nous abandonner aux Fables, on peut voir comme les sages Hebreux recognoissoient du bon-heur, ou du malheur à cest Astre, dit Chomer, par sa plaineur ou defectuosité, puis qu’ils le nommerent du nom masculin ירח Iareach qui marquoit le bon-heur, & du féminin לבנה Levanah, Symbole du malheur : paradventure les Latins les ont imitez en ces noms Lunus & Luna, ce qu’ils n’ont pas observé Scaliger ny Casaubon cherchans ceste Ethymologie. Je sçay bien que Julius Firmicus, & les Platoniciens asseurent qu’en ces noms, Masculus significat virtutem efficientem, fœmina yirtutem ipsam ac potentiam capientem numinis, mais si on pese ceste doctrine, on trouvera qu’elle n’est pas beaucoup esloignee de la precedente, & en ce sens on pourroit dire que le Ciel estoit aussi appellé Cœlum & Cœlus, tesmoin Pighius Campensis en sa Themis, qui rapporte ceste Ancienne inscription, COELUS ÆTERNUS JUPITER : ou bien suivant la premiere pensee, que le Ciel estoit ainsi appellé, à cause qu’il estoit favorable aux uns, & indifferent, ou bien contraire aux autres.

    Pour l’Estoille de Saturne, ces Peres Hebreux la redoutoient encore grandement, parce qu’ils voyoient que les Saturniens estoient melancholiques & maladifs, c’est pourquoy les Chaldeens aveuglez apres mille fausses Divinitez voyans que cét Astre leur estoit contraire, voulurent le rendre doux & benin par quelque sacrifice, & n’estant point d’Offrande qui luy fust plus convenable que celle sur laquelle il faisoit si souvent paroistre ses effets, qui estoient les enfans nouveaux nez, commencerent à sacrifier à ce Planette, sous le nom de Moloc, quasi מֶלֶךְ Melech, c’est à dire Roy, parce qu’il regnoit imperieusement sur les hommes, ou pour mieux dire, qui les tyrannisoit à leur advis par maladies, & mille autres malheurs ainsi qu’un Tyran : ce qu’il marque cét autre nom Baal donné à l’Idole de cest Astre, qui veut dire, Maistre ou Seigneur. De là les Grecs & Latins ont tourné en fable, à mon jugement, que Saturne devoroit ses enfans. Je laisse le reste des Curiositez, touchant ce Moloc qu’Aben-Esra advance sur Amos, parce que outre qu’elles ne sont pas à mon sujet, elles sont trop longues à deduire.

    9. Apres l’observation des Planettes, ces Peres, dit Kapol, entroient dans celle des autres Estoilles que nous appellons Configurations; je ne rapporteray pas icy ce que Abraham Aben-Ar a tiré des Anciens touchant ces Estoilles, parce que mon dessein n’est pas d’avancer ce qui est traduit en Latin, & qu’on a desja veu, ou pû voir, comme les œuvres de ce sçauant Astrologue, traduites par le Conciliator, seulement feray-je ceste remarque que le Traducteur n’a point fait sur l’Original, que lors qu’Aben-Aar parle de la Nature de ces Signes, ce n’est pas suivant les Anciens qui ne deffendoient jamais aux particularisez qu’on a observé du depuis, comme par exemple des Signes qui font bon esprit, & qui rendent les hommes doux, courtois, & affables, ainsi que les Gemeaux, la Vierge & la Balance : Ceux qui les rendent hebetez & brutaux, comme le Belier, le Taureau, le Lion & le Capricorne: Ceux qui les rendent fertiles, comme l’Escorpion, les Poissons & le Cancer: ceux au contraire qui les rendent steriles, comme les lumeaux, le Lion & la Vierge, ainsi des autres rapportez par ce Rabbin. Mais seulement ils disoient en general de ces Estoilles fixes, appellees עומדים Ohgmedin, ce qu’ils disoient des Planettes qu’ils nommoient aussi לכה Lechet, Ambulones, comme a remarqué Reuclin.

    10. Or puis que nous sommes sur les œuvres d’Abraham que le Conciliator a traduit, je diray ce mot pour advertir les doctes, que ceste traduction ne respond pas tousjours à l’Original, & qu’il y a mesme quelques traictez que l’Hebreu ne cognoist point. Voicy ceux qui font advoüez, Initium sapientiæ, que le Conciliator nomme Introductorium, traicté fort curieux, dans lequel on void tout ce qu’il faut observer en la Nativité de l’Enfant, Liber Rationum, où il discourt de la nature des Signes, revolution des jours & des siecles, & des Anges qui gouvernent à leur tour le monde, que Robert Flud a rapporté dans son Apologie pour les Freres de la Rose Croix, comme nous avons remarqué dans les Notes que nous avons fait sur R. Elcha. ces Livres suivent apres : Liber interrogationum. Liber luminarium & cognitione diei Critici ; seu de cognitione causæ Crisis. De mundo vel seculo, que le mesme traducteur appelle Liber coniunctionum Planetarum & revolutionum annorum mundi, où il redit plusieurs choses que l’Autheur avoit seulement couchees dans le deuxiéme Livre. On voit donc qu’en ce denombrement ces deux traictez que le mesme Conciliator fait suivre, & qu’il intitule ; Liber Nativitatum & revolutionum earum : & Liber Electionum, n’y sont pas, & ne les ay peu voir dans toutes les coppies que j’ay veu de ce Rabbin, non plus que beaucoup de choses traictees dans le recueil que le Traducteur appelle Tractatus in super particulares eiusdem Abrahæ, in quibus tractatur de significationibus Planetarum in duodecim domibus. Tous les sçavans luy sont pourtant beaucoup obligez, puis que devant sa traduction l’Astrologie des Hebreux estoit incogneuë aux Latins. Retournons aux recherches.

    11. Nous avons dit quels Astres ces Peres Genethliaques estimoient malins aux Nativitez, disons maintenant ceux qui y estoyent favorables, & de l’aspect desquels ils predisoient tout bonheur à l’enfant nouveau né. Abarbanel dit donc que le Soleil estoit le premier dont ils tiroient des bons augures ; c’est pourquoy, dit le mesme autheur, Dieu faisant comme naistre encore une fois Ezechias, voulut que ce fust par le Soleil. Ils estimoient par apres l’Estoille de Venus tres propice, & je ne sçay si ceste observation auroit esté causé qu’apres les Soleil & la Lune, on adoroit particulierement ce Planette par tout l’Orient à ce qu’en asseure Ben Samuel. Ces Peres recognoissoient encore l’Estoille de Jupiter qu’ils apelloient tantost גד Gad, & tantost מזל טוב Mazal tob, & leurs descendans כוכב צדק Cocheb tsedek, grandement favorable: à raison dequoy le nouveau Marié donnoit à son Espouse une bague, sur laquelle estoit gravé les susdits mots מזל טוב Mazal tob, c’est à dire, bon Astre ou bonne fortune suivant le mot qui le signifie, souhaittant par ceste ceremonie qu’elle accouchast tousjours sous ceste Estoille favorable, ainsi qu’ont remarqué Munster, Aben-Esra, & Chomer; jusques là dit cestui-cy, que de son temps on a veu des hommes qu’il appelle curieux de ces observations (qu’on appelleroit à plus juste tiltre Melancholiques & resveurs) qu’ils n’avoient cognoissance de leurs femmes qu’en certaines heures, afin que si elles devenoient grosses, qu’elles accouchassent sous ce signe dont ils calculoient diligemment les revolutions. Mais ces fantaisies se trouvoient seulement dans l’esprit des descendans des Hebreux, & non dans celuy des Peres & Anciens, dit le mesme Chomer, n’observans que ce qu’une pure innocence leur dictoit, & ne recognoissans en ces signes autres effects que purement naturels, dont la cause estoit imprimee à ces corps cœlestes par celuy qui fit toutes choses en leur perfection.

    12. Mais il est temps de respondre à ceste objection si pressante, que puis que l’Escriture sainte ne fait aucune mention de toutes ces Curiosites Astrologiques dans la vie des Patriarches que nous appelions Genethliaques, on peut les estimer fausses, voire dangereuses, puis qu’elles ne sont appuyees que sur la caprice des Rabbins, qu’on dit suivre le parti des Astrologues judiciaires.

    Si je n’avois defendu ailleurs l’innocence des doctes Hebreux, je ferois voir icy le tort que nos Autheurs Chrestiens leur font de les charger d’injures. Tout ce que j’ay à faire à present, est de monstrer comme on peut tirer ces recherches de l’Escriture saincte. Pour confirmation doncques de ce que nous en avons advancé, nous lisons dans le Genese,[1] que Lea femme de Jaacob, nomma son fils du nom de l’Estoille de Jupiter, appellee Gad, soubs laquelle sans doute il estoit né : & peperit Zilpah, dit le Latin suivant l’Original, Ancilla Leah ipsi Iacob filium, & ait Leah בגד Bagad, & vocavit nomen eius גד. Nostre Vulgata, & S. Hierosme au lieu de Bagad, tournent fœliciter, qui est le mesme que cum bona fortuna, comme le déduit Sainct Augustin, qui reprend ceux qui croyoient par ce texte que les Anciens avoient adoré la fortune; Unde videtur occasio, dit-il, non bene intelligentibus dari tamquam illi homines fortunam colluerint, &c. Et pour voir nettement, & sans beaucoup de peine que nostre Vulgata entend par גד Gad, fortuna bona, Epitecte donné à l’Estoille de Jupiter, comme tous advouënt, c’est qu’en Isaye, elle tourne le mesme mot en fortuna : Vos qui dereliquistis Dominum, qui oblitiestis montem sanctum meum, qui ponitis fortunæ לגד Legad, mensam, & libatis super eam. Les Septantes avoient desja advancé ceste interpretation, tournant בגד Bagad in fortuna. Or que גד Gad, soit l’Estoille de Jupiter, Aben-Esra le tesmoigne clairement, lorsqu’il dit que le Targum a voulu retenir le mesme mot, comme plus significatif de l’Estoille, & Abarbanel sur le mesme texte du Genese, glose sans controverse וגד הוא כוכב צדק Vegad hou cocheb Tsedeq. C’est à dire, ce Gad c’est l’Estoille de Jupiter ; & c’est la croyance de tous ceux qui en ont escrit; comme on peut voir par dans le docte Pagnin, qui pour estre Chrestien doit estre moins soupçonné ; les doctes peuvent encore voir la grande Messore, qui met ce nom au nombre des quinze qui s’escrivent defectueusement, & se lisent comme estans parfaicts, & ne leur manquant aucune lettre: C’est pourquoy en toutes les Bibles Hebraïques correctes, on voit dans le texte, בגד avec une petite marque qui renvoye au marge, auquel on voit escrit ce mot tout entier בגד Bagad, toutes choses estant donc considerees, il est tres-veritable que c’est l’Enfant de Jacob, nasquit soubs l’Estoille de Jupiter tres-propice, appellee par ceste raison du nom Gad, dont l’Enfant fut nommé. Que si on dit pourquoy ailleurs on ne trouve point un fait semblable, Jaacob Ben Samuel respond, que cestuy-cy fut particulierement observé par la jalousie qui estoit entre les Sœurs, Rachel & Lea, femmes de Jacob: car Lea vovant que sa Sœur avoit desja eu deux enfans qui l’avoient rendue si fiere, qu’elle disoit, Comparavit me Deus cum sorore mea, craignant quepuis qu’elle avoit cessé d’en faire, que sa sœur ne la surpassast, & que par ainsi elle ne fust la plus aymee, elle donna sa servante à son mary pour luy en faire de mesme, & comme elle la veit grosse, elle observa si bien l’heure de son accouchement, qu’ayant fait un beau fils, & mesme sous le Signe de Jupiter, comme elle sceut par le moyen de son mary, elle pour s’estimer plus heureuse que sa sœur, le voulut nommer du nom de cest Astre si favorable.

    Telle estoit l’observation Astrologique de ces Patriarches, d’autant plus saincte & pieuse, qu’elle portoit ces bonnes gens en l’admiration des œuvres de Dieu. Mais du depuis que leurs descendans y meslerent la superstition, on veit en peu de temps la saincteté de ceste Astrologie corrompuë.

    13. Ainsi les Ægyptiens voisins des Chaldeens, desquels ils l’avoient apprise, furent les premiers qui la remplirent de mille vanitez que je ne dise ! abominations, comme on peut voir dans le Directeur de Rabbi Moses, qui cite fort souvent les Livres : De servitio Ægyptiaco : De Ritu Zabiorum, & de Arte magica, Livre autrement tres-curieux, dont j’en ay veu partie en Hebreu, composé premierement en Ægyptien par Centir Philosophe. Les Ægyptiens doncques furent les Autheurs de ceste alteration; non pas toutesfois qu’ils inventassent ces Caracteres des Planettes ♄ ♃ ♂ ☉ ♀ ☿ ☽ : car excepté un ou deux, tous les autres ne se trouvent point dans les anciens monumens de ceux de ceste Nation, encore ceux qui s’y trouvent ne signifient jamais ce qu’on les fait signifier aujourd’huy. Et de fait s’ils eussent voulu representer Saturne par une faucille, ils eussent depeint une faucille, & non ce caractere ♄, qui n’en a nulle forme, ainsi de Jupiter ♃ & de Venus; ♀ & puis jugez si l’Autheur des collections qui sont apres les œuvres d’Hyginus, a raison d’asseurer que ces Notes viennent non seulement des Ægyptiens, mais des Chaldeens: Chaldaïcæ sunt, dit-il, Atque Ægyptiacæ notæ, quibus Planetæ ab Astronomis insigniuntur; mais il n’avoit pas apris que les raisons pourquoy on a donné une faucille à Saturne, & le foudre à Jupiter estoient incogneuës à ces Peuples, & qu’elle n’ont esté forgees que long-temps apres par la caprice des Grecs qui tournerent toutes choses en Fables ; eux, dis-je, qui ne pensoient pas estre habiles-hommes s’ils n’inventoient & publioient leurs resveries qui nous ont causé ce malheur, de ne cognoistre plus que confusément, & sous un voile la sagesse des Anciens ; de façon que nous ayans voulu donner l’Astrologie d’un autre sens, & farcie de Fables, les Horoscopes ne furent plus dressees que sur mille fausses Divinitez qu’ils attacherent aux Estoilles. Par ainsi ils enseignerent que ces Planettes estoient des Dieux, dont les uns estoient doux & les autres rigoureux, appellant Saturne pour estre malin νέμεσις nom d’une certaine Deesse vengeresse des insolences, ainsi appellée; disent-ils, ad indignatione. Jupiter fut appellé νίκη, victoire : Mars τόλμα, Audace : Le Soleil ἀγαθό δαίμων, bon genie : Venus ἔρως, Amour : Mercure ἀνάγκη, Necessite : La Lune, ἀγαθή τύχη, bonne fortune : cherchans en ces appellations qu’ils nommoient, Sortes fortunæ la bonne adventure de l’Enfant.

    14. Or, comme leur dessein estoit d’imiter les Anciens, & les suivre en leurs inventions, ils s’estudioient neantmoins ou à corrompre leur Doctrine, ou adjouster quelque chose par dessus, afin qu’on ne dit pas qu’ils eussent tout pris d’eux, tant a de puissance l’Ambition & la vaine gloire. Ainsi aux douze maisons, dans lesquelles les Planettes se rencontrent en certains aspects avec les Signes du Zodiaque, ils s’adviserent de predire à l’Enfant, non des choses qui naissent avec le corps appellees Congenitæ, que les anciens Hebreux remarquoient aussi, mais de celles qui arrivent apres la naissance. Les curieux pourront voir le Theme ou figure de ceste Horoscope dans les Notes de Scaliger sur Manilius, où la premiere monstre que l’Enfant sera Oeconome : La deuxième, soldat & voyageur : La troisième, homme d’affaires, & ainsi des autres. Ces maisons sont appellees par Manilius, Athlon, comme lors qu’il veut dire: La premiere Maison, il dit le premier Athlon, La deuxieme, le 2. Athlon, &c. Surquoy Scaliger refute Pic Comte de la Mirande, & Johannes de Rojas Espagnol, qui ont dit que ces Athla de Manille n’estoient que le Theme de la Nativité l’Horoscope, ou Geniture comme on la prend communément, au contraire, il veut que ce soit tout ce qui est acquis hors du naturel. Et ut melius, dit-il, mentem Manilij aperiam, duo Themata hominis præcipua instituit, alterum Genituræ, alterum Actionum ; de façon que ces Athla, ne sont pas le Theme de la Geniture, ou des choses qui naissent avec nous, mais tout ce que nous acquerons par apres. Et icy le mesme Scaliger dit qu’il a le premier tiré de l’Oubly de cét Athlon, qu’il dit avoir esté seul usurpé par Manilius & incogneu aux Hebreux, Grecs & Arabes, bien que tres ancien, il le recognoist donc tres ancien, mais je luy eusse volontiers demandé, si ce mot est si ancien, est-il donc Grec, Hebreu ou Arabe ? il s’est bien gardé de le dire, puis qu’il eust contredit à ce qu’il avoit enseigné. Tirons donc la verité du Tombeau, & monstrons en deux mots, d’où vient ce nom Athlon si longtemps incogneu. Nous avons dit que les anciens Hebreux rapportaient toutes les obseruations qu’ils faisoient sur les Nativitez en douze lieux, soit de quelque instrument, ou d’une simple figure. Nous avons encore dit que ces douze lieux, selon Abarbanel, & Rabbi Jaacob Kappol, estoient appellez d’un seul nom מחתלות Machatalot, c’est à dire Ligaturæ, non pas selon la vertu du verbe Latin Ligaturæ, qui sont petits billets liez au col ou au bras pour guerir le malade, Rabbi Nathan resve le prenant en ce sens, disant qu’on lioit la Geniture au col de l’Enfant, ce qu’Abarbanel monstre estre faux, mais ils estoient ainsi appellez Machatalot, du verbe חתל Hatal, qui signifie lier, à cause qu’ils estoient pris & considerez ensemble, comme liez & non desunis ou separez : Car si on en laissoit seulement un, on ne pouvoit pas juger avec perfection de la fortune de l’Enfant. Or de cét Hatal, ou Machatalot, on a formé par corruption, Athlon, dont Manile s’est seul servi, puis qu’il descrivoit l’Astrologie selon les anciens; & voila d’où est tiré ce mot tant rechanté par Scaliger, qui asseuroit estre incogneu aux Hebreux. Pour les Grecs, bien qu’ils l’eussent cogneu, la vaine gloire dont ils estoient enflez, fit qu’ils ne s’en servirent point, inventant des mots nouveaux à tout ce qu’ils recevoient des anciens, nous privant ainsi de la cognoissance de l’antiquité, dont nous descouvrirons les mystères dans nostre Cribrum, advançant avec plus de loisir le reste des Curiositez de ceste Ancienne Astrologie. Descendons maintenant à la Lecture des Estoilles.


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