Gangloff (p. 122-123).

Un Paysage des Vacances.

C’est là, c’est à l’ombre de ces beaux châtaigniers, c’est sous ce ciel riant que vous serez avant un mois ; c’est là que vous « coulerez » vos vacances. Permettez-moi de m’en réjouir pour vous… et de vous donner un bon conseil par-dessus le marché.

Ce conseil, le voici : « Prenez vos vacances au sérieux. Ne faites rien. »

Je m’indigne, je m’emporte tous les jours quand je vois tant d’excellentes gens partir en vacances avec d’énormes caisses… qui sont pleines de livres.

« Eh ! pourquoi tant de livres, brave homme ? Pour mieux travailler », répond l’infortuné. Et il ajoute, pauvre victime d’un préjugé féroce : « C’est pendant mes vacances que je travaille le plus. »

Tel est le cas, et c’est ce que nos savants appellent aujourd’hui le « surmenage ». On en meurt.

Pauvres jeunes filles qui vous préparez au brevet supérieur, pauvres jeunes gens qui vous destinez à Saint-Cyr ou à « Normale », et vous aussi, jeunes poètes qui aspirez à la gloire, Il y a des heures où la paresse est le plus sacré des devoirs. Croyez-m’en : reposez-vous.

Au nom de vos mères, au nom de la science, au nom de votre avenir lui-même, humez le frais sous ces arbres, et dormez.