Gangloff (p. 7-9).

Le Courage et la Charité.

Quatre statues, quatre chefs-d’œuvre de Paul Dubois, ornent le tombeau de Lamoricière, dans la cathédrale de Nantes. Parmi ces quatre figures, il en est deux, les plus belles à notre sens, qui représentent le Courage et la Charité.

Voici tout d’abord le Courage. Il est tranquille, réfléchi, presque froid. Il n’y a chez lui d’agité que le dragon sculpté au sommet de son casque. Tout le reste est calme. Mettez la main sur ce cœur il bat, mais n’a point la fièvre. Cette main qui tient l’épée, elle ne tremble point : elle est ferme. Tous ses muscles sont au repos : ils attendent l’action. Cet homme est assis, bien assis, et l’on sent qu’il ne se lèvera qu’à bon escient, si la cause est juste, si le Vrai et le Bien sont menacés, si Dieu le veut. Le visage lui-même est placide. L’Œil regarde prudemment, et la bouche inspecte l’horizon, si je puis parler de la sorte je crois même y distinguer certain pli de dédain pour tout ce qui est véritablement méprisable, pour le danger et pour la mort. C’est bien là le Courage chrétien, lequel n’a rien d’emporté ni de fou. Il attend l’heure de Dieu, mais il l’attend la main sur l’épée. Vive Dieu ! ne faites pas sortir de son repos ce guerrier placide : s’il se lève, il sera terrible.

Et la Charité, que fait-elle ?

C’est bien simple : elle nourrit.

Il y a dix-huit siècles, en effet, que la Charité catholique, nourrit les générations et les peuples. Nourrice toujours jeune, elle a toujours du lait, elle en aura toujours. On la persécute, on l’affame toujours, toujours du lait. Elle va, sous nos yeux, jusqu’à allaiter les fils de ses plus mortels ennemis. Toujours du lait !

Cependant elle est calme, elle aussi, et Paul Dubois a bien compris cette indicible tranquillité de la Charité, ou, pour mieux parler, de l’Église. Voyez comme elle est douce à ceux qu’elle nourrit elle les contemple avec une tendresse un peu triste ; elle les couve des yeux ; elle semble leur dire « Combien d’épreuves, mes pauvres enfants, il vous reste encore à traverser dans ce monde » Puis, elle ajoute avec son ineffable voix de mère « Prenez on comme une provision de forces pour le périlleux avenir. Prenez, buvez. »