Gangloff (p. 54-57).

Avant la Noce.

Elle sera « madame » dans une heure ; elle est encore « mademoiselle », et elle prie.

Je me défierais, moi, de toute femme qui n’en ferait pas autant. Une jeune fille qui ne s’agenouille pas le matin de son mariage a bien des chances pour n’être pas un jour la femme de mes rêves, la femme forte, la chrétienne. Ce dernier mot dit tout.

Il y a je ne sais quelle tendance parmi nous à rabaisser l’état de mariage et à le placer un peu trop au-dessous de la profession religieuse.

On ferait sagement de n’excéder en rien, et de se rappeler que le mariage a été qualifié par saint Paul de « grand sacrement ».

Vous connaissez peut-être le trait qui est attribué à Pie IX. On lui offrit un jour la Biographie d’un grand catholique français, et l’éminent religieux, qui était l’auteur de cet excellent panégyrique, avait eu l’imprudence d’y laisser cette phrase étrange : « Il est un piège que notre ami ne sut pas éviter il se maria. » Alors Pie IX, indigné, terrible, rejeta le livre et s’écria : « Je ne veux pas qu’il soit dit que, dans la sainte Église de Dieu, il y a six sacrements et un piège. » Le mot est peut-être légendaire, mais il est superbe.

De très belles paroles de Mme  de Lamartine me reviennent en ce moment à la mémoire : « J’ai assisté aujourd’hui à une prise d’habit de religieuses hospitalières, à l’hôpital de Maçon. On leur a fait un discours ; on leur a dit qu’elles embrassaient pour la vie un état de pénitence et de sanctification ; on leur a mis une couronne d’épines sur la tête. J’ai beaucoup admiré leur dévouement ; mais j’ai réfléchi que l’état d’une mère de famille, si elle remplit ses devoirs, peut approcher de cette perfection. » Oh ! que c’est vrai

Le mariage est saint, le mariage est un état saint il importe de le dire et de le redire.

Un jour, dans un livre profond et fin, un des plus hauts penseurs de ce temps s’emporta jusqu’à écrire cette proposition plus que hardie : « C’est à peine si l’on peut dire que l’Église tolère le mariage. »

Et l’un de mes amis — un grand catholique aussi lui répondit « Votre tolère est intolérable. »

Il avait raison, et c’est le moment de rappeler encore une fois ces paroles de saint Paul qui sont de nature à ennoblir et à consoler tous les mariés de la terre : « Ce Sacrement est grand ! »