Cours d’agriculture (Rozier)/TÊTE DE SAULE

Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 407).


TÊTE DE SAULE. M. l’abbé Schabol s’explique ainsi. « Il se dit de certains toupillons de toutes-sortes de branchettes qui croissent quelquefois naturellement sur des arbres appauvris & ruinés, mais toujours sur les meilleurs arbres, par la faute la plus ordinaire des jardiniers. C’est ainsi qu’à force de rogner par les bouts, de casser les extrémités des bourgeons & des pousses de l’année, de pincer & repincer, sur tout ceux du pêcher, il le forme en ces endroits-là même, de ces toupillons de branchettes, qui pullulent sans fin, & qui, plus ont les ôte, plus ils repoussent en plus grand nombre ; au moyen de quoi on épuise inutilement la sève. De plus, on force les yeux du bas qui ne devroient s’ouvrir que l’année d’après, pour donner des fruits, de s’ouvrir prématurément l’année même de leur pousse, & on les fait avorter ; au lieu qu’en laissant leurs bourgeons de toute leur longueur, rien de toutes ces choses n’arrive, & l’accroissement a lieu sans troubler la nature, sans déranger son cours, son mécanisme & ses organes. »

Si l’extrémité d’une branche du troisième, du second & même du premier ordre, est terminée par un toupillon de branchettes, il faut couper au-dessous lors de la taille d’hiver, & couvrir la plaie avec l’onguent de Saint-Fiacre. Si ce toupillon de petites branches pousse seulement sur un des côtés de l’une de ces branches, amputez avec la serpette jusqu’au bois, toute la portion d’écorce criblée par ces petites branches, & mettez de l’onguent. Dans l’un & dans l’autre cas, vous forcerez la sortie de nouveaux bons yeux, forts & vigoureux, sur tout sur les poiriers & pommiers. De tels yeux percent difficilement sur les branches des pêchers, dès qu’elles ont plus de deux ans. Les jardiniers voient ces têtes de saule ; ils ne se demandent pas d’où elles proviennent, & ils sont bien éloignés de penser qu’elles sont la suite de leur routine absurde. »