Cours d’agriculture (Rozier)/SUPERPURGATION

Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 305-306).


SUPERPURGATION Médecine vétérinaire. On entend par ce mot, une diarrhée sanguinolente, causée par des médiçamens purgatifs violens ou donnés à trop grande dose. Cette maladie peut être aussi occasionnée à la suite des remèdes colliquatifs, corrosifs & irritans, que le maréchal aura donné à l’animal, sans l’avoir préparé, quelques jours avant, par la diète, &c.

La superpurgation est l’effet du relâchement des vaisseaux du bas ventre, & de la dilatation de leurs orifices. Au commencement de la purgation excessive, le cheval rend une matière très-claire & excrémentitielles ; mais à mesure que le relâchement & l’ouverture des vaisseaux augmentent, les humeurs nécessaires s’évacuent, jusqu’à ce que le sang paroisse. Elle est souvent accompagnée de météorisme, de tension des muscles de l’abdomen, de tenesme, de fièvre, & d’inflammation des estomacs ou des intestins ; c’est pourquoi, il n’est pas extraordinaire de voir quelquefois les convulsions & la mort terminer cette maladie.

La cure. Si vous vous apercevez qu’un maréchal ait administré un purgatif trop violent ou à trop grande dose, hâtez-vous de faire boire beaucoup d’eau blanchie avec la farine de riz ou de froment ; réitérez les breuvages & les lavemens composés de décoction de racine de guimauve ; si les premières voies sont menacées d’inflammation, saignez deux ou trois fois à la veine jugulaire, & ne donnez aucune sorte d’alimens, jusqu’à ce que la diarrhée soit calmée, la langue humectée, & l’intestin rectum cloué d’une chaleur tempérée. Le purgatif avoit-il pour base une préparation mercurielle ? ajoutez à l’eau blanche de la craie réduite en poudre subtile ; quoiqu’elle décompose plus lentement les préparations mercurielles que l’alkalì fixe, elle irrite moins les premières voies, ordinairement enflammées par le contact de ces sels. Pour les autres purgatifs, les mucilagineux dont nous avons parlé, le miel & les huileux suffisent ; n’administrez les astringens qu’avec la plus grande réserve, c’est-à-dire, qu’après avoir employé les adoucissans & les mucilagineux. M. T.