Cours d’agriculture (Rozier)/SUMAC ou FUSTET DES CORROYEURS

Hôtel Serpente (Tome neuvièmep. 304-305).


SUMAC ou FUSTET DES CORROYEURS. Cotinus coriaria. Tourn. Rhus cotinus. Lin.

La fleur est semblable à celle de l’espèce précédente, mais elle est plus grande. Elle en diffère encore par sa baye qui est lisse, & qui renferme une semence presque triangulaire ; par ses feuilles simples, très entières, ovales, arrondies à leur sommet, terminées par une petite pointe, d’un beau vert, avec quelques nervures jaunâtres.

Ses tiges sont foibles, l’écorce lisse, le bois jaunâtre, les fleurs purpurines, en grapppes touffues à l’extrémité des tiges.

Le fustet croît spontanément dans les provinces méridionales de France & d’Italie.

Propriétés. On le regarde comme un poison pour les moutons. Il est employé avec succès par les corroyeurs qui se servent de ses feuilles & de ses jeunes branches.

Le bois de cet arbrisseau est peu compacte quoiqu’assez dur. On y distingue l’aubier & le bois bien formé. Le premier est blanc, & le second mélangé d’un jaune assez vif & d’un vert pâle qui différencie toutes les couches annuelles. Le mélange de ces deux couleurs fait un bois veiné de fort belle apparence, dont les luthiers, les ébéniste & les tourneurs font usage. On s’en sert encore pour teindre les draps, les maroquins de couleur de feuilles mortes ou de café.

Depuis quelques années on cultive avec succès en France & dans les bosquets d’agrément, le sumac vernix, indigène au Japon & dans l’Amérique septentrionale. Il y réussit fort bien, & peu de ces arbres poussent de plus longs bourgeons, lisses, droits, parfaitement unis. C’est, dit-on, du suc de cet arbre que les Chinois tirent leur beau vernis. Les caractères de la fleur sont les mêmes que dans les deux précédentes espèces ; le fruit de celui-ci est rhomboïdal ; les feuilles très entières, ailées & de la longueur de leur pétiole. Cet arbre supporte nos grands froids sans périr ; il figure superbement dans nos bosquets.