Cours d’agriculture (Rozier)/ROSE, ROSIER

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 621-629).


ROSE, ROSIER. Von-Linné en compte plus de quinze espèces bien caractérisées, & les jardiniers fleuristes portent le nombre des espèces ou de leurs variétés à près de cent. Aucun arbuste ne l’emporte sur le rosier, & ses fleurs, agréables par leur forme & leur odeur, & par leurs masses, obtiennent la préférence sur toutes les autres. Il est impossible de refuser son admiration à un rosier couvert de roses à cent feuilles. Tournefort place la rose dans la huitième section de la vingt-unième classe des arbres & arbrisseaux à fleur en rose, dont le calice devient un fruit à pépin, & il l’appelle Rosa. Von-Linné conserve la même dénomination, & la classe dans l’icosandrie polyginie.


CHAPITRE PREMIER.

Des espèces de Roses.

Il est inutile de décrire toutes les espèces admises par les botanistes ; ce seroit sortir du plan de cet ouvrage. Il ne doit être ici question que des roses cultivées dans les jardins.

I. Rosier sauvage ou Chinorrodon, Rosa canina.

Fleur, composée de cinq pétales échancrés en cœur, adhérens au calice, ainsi qu’un grand nombre d’étamines. Le calice est d’une seule pièce en forme de cloche, presque rond à sa base, découpé par le haut en cinq folioles aiguës, aussi longues que les pétales.

Fruit. La base du calice devient un fruit charnu, coloré, mou, ovale, resserré par le haut, couronné par les découpures desséchées, à une seule loge, renfermant plusieurs semences presque rondes, hérissées de poils durs, & répandues dans une pulpe de couleur rouge de corail. On appelle ce fruit Chinorrodon ou Gratte cul.

Feuilles, ailées, terminées par une impaire ; ovales, dentées sur leurs bords, veinées sur leurs surfaces. Les folioles sont aiguës, & leurs pétioles garnis d’aiguillons.

Racine, ligneuse, traçante, noirâtre.

Port ; cet arbrisseau, si commun dans les haies, lance quelquefois des tiges de six à sept pieds de hauteur, s’il se trouve dans un bon terrain, & sur-tout lorsqu’on a soin de le débarrasser de ses vieilles tiges. Ces belles pousses sont d’une grande ressource pour les fleuristes, ainsi qu’on le dira ci-après. Toutes les tiges sont couvertes d’aiguillons droits. Elle produit plusieurs variétés, dont une à feuilles d’un rouge assez foncé, l’autre à fleurs blanches, & la troisième à feuilles noires.

2. La Rose des Alpes. Rosa alpina. Lin. Tous les soins des fleuristes n’ont pas encore pu lui faire porter des fleurs doubles. Il semble qu’on la cultive plutôt pour donner un démenti au proverbe qui dit point de roses sans épines, que pour la beauté de sa fleur. Elle est originaire des montagnes de Suisse, & on la trouve encore sur celles du Dauphiné. Elle diffère de la précédente, 1°. par son fruit oblong & par ses pétales en forme de cœur, presque divisés en deux lobes ; 2°. par ses calices simples sans découpures ; 3°. par ses feuilles lisses ; 4°. surtout par ses tiges sans épines, unies & de couleur rougeâtre.

3. La Rose à cent feuilles ou Rose de Hollande. Rosa centifolia. Ses caractères sont d’avoir, 1°. les fruits ovales, les pédoncules garnis d’un poil brun ; 2°. la tige velue & armée d’aiguillons ; 3°. les supports des feuilles sans défenses ; 4°. les pétales couchés sur eux-mêmes comme le sont les feuilles du chou cabu, ce qui lui a fait donner dans quelques cantons le nom de rose-chou. C’est la plus belle des roses.

4. Rosier commun rouge. Rosa gallica. Lin. Fruit ovale, velu ainsi que les pédoncules. Les feuilles du calice ne sont point divisées ; ses fleurs sont larges, peu doubles, d’un rouge foncé, d’une odeur agréable. Les tiges sont peu épineuses, & s’élèvent droites à la hauteur de trois ou quatre pieds. Ses feuilles sont composées de trois ou cinq lobes larges, ovales & velus en dessous. Cette espèce produit une jolie variété à fleurs rayées ou panachées.

5. Rosier commun blanc. Rosa alba. Son fruit est liste, son pédoncule velu, les tiges & les pétioles armés d’épines ; sa fleur n’est jamais parfaitement double. Elle fournit plusieurs jolies variétés. Les unes simplement semi-doubles, les autres couleur de chair, quelques-unes à cœur un peu rose, enfin une variété à tiges basses.

6. Rosier musqué ou toujours vert. Rosa semper virens, Lin. Il est originaire d’Allemagne. Ses tiges s’élèvent, lorsqu’on ne les arrête pas, jusqu’à la hauteur de dix pieds ; leur écorce est verte & unie, armées d’épines courtes & fortes : ses feuilles formées de trois paires de folioles ovales, terminées par une impaire : ses fleurs naissent en manière d’ombelle aux extrémités des branches. Elles sont rassemblées & distribuées par petits bouquets, ordinairement composés de sept fleurs blanches. Ces fleurs sont ordinairement simples, à moins que la plante ne végète dans un excellent terrain ; mais si on a le soin de ne laisser à chaque bouquet, à mesure que les boutons commencent à paroître, que deux fleurs sur les sept, on est comme assuré de voir doubler les fleurs qu’on a laissées. Dans les provinces du midi la fleuraison commence en juillet, & en août dans celles du nord, & se continue jusqu’aux gelées. L’odeur musquée des fleurs a déterminé la dénomination de l’espèce, qui conserve ses feuilles pendant toute l’année.

Les rosiers que l’on vient de décrire sont de véritables espèces que les botanistes, même les plus rigoureux, reconnoissent pour telles. Celles dont on va parler doivent être regardées comme des variétés.

Le Rosier blanc très-épineux. Originaire d’Angleterre. Ses tiges sont minces, fortement armées d’épines, & hautes de trois pieds environ ; ses feuilles petites, presque rondes, & au nombre de sept sur le même pétiole ; ses fleurs blanches & à odeur de musc ; ses racines très-traçantes, ce qui facilite sa multiplication.

Le Rosier rampant. Originaire de Toscane. Comme ses tiges sont minces, elles n’ont pas la force de se soutenir, & rampent sur terre ; mais si on leur donne des tuteurs elles s’élèvent à douze pieds de hauteur. Elles sont armées d’épines courtes & rougeâtres ; ses feuilles d’un vert luisant, au nombre de sept sur le même pétiole, sont ovales & conservent leur verdure pendant toute l’année. Les fleurs sont petites, blanches & simples, & ont une odeur de musc.

Le Rosier jaune. Rosa lutea. Tiges foibles, branchues, fortement armées d’épines courtes, courbes, brunes ; sept folioles ovales, étroites, d’un vert clair & finement dentelées sur les bords, sur le même pétiole. Les fleurs, portées par de courts pédoncules, sont jaunes. On ne connoît que la jaune simple & la jaune très double, ressemblant pour la forme à la rose à cent feuilles, mais moins grosse & ne s’épanouissant pas aussi bien. La variété à fleur simple trace beaucoup par ses racines ; la plus légère pluie nuit à la fleur double. Il est rare de la voir parfaitement réussir.

Le Rosier d’Autriche. Rosa Austriaca. Ses tiges, ses branches, ses feuilles ressemblent beaucoup à celles du rosier jaune ; mais les feuilles sont plus rondes, les fleurs plus larges & leurs pétales découpés profondément à leur extrémité. Les fleurs d’un jaune clair en dedans, & de couleur de cuivre tirant sur le pourpre en dehors. Les fleurs sont simples ; on n’est pas encore parvenu à les faire doubler. On rencontre une variété dont les fleurs sont de couleur de cuivre sur une branche & jaunes sur une autre. Cette fleur dure très-peu. L’arbrisseau aime les expositions au nord.

Le Rosier damas. Rosa damascena. S’élève à la hauteur de huit à dix pieds, a une tige épineuse couverte d’une écorce verdâtre ; ses épines sont courtes, les feuilles d’un vert obscur en dessus, d’un vert pâle en dessous ; la bordure souvent brune, les pédoncules armés de poils hérissés, le calice ailé & velu ; les fleurs, d’un rouge pâle & tendre, sont peu doubles ; leur odeur est très-agréable ; les fruits sont long & unis.

Le Rosier à fleurs d’un rouge-pâle ou belgique. Rosa belgica. Ses tiges s’élèvent à la hauteur de trois pieds, & sont épineuses. Les lobes des feuilles sont ovales, velus en dessous ; les pédoncules & calices velus & sans épines ; les calices gros à demi-ailés ; les fleurs très-doubles, de couleur de chair pâle, & ont très-peu d’odeur. Cet arbrisseau en produit une grande quantité. Il y a une variété dont la fleur est d’une couleur rouge plus foncé.

Le Rosier de Provins, Rosa provinçialis. Ce rosier fut transporté de Syrie à Provins par un comte de Brie, au retour des croisades. Il faut convenir que ce rosier ne réussit nulle part en Europe aussi bien qu’à Provins. Il est aisé de distinguer cette rose de toutes les autres, par la couleur de ses pétales peu nombreux, d’un beau rouge éclatant, & jaune doré dans le cœur. La fleur est simple, large ; son odeur est forte & agréable près de Provins plus que par-tout ailleurs. L’arbrisseau pousse beaucoup de tiges par ses racines, qui talent & alongent leurs drageons. Les tiges sont peu élevées & peu épineuses. On connoît plusieurs jolies variétés à pétales panachés.

La Rose incarnate. Rosa incarnata. Tiges hautes de deux à trois pieds & plus, sans épines ou presque sans épines ; feuilles velues en dessous ; pédoncule armé de quelques petites épines ; calice à moitié ailé ; fleurs à cinq ou six rangs de larges pétales tout-à-fait ouverts, à odeur de musc.

La Rose pompom ou Rose de Dijon. Rosa burgundica. Elle fut trouvée en 1735 par un jardinier de Dijon qui l’aperçut en coupant du buis sur les montagnes voisines. Comment cette jolie variété s’est-elle établie sur les montagnes ? Comment y est-elle devenue naine ? Si c’est une espèce nouvelle, d’où en est venue la graine ? qui l’a transportée uniquement sur ces montagnes ? Ce sont autant de problèmes que je laisse à résoudre aux amateurs fleuristes. Les racines poussent beaucoup de tiges fortes, vu leur peu de hauteur. Les tiges deviennent branchues, rameuses, & se couvrent au printemps d’une multitude de fleurs de forme très-agréable, d’un incarnat vif dans le cœur, & nuancé par dégradation jusqu’à la couleur de chair sur les bords. Leur largeur est semblable à celle d’une pièce de vingt-quatre sous, quelquefois d’un petit écu ; alors elle est moins jolie. Son odeur est suave. Le grand soleil dévore la beauté de ses couleurs & la fait passer trop vite.

Le Rosier de Champagne est également nain ; sa fleur plus large que la précédente, & tout d’un rouge vif & foncé ; ses tiges sont nombreuses, foibles, peu piquantes.

Les deux roses dont on vient de parler peuvent fournir plusieurs variétés.

La Rose de tous les mois ou des quatre saisons est une variété du Rosa gallica ou rosier commun, n°. 4 ; elle doit l’avantage de sa fleuraison aux soins assidus qu’on lui donne ; sans eux, elle ne fleuriroit pour l’ordinaire qu’une seule fois par année ; cependant livrée à elle-même, elle fleurit au printems & en automne, si le pied éprouve une grande sécheresse d’une époque à une autre ; c’est ce que j’ai observé plusieurs fois en Languedoc, sur-tout sur les rosiers de cette espèce plantés dans un terrain maigre. La trop grande chaleur suspend leur végétation ; elle se renouvelle en Octobre.

Von-Linné a eu bien raison de dire ; Species rosarum difficile limitibus circumscribantur, & fortè natura vix eos posuit.


CHAPITRE II.

De la culture des Rosiers.

Les racines de ces arbustes poussent beaucoup de chevelus, & certaines espèces lancent assez loin un grand nombre de drageons ; les provins par exemple. De la manière d’être de ces racines, on peut & on doit conclure que les rosiers aiment les terres douces, légères & substantielles, quand il s’agit de leur perfection. Les roses ont peu d’odeur lorsque les arbustes végètent dans un sol humide. Ils sont peu délicats sur l’exposition, & il est même avantageux d’en avoir dans toutes expositions, afin de prolonger ses jouissances. Ils réussissent beaucoup mieux en plein air que dans les lieux resserrés.

On multiplie les rosiers par les semis ; méthode longue & qui très souvent ne produit pas aussi beau que la fleur dont on a semé la graine. Par drageons ou rejetons c’est la plus sûre. On est sûr de les multiplier si on rabaisse les tiges, si on a travaillé le terrain tout autour des racines, & si on ajoute du terreau ou du fumier. Lorsque le pied a poussé plusieurs rejetons, on déchausse légèrement les racines & on sépare du tronc les rejetons enracinés. Cette opération doit avoir lieu en novembre dans nos provinces méridionales, & à la fin de l’hiver dans celle du nord. Quelques espèces de rosiers donnent difficilement des rejetons ; la rose muscate, par exemple ; mais comme cet arbuste pousse des tiges longues & hautes, on fait des couchées, & ces provins ne prennent racine qu’à la seconde, ou troisième année. La force de la sève qui se porte au sommet des tiges & qui les élance, n’en seroit-elle pas la cause ? J’ai essayé de faire une ligature sur la partie du provin qui devoit être enterrée, & elle a fourni des racines dans la même année, tandis que les couchées voisines n’en donnèrent point. Cette expérience eut lieu en Languedoc au commencement de novembre. Il faut simplement comprimer l’écorce par la ligature & ne pas la meurtrir. Il se forme dans cet endroit un bourrelet, & de ce bourrelet sortent des chevelus… La marcotte (consultez ce mot) offre un moyen plus sûr que les couchées. Elle doit avoir lieu dès le commencement ou à la fin d’octobre, suivant les climats.

Les amateurs & ceux qui sont pressés de jouir, ont dans la greffe une ressource précieuse. On la pratique en écusson, ou à la pousse, ou à l’œil dormant.(Consultez le mot Greffe) Le rosier sauvage, n°. 1, se prête à toutes les greffes. Comme il pousse des tiges très-droites, très-lisses, aux épines près, & quelquefois de quatre à six pieds de hauteur, on greffe près de leur extrémité, & le jet de la greffe, ensuite taillé & maintenu en tête d’oranger, produit un joli effet. On peut planter les rosiers dans des caisses ou dans le milieu des grandes plate-bandes, en leur donnant des tuteurs pour les assujettir.

Quoique les rosiers puissent être plantés dans toutes les saisons, excepté pendant les gelées & les fortes chaleurs, dans les provinces du midi, ils donnent des fleurs dans la même année, si les pieds ont déja porté fleur, s’ils ne sont pas trop vieux, & si on ne les étête pas en les replantant ; mais si on ne les replante pas immédiatement avant ou après l’hiver, on doit raccourcir les branches & arroser au besoin, c’est-à-dire souvent, & très-souvent dans les provinces du midi.

En général, toutes les espèces de rosiers ont besoin d’être taillées, afin de les tenir sur bois nouveaux autant qu’on le peut. Sans cette précaution, la partie inférieure des tiges devient ligneuse, l’écorce se dessèche, noircit, & les bourgeons ne poussent plus que du sommet des tiges. Il en résulte que le bas a l’air d’un buisson formé par du bois mort. Le rosier se prête à toutes les formes ; en tête, en palissade, il réussit si on sait le conduire. Plus on taille & plus on prolonge la durée de ces jolis arbrisseaux, excepté du rosier à fleur jaune, double ou simple, qui ne demande que le retranchement du bois mort.

Lorsque l’on désire avoir de belles fleurs, il convient de supprimer, un grand nombre de boutons, sur-tout sur le rosier commun, sur celui de tous les mois, & ainsi qu’il a été dit du rosier musqué ; comme il est dans l’ordre de prolonger les jouissances, on conserve le bouton le plus avancé, ensuite un de moindre force, & par dégradation jusqu’à celui qui commence seulement à paroître.

M. de la Bretonnerie, dans son excellent ouvrage, intitulé Correspondance rurale, dit, « la rose des quatre saisons ou de tous les mois a l’avantage de donner des fleurs qui se succèdent long-temps, si on a soin de couper toutes celles qui défleurissent. Ce n’est qu’à l’aide de quantité de menus soins qu’on le force à donner sa fleur au moins quatre fois dans l’année, sans quoi il n’eb donne qu’une seule fois comme les autres. Il faut donc 1°. le tailler à rès-de-terre en septembre, pour avoir des jets hâtifs au printemps ; 2°. Le tailler encore à la fin de mars en approchant les nouveaux jets jusqu’aux yeux les plus près de la tige. 3°. On les retaille encore après chaque pousse, en coupant les branches au-dessus des nœuds où étoient les fleurs après qu’elles sont passées. C’est par-là qu’on le force à fleurir toujours, & pour ayancer cette fréente fleuraison, on répand un doigt de terreau au pied de l’arbre, & on l’arrose par-dessus. Il y a de ces sols qui sont rouges, d’autres blanches ; ces dernières sont plus rares.

» Si vous dépouillez quelques rosiers ordinaires, ou rosiers à cent feuilles, de leurs boutons quand ils commencent à paroître, & même de leurs feuilles totalement, ils repousseront à merveille, reviendront dans leur beauté, & vous donneront des sols en automne ; mais il ne faut pas dépouiller tous les ans les mêmes de peur de les fatiguer. Un âne qui s’étoit introduit dans un jardin & en avoit rongé & dépouillé quelques rosiers, a été l’auteur de cette découverte ».


CHAPITRE III.

Des propriétés des Rosier.

On a beaucoup plus attribué de propriétés aux roses qu’elles n’en méritent. Les suivantes sont reconnues. Les sols rouges diminuent quelquefois la diarrhée par relâchement des tuniques de l’estomac & des intestins, l’hémorragie essentielle, l’hémorragie utérine par pléthore, la coqueluche. Extérieurement elles calment l’ophtalmie érésypélateuse, l’ophtalmie humide, l’ophtalmie avec chassie, l’ophtalmie par le soleil ou par le feu, l’ophtalmie par des coups ; elles contribuent chez quelques sujets à la résolution des tumeurs phlegmoneuses & des tumeurs érésypélateuses, lorsqu’elles ne tendent ni vers la suppuration, ni vers la gangrène : elles s’opposent souvent à l’inflammation & à l’échimose, qui ont coutume d’attaquer les parties affectées d’entorse, de luxation & de contusion. En gargarisme, elles favorisent la détersion des aphtes scorbutiques, des aphtes produits par le mercure, des aphtes des enfans ; elles fortifient les gencives, même celles des personnes attaquées du scorbut.

Roses de Damas, raniment légérement les forces vitales, & paroissent agir avec plus d’activité sur l’estomac & les intstins que les roses rouges.

Roses blanchches, purgent, mais d’une manière peu senfible : après avoir procuré une ou deux selles de matières liquides, souvent elles constipent avec plus de force que les sols rouges & les roses de Damas.

Eau distillé des feuilles de roses, réveille à peine les forces vitales, quoique prise à très-haute dole. Elle ne constipe point, ne suspend aucune espèce d’hémorragie ; elle flatte l’odorat, c’est le meilleur effet qu’elle produise.

Huile rosat. Ses propriétés approchent beaucoup de celles de l’huile d’olive ; elle calme un peu plus promptement la chaleur & la douleur des tumeurs inflammatoires.

Onguent rosat, relâche les tégumens, calme la douleur, tempère la chaleur des tumeurs phlegmoneuses & les fait pencher vers la suppuration ; quelquefois il ne paroit pas s’opposer à la résolution, ce qui a fait penser qu’il étoit avantageux pour favoriser la résolution des tumeurs phlegmoneuses ; souvent il diminue la douleur des hémorroïdes externes, la chaleur & la douleur des parois des ulcères. La graisse de porc récente & mondée ne doit point être substituée à l’onguent rosat ; les effets de ces substances ne sont pas exactement semblables.

Le miel rosat ne constipe point, il fatigue souvent l’estomac, il y développe beaucoup d’air, il augmente les symptômes de la dyssenterie bénigne ; en gargarisme il contribue à la détersion des ulcères de la bouche sans fortifier les gencives, ni réprimer l’inflammation du voile du palais & des amygdales.

Conserve de roses, a été quelquefois accompagnée d’un succès heureux dans la diarrhée par foiblesse des tuniques de l’estomac & des intestins, sur la fin de la dyssenterie bénigne & dans plusieurs espèces d’hémorragies & d’évacuations purulentes qui ne tiennent d’aucun virus.

Vinaigre rosat, inspiré par le nez réveille les forces vitales, préserve des mauvais effets d’un air corrompu par des matières putrides. Intérieurement mêlée avec de l’eau, jusqu’à agréable acidité, il rafraîchit, tempère la chaleur de l’estomac & des intestins, & s’oppose à la tendance des humeurs vers la putridité.

La conserve de chinorrodon est quelquefois utile dans les diarrhées avec relâchement des tuniques de l’estomac & des intestins, & dans la dyssenterie bénigne ; il est très-douteux qu’elle contribue à chasser les graviers contenus dans les voies urinaires. Cette conserve possède les mêmes vertus que le fruit ; souvent elle fatigue l’estomac trop sensible ou trop foible.


Rose Gueldre. (Voyez Obier)


Rose de Cayenne. (consultez le mot Mauve)


Rose de Jérico, mal à propos nommée ainsi. Ses rameaux, lorsqu’ils sont desséchés, se replient sur eux mêmes, & leur forme alors approche de celle de la rose à cent feuilles. On ne parle ici de cette plante que pour détruire une erreur superstitieuse. Tournefort la place dans la seconde section de la cinquième classe qui comprend les herbes à fleurs de plusieurs pièces, régulières & disposées en croix, dont le pistil devient une silique courte ; il la nomme Thlaspi Rosa de Hierico dictum. Von-Linné la classe dans la tétradynamie siliculeuse, & la nomme anastatica hierocuntica.

Fleur, petite, en croix ; pétales obronds, planes ; les onglets de la longueur du calice ; la corolle blanche ; le calice divisé en quatre folioles ovales, oblongues, concaves.

Fruit ; très-petite silique, à deux loges qui renferment chacune une ou deux semences presque rondes.

Feuilles, charnues, cotonneuses, en forme de spatule, crénelées au sommet.

Racine, pivotante, dure quand elle est sèche.

Fort. Tige de la hauteur d’un ou deux pouces, rameuse au sommet, cotonneuse ; les rameaux épars, ramassés en forme d’ombelle. Les fleurs solitaires partent des aisselles ; les feuilles éparses & alternativement placées sur les rameaux.

Lieu ; les bords de la Mer rouge ; cultivée dans les jardins, dans des expositions au midi & bien abritées. La plante est annuelle.

Culture ; il convient d’en semer la graine dans des pots que l’on place sur des couches, & même de la faire tremper pendant vingt-quatre heures auparavant, afin qu’elle lève plus facilement.

Cette plante n’a aucun mérite ni par sa fleur ni par son port ; à mesure que les rameaux se dessèchent, ils se replient & les feuilles tombent. Le peuple s’imagine qu’en plaçant dans l’eau, la veille des bonnes fêtes, la tige & ses rameaux desséchés, ils s’épanouissent. Le fait est vrai, mais cette espèce d’épanouissement qui n’est autre chose que l’extension des rameaux auxquels l’humidité rend un peu de souplesse, s’opère également tous les jours de l’année, quand on plonge la tige dans un verre rempli d’eau.

Cette plante peut servir d’hygromètre, même quand elle est vieille & sèche, voilà un mérite réel. La moindre humidité fait épanouir ses branches, & la sécheresse, les fait replier sur elle-même.


Rose de Trémier, ou d’Outre-Mer. (Consultez le mot Mauve)