Cours d’agriculture (Rozier)/RHUBARBE

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 598-599).


RHUBARBE. Tournefort l’appelle

Rhabarbarum officinarum ; Von-Lînné la nomme Rheum Rhabarbarum, & tous deux la placent dans la même classe que le rhapontic. (Voyez Planche XXXIX, page 599.)

Fleur à pétale, divisée en six segmens arrondis. B la représente vue de face : c’est un tube de la forme d’une cloche, soutenue à la grappe par un pédicule foible, qui la laisse incliner vers la terre ; le pistil D est attaché au fond du calice, composé de l’ovaire, d’un style très-court & couronné par Un triple stigmate.

Fruit ; semblable au précédent ; E en fait voir la forme. Il est représenté en F, dans l’état de siccité & dépouillé du calice ; G représente la graine.

Feuilles ; amples, velues, découpées peu profondément ; celles qui partent des racines sont couchées par terre, très-grandes, entières, taillées en forme de cœur & presqu’en fer de flèche, plissées sur leurs bords, portées sur de longs pétioles charnus, convexes en dessus.

Racine A, grosse, arrondie, longue au moins d’une coudée ; & partagée en plusieurs branches.

Port ; la tige s’élève du milieu des feuilles ; elle est anguleuse, cannelée, comprimée, garnie un peu au-dessus de son milieu de quelques enveloppes particulières & membraneuses, placées à des distances inégales jusqu’à son extrémité ; les fleurs sont disposées en grappes au haut des tiges.

Lieu ; originaire de Chine, de Moscovie ; cultivée dans nos jardins où elle fleurit en juin & juillet. La plante est vivace ainsi que celle du rhapontic.

Propriétés ; la racine purge, entraîne une grande quantité de sérosités jaunâtres, altère, cause une chaleur plus ou moins vive dans les premières voies, des coliques passagères, un ténesme quelquefois considérable ; diminue la quantité des urines, irrite les bronches pulmonaires, retarde l’expectoration. Elle est cependant préférable au rhapontic, dans la plupart des espèces de maladies où il est indiqué. Après son effet purgatif, elle constipe : à petite dose elle fortifie l’estomac, lorsque les humeurs contenues dans ce viscère, tendent vers l’acide, ou qu’elles sont trop visqueuses, ou que la sérosité y domine. Plusieurs observations constatent ses bons effets dans le rachitis, les pâles couleurs, l’atrophie des enfans par des alimens de mauvaise qualité, la fièvre hectique des enfans.

Usages ; racine pulvérisée, comme purgatif, depuis une drachme jusqu’à trois drachmes, délayée dans cinq onces d’eau ; réduite en petits morceaux, depuis deux drachmes jusqu’à demi-once, infusée dans six onces d’eau. Comme altérant, depuis trois grains jusqu’à vingt.