Cours d’agriculture (Rozier)/RÉSOLVANT, RÉSOLUTIF

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 592-593).


RÉSOLVANT, RÉSOLUTIF. Médecine rurale. Médicamens propres à dissiper les engorgemens & la congestion des humeurs ;

On les emploie dans les tumeurs phlegmoneuses & érésypélateuses, & sur-tout dans celles qui sont œdémateuses. On peut encore s’en servir dans v les tumeurs squirreuses qui reconnoissent pour cause une contusion ou quelque coup violent, sur-tout lorsqu’il existe dans la partie affectée un certain degré de mollesse. On les applique avec succès sur les ecchymoses.

Nous nous contenterons d’indiquer & de faire connoître ceux que les trois règnes de la nature nous fournissent, & les cas où ils sont contre-indiqués. En premier lieu, le règne végétal nous offre les feuilles de sureau ou d’hièble bouillies, & appliquées sur la partie sous forme de cataplasme, les quatre farines dites résolutives, les semences d’anis, d’aneth, de fenouil, de coriandre & de cumin ; les fleurs de camomille, de mélilot, de millepertuis, de bouillon blanc, de romarin ; les roses rouges, le safran ; le baume du Pérou, le baume de Tolu, celui de Copahu ; la gomme ammoniac ; le vin, le marc de raisin. Le règne minéral est aussi abondant. Toutes les eaux thermales, telles que celles de Plombières, de Barèges, de Balaruc, de Bagnères, de Dax ; les boues de ces mêmes eaux ; le sel ammoniac, l’eau de chaux, le mercure & ses différentes préparations ; le sel marin, le charbon de terre, la terre cimolée des couteliers, le savon, les différens alkalis fixes, &c. Le règne animal en fournit quelques uns dont les effets sont reconnus & bien constatés : dans leur énumération on comprend l’urine de l’homme, celle de vache, les moelles & les graisses, le blanc de baleine, le miel, la civette } les animaux ouverts.& la laine grasse.

Ils sont contre-indiqués dans les tumeurs qui sont symptomatiques, de peur de répercuter sur quelque viscère essentiel à la vie, la matière morbifique, d’occasionner & d’accélérer par là la mort du malade : ils sont encore contre-indiqués dans les fluxions érésypélateuses & phlegmoneuses périodiques ; dans les parotides, dans les bubons critiques, dans les affections dartreuses qui se fixent sur la peau ; dans les squirrhes très-durs qui attaquent des parties dans lesquelles ils ont coutume de tourner en cancer, comme les mamelles, sur-tout dans les tempéramens mélancoliques, hypocondriaques, ou bilieux.

La dissipation de l’engorgement est le signe que la résolution se fait ; & dans les tumeurs inflammatoires, elle s’annonce par les rides de la peau sur la partie tendue. On sait que la résolution est la terminaison la plus favorable dans les inflammations ; elle doit avoir lieu d’une manière insensible pour qu’elle puisse être complette : & pour cet effet il faut un certain temps, pour que le sang qui étoit arrêté & accumulé dans les extrémités artérielles engorgées, reprenne peu à peu ses routes accoutumées. Les inflammations intérieures ne se résolvent jamais parfaitement ; Il y a toujours dans l’humeur qui la produit, un changement, une espèce de coction & une évacuation critique.

Les résolutifs seroient sans effet si l’on n’avoit l’attention de procurer des réplétions convenables qui favorisent & déterminent la résolution. M. AMI,