Cours d’agriculture (Rozier)/POMME DE MERVEILLE

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 178-179).


Pomme de merveille. (Planche XIX. Tournefort la place dans la septième section de la première classe destinée aux herbes à fleur d’une seule pièce, dont le calice devient un fruit charnu, & il l’appelle momordica vulgaris. Von-Linné la classe dans la monoécie fingénésie, & la nomme momordica balsamina.

Fleur ; mâle & femelle sur le même pied. Elles sont composées d’un tube d’une seule pièce, divisé en cinq parties égales, & crénelé tout autour par des découpures inégales. La fleur mâle est caractérisée par les trois étamines B, qui sont posées au centre de la corolle. La corolle de cette fleur est adhérente au calice qui est un tube d’une seule feuille divisée en cinq feuilles. Il est accompagné près de sa base d’une feuille florale ;… le caractère de la fleur femelle s’annonce par le pistil C. Son calice est d’une seule pièce comme celui de la fleur mâle. Ce calice se renfle après sa fécondation & se transforme eu un fruit.

Fruit ; D, médiocrement charnu. Il est couvert à sa surface de plusieurs côtes longitudinales & d’une quantité de tubercules peu saillans. Il est divisé en trois loges, dans lesquelles sont renfermées les semences E, ces semences sont couvertes de deux pellicules : la première conserve la couleur rouge du fruit. La figure F représente une de ces graines dépouillée d’une partie de cette première membrane. Elle est représentée nue dans la figure H.

Feuilles ; palmées, lisses, larges.

Racine ; A, petite fibreuse.

Port ; les tiges s’élèvent à la hauteur de deux à trois pieds, menues, sarmenteuses, anguleuses, crénelées ; les feuilles ont de longs pétioles, quelquefois accompagnées de vrilles ou d’épines molles. Les fleurs naissent des aisselles des feuilles & ont deux feuilles florales rouges comme le fruit.

Lieu ; originaire des Indes, cultivée dans nos jardins. La plante est annuelle, fleurit en juin & juillet.

Culture. On la sème communément dans des pots remplis de terre légère & bonne lorsque l’on ne craint plus les gelées. Cette graine lève facilement & ne craint que le froid. Quand la plante a quelques feuilles, on la transplante à demeure ; elle produit un assez joli effet dans un jardin, & c’est tout ce qu’on lui demande.

Propriétés ; fruit inodore, d’une saveur fade ; feuilles inodores, d’une saveur austère. La plante est rafraîchissante, dessiccative, vulnéraire, balsamique, anodine.

Usages. Les fruits sous forme de cataplasme, calment la douleur & la chaleur des brûlures récentes & des hémorroïdes externes. L’huile par infusion des fruits, au lieu de diminuer ces espèces de maladies, ne fait que les accroître, ainsi que les gerçures du sein, les plaies des tendons & celle des nerfs. La faculté qu’on attribue aux feuilles de consolider les plaies récentes, est très-douteuse. Cependant plusieurs médecins recommandent avec emphase cette infusion comme un baume incomparable. Il seroit temps, je l’ai déjà dit, que la société royale de médecine entreprît un travail pratique & suivi, afin de constater les propriétés des plantes & de déterminer une fois pour toutes jusqu’à quel point elles sont utiles ou nuisibles ; ce seroit le plus grand des services qu’elle pourroit rendre à l’humanité : il n’y a qu’un corps aussi éclairé que celui-là, & dont tous les efforts sont réunis, de qui on doive attendre ce bienfait. Elle rempliroit alors le but de son institution.