Cours d’agriculture (Rozier)/PHLOGISTIQUE

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 626-627).


PHLOGISTIQUE. Nom donné par Sthaal au principe igné contenu dans tous les corps, & qui concourt à leur conformation parfaite ; il est plus connu par ses effets que par ses principes, puisque l’on n’a pas encore de notions exactes sur la différence caractéristique du feu, de la chaleur & de la lumière. Il y a tout lieu de croire que le phlogistique des corps diffère très-peu de l’air inflammable, (consultez ce mot) & que plus un corps contient de cet air inflammable, plus il est susceptible de brûler, de produire la flamme ; tels sont l’esprit ardent, les huiles, les résines, les soufres, &c. Lorsqu’on a enlevé par la calcination le phlogistique d’un métal, du plomb, par exemple, réduit à l’état de céruse ou de litharge, c’est-à-dire à l’état de chaux métallique, il suffit d’ajouter un corps graisseux ou huileux, de mêler le tout & de l’exposer à l’action du feu ; alors il entre en fusion & redevient un métal parfait, en un mot, du plomb. C’est ce même phlogistique qui rend un vin généreux, spiritueux ; aussi voit-on que celui des provinces du midi l’est beaucoup plus que le vin des provinces du nord ; que les vignes plantées dans des bas-fonds, ne donnent jamais une liqueur aussi spiritueuse que celle des vignes placées sur les coteaux exposés au levant & au midi. Dans tous ces cas, & dans une infinité d’autres qu’il seroit facile de citer, on voit que la plus grande quantité de phlogistique est due à la plus grande intensité de chaleur & de lumière solaire qui a pénétré le raisin & qui s’est combinée avec son mucilage & avec l’eau de végétation dont il est composé. Les sels principes des saveurs que nous éprouvons, sont également chargés de phlogistique, & la grande quantité de quelques uns ne tient-elle pas à ce qu’il y est plus à nu & moins combiné avec les autres parties intégrantes de ces sels. Enfin, ce principe igné entre dans la combinaison & dans la composition de tous les corps ; mais il n’y existe jamais d’une manière isolée, il faut un grand mouvement quelconque pour le forcer à en sortir & à rompre le lien d’adhésion qui le retenoit. (Consultez l’article Feu)