Hôtel Serpente (Tome septièmep. 470-471).


PEAU, Médecine Rurale. Membrane épaisse comme du cuir, qui revêt tout le corps, contient tous les organes, & figure toutes les parties extérieurement.

Elle embrasse dans sa composition, des fibres tendineuses, membraneuses, nerveuses, & vasculaires, dont l’entrelacement est si merveilleux, qu’il est très-difficile de le connoître à fonds.

Elle est attachée extérieurement au réseau réticulaire de Malpighi, & à l’épiderme, intérieurement au corps adipeux.

L’épaisseur de la peau & sa consistance, ne sont point les mêmes dans toutes les parties. On peut aisément s’en convaincre en examinant le creux de la main, la plante des pieds, & les parties postérieures du corps. Son tissu y est pour l’ordinaire & plus épais, & moins serré que sur le devant. La peau reçoit un nombre très-considérable de nerfs & de vaisseaux sanguins ; elle en reçoit encore de plus fins & de plus déliés, qui sont destinés à charrier l’humeur de la transpiration & de la sueur, & qui la répandent sur la surface du corps. On les nomme pores. Les uns sont plus grands, & les autres plus petits ; ils donnent encore passage aux poils. On peut appercevoir les grands au nez. On ne peut découvrir les autres que par le secours du microscope. Leuwenhoeck en a compté cent vingt-cinq mille dans un espace qu’un grain de sable pourroit couvrir. Winslow nous apprend que la surface externe de ce tissu se termine en des petites éminences qu’il a plu aux anatomistes d’appeler mamelons, auxquels les filets capillaires des nerfs cutanés, aboutissent en forme de petits pinceaux rayonnés. Il est très-probable que ces mamelons sont l’organe du toucher, parce qu’ils reçoivent, les premiers, les impressions des corps extérieurs. On a observé qu’ils étoient plus gros & plus sensibles par-tout où le toucher est le plus fin. Il y a encore dans la peau des glandes de différente espèce. Les unes sont très-nombreuses, & sont connues sous le nom de miliaires. Sténon & Malpighi les ont découvertes ; elles filtrent l’humeur de la transpiration. Les autres ont été nommées sébacées, & sont situées dans le tissu cellulaire sous la peau. Elles ressemblent à des follicules membraneux, & leurs conduits excrétoires qui percent la peau, répandent sur sa surface une humeur huileuse & inflammable.

La peau est exposée à une infinité de maladies. Son organisation la rend sur-tout très-susceptible de l’impression de celles qui sont contagieuses. Le défaut de propreté peut devenir pour elle une source des maux rebelles & difficiles à guérir. Les fréquentes lotions, les bains domestiques sont en général des remèdes très-propres à entretenir sa souplesse, & à la déterger des matières hétérogènes qui peuvent la souiller ; les anciens avoient sans doute reconnu l’utilité des bains publics ; aussi y avoient-ils recours fréquemment ; on ne sauroit assez les imiter dans cet usage. Les frictions sèches sur la peau sont très propres a rétablir la transpiration. Les maladies de la peau sont la gale, la lèpre, la petite vérole, la rougeole, l’érésypelle, &c. (Voyez ces mots) M. AMI.

La nature n’auroit pas criblé la peau d’un nombre si prodigieux de pores, s’ils n’avoient pas servi à la plus forte sécrétion de l’homme & de l’animal. C’est par les pores que s’exécutent la sortie de la sueur, & sur-tout de la transpiration insensible, la plus considérable de toutes les sécrétions, & en même temps celle qui cause les plus grands ravages dans l’économie animale lorsqu’elle est supprimée. Il résulte de cette vérité reconnue de tous les temps, qu’il est de la dernière importance de maintenir la peau des animaux rendus domestiques dans le plus grand état de propreté, dès-lors la nécessité absolue d’étriller les chevaux, les mules, les bœufs, les vaches, & même les ânes. Il est inconcevable que la paresse des valets ait introduit une coutume détestable, & que presque tous les propriétaires regardent aujourd’hui comme une loi ; celle de tondre les mules depuis le toupet jusqu’à la queue, & jusqu’à la moitié de la hauteur du ventre. La même coutume commence à s’étendre jusque sur les chevaux. C’est donc pour les menus plaisirs de ces tondeurs que la nature a couvert de poils la peau des animaux, pour leur donner la satisfaction de les tondre ? quelle erreur ! On ne voit pas qu’on les rend plus susceptibles des impressions subites du chaud & du froid, & plus sujets à la piqûre désolante des mouches, des taons, &c. Comment la peau d’un bœuf chargé d’excrémens encroûtés, exécutera-t-elle les sécrétions ? ces ordures attestent l’insouciance des propriétaires, la négligence des valets, & elles déterminent l’état maladif de l’animal.

Si chaque jour l’animal étoit étrillé, brossé & bouchonné, on ne le verroit pas se vautrer sur le dos, afin de faire cesser les démangeaisons qui le tourmentent. Propriétaires, quoiqu’en disent vos valets, faites étriller chaque jour tout le bétail, soyez présents lors de l’opération, ou du moins, visitez-le assez souvent pour vous convaincre que vos ordres sont exécutés.