Cours d’agriculture (Rozier)/NŒUD

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 87).


NŒUD. Ce mot a plusieurs acceptions en agriculture ; il se dit des protubérances, des saillies qui sont à la base de chaque bourgeon ; en ce sens, le bois de l’épine ou aubepin est très-noueux, ainsi que celui du prunelier, &c., c’est-à-dire que, lorsque l’on a coupé le bourgeon, sans toucher au nœud qui forme son emboîtement ou son articulation avec le corps de l’arbre, il reste une bosse, une proéminence. À mesure que le tronc grossit, la bosse disparoît ; mais la direction de ses fibres reste dans le cœur de l’arbre : c’est pourquoi l’on dit encore, lorsque le bois est sur le chantier pour être travaillé, ou pour être scié en planches, qu’il a beaucoup de nœuds. On dit encore tailler une vigne, une branche, &c., au premier, au second & au troisième nœud… La paille d’avoine a moins de nœuds que celle du froment.

La taille d’un arbre est suivie d’un grand nombre de nœuds ou saillies formés par le bourrelet ; (voy. ce mot) mais cette saillie disparoît peu à peu, à mesure que l’écorce se régénère. Si au contraire on accumule amputations sur amputations dans la même place, les bourrelets, s’ils se forment, présentent à leur point de réunion un véritable nœud, nodus, défectueux à la vue & nuisible à l’arbre. On est assuré que de ces bourrelets multipliés & rejoints, il poussera une multitude de petites branches chiffonnes, ou bien il surviendra une véritable loupe qui agira sur l’arbre comme la loupe agit sur le corps humain ; ce sera une véritable tumeur.

La grêle grosse & qui tombe avec rapidité sur les branches, sur les sarmens de la vigne, &c. meurtrit, brise l’écorce, occasionne une déperdition de sève dans l’endroit, jusqu’à ce que les bords de la plaie soient cicatrisés, & à la longue, les cicatrices forment saillie ou des nœuds.

Lorsque l’on voit ces nœuds prendre trop d’accroissement & avoir quelque tendance à devenir loupe, le plus sûr est de les emporter, & aussitôt recouvrir la plaie avec l’onguent de saint Fiacre. (Voyez mot)