Cours d’agriculture (Rozier)/MICOCOULIER

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 532-533).
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MICOCOULIER. Tournefort l’appelle celtis australis, fructu nigricante, & le classe dans la seconde section de la vingt-unième classe des arbres à fleurs en rose, dont le pistil devient une baie. Von Linné le nomme celtis australis, & le classe dans la polygamie monoécie.

Fleur. En rose, hermaphrodite, mâle ou femelle sur le même pied ; les hermaphrodites composés d’un calice d’une seule pièce, divisé en cinq parties de deux pistils recourbés, & de cinq étamines très-courtes, sans corolle : les mâles n’ont ni corolle, ni pistil, & leur calice est divisé en six.

Fruit. Noyau un peu charnu, rond, à une seule loge, renfermant un noyau presque rond.

Feuilles. Portées par des pétioles, smples, entières, ovales, en forme de lance, dentées à leurs bords, rudes en-dessus, nerveuses & douces en dessous.

Racine. Ligneuse, très-fibreuse.

Lieu. L’Italie, la Provence, le Languedoc.

Propriétés. Les feuilles & les fleurs sont astringentes ; les fruits un peu rafraîchissans.

Usages. On se sert des feuilles & des fruits en décoction : on tire un suc des fruits qu’on dit utile dans les dissenteries.

C’est un bel arbre dans nos provinces du midi ; son bois est souple & pliant. On en fait des cerceaux de cuve, & de grands vaisseaux. Il est excellent pour la menuiserie & pour la marqueterie. En le sciant obliquement à ses couches, il peut suppléer au bois satiné, qu’on apporte de l’Amérique, il produit un très-bel effet, & il est susceptible d’un beau poli. Aucun bois ne lui est comparable pour les brancards de chaise ; il plie beaucoup sans se rompre.

Si on ne veut pas le laisser monter en arbre, on peut en former des palissades, & tailler ses branches comme celles des charmilles. On le multiplie par graines ; mais pour avoir moins d’embarras, on lève les pieds venus des graines tombées de l’arbre. En travaillant un peu & autour de la circonférence, avant & après la chûte des graines, on a un très-bon semis. Si les deux années suivantes on a le soin d’enlever les mauvaises herbes & de serfouir, on pourra à la fin de la seconde année, lever les plants. Dans nos provinces du nord, ces semis demandent plus de soins, & peu-à-peu on y acclimatera cet arbre.

On compte plusieurs espèces de micocoulier. Celui de Virginie, celtis occidentalis, Lin., diffère du premier par son fruit d’un pourpre-foncé ; par les feuilles obliquement ovales, pointues, dentées en manière de scie : lorsqu’elles sont encore tendres, elles sont un peu cotonneuses ; dans leur état de perfection, leur forme est un ovale large, dentée en manière de scie, excepté à la base & au sommet. Cet arbre aime les terreins humides & gras, il s’élève très-haut, se couvre & se dépouille très-tard de ses feuilles.

Le micocoulier des Indes, celtis orientalis. Lin. Feuilles à crénelures très-fines, en forme de cœur, & velues en-dessous.