Cours d’agriculture (Rozier)/MATRICAIRE

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 446-447).


MATRICAIRE. (Voyez planche XI, page 444). Tournefort la place dans la troisième section de la quatorzième classe des herbes à fleurs radiées, dont les semences n’ont ni aigrette ni chapiteau de feuille ; & il l’appelle matricaria vulgaris sive sativa. Von Linné la nomme matricaria Parthenium, & la classe dans la singénésie polygamie superflue.

Fleur. Composée d’un amas de fleurons hermaphrodites dans le disque, & de plusieurs demi-fleurons à la circonférence. Chacun des fleurons est un tube B renflé dans le milieu, évasé à son extrémité, & divisé en cinq segmens. Le demi-fleuron C est un tube court, menu à sa base, terminé par une languette ovale divisée en trois petites dents a son extrémité : toutes les parties de la fleur sont rassemblées sur un réceptacle hémisphérique qui est au centre de l’enveloppe ou calice D.

Fruit. Graines E solitaires, oblongues, sans aigrette.

Feuilles. Composées, planes, les folioles ovales, très-découpées.

Porc. Tiges nombreuses, hautes de deux pieds environ, droites, cannelées, lisses, moëleuses ; les fleurs naissent au sommet, disposées en coquilles ; les feuilles naissent alternativement sur les tiges.

Racine. A blanche, rameuse, fibreuse.

Lieu. Originaire des provinces méridionales, cultivée dans les jardins au nord. Elle est vivace, quelquefois bis-annuelle, & elle fleurit pendant tout l’été.

Propriétés. Les feuilles ont une odeur aromatique, forte, & une saveur amère, médiocrement âcre. Toute la plante est emménagogue, stomachique, historique, vermifuge. Les feuilles échauffent, & calment les douleurs d’estomac, causées par des matières pituiteuses, & les coliques venteuses ; elles diminuent la violence des accès hystériques ou hypocondriaques, & quelquefois elles sont utiles dans les accès de fièvre. Sous forme de pessaire, elles favorisent l’action des feuilles prises intérieurement. Le syrop de matricaire est semblable en vertu à celle de l’infusion des feuilles, édulcorée de sucre. L’eau distillée des feuilles est inutile, lorsqu’on peut se procurer l’infusion.

Usages. Avec l’herbe fraîche & ses feuilles, on fait des décoctions pour lavement ; avec l’herbe sèche, des décoctions & des infusions. Le suc de la plante fraîche, & clarifié, se donne depuis une once jusqu’à deux ; sa décoction ou infusion à la dose de quatre onces.