Cours d’agriculture (Rozier)/LAVANDIÈRE
LAVANDIÈRE, (Motacilla alba Lin.), oiseau du genre des hochequeues. (Voyez l’article de la Bergeronnette.)
« La lavandière, dit Belon, cet ancien et judicieux observateur de la nature, tient cette appellation française, pour ce qu’elle est fort familière aux ruisseaux, où elle remue toujours sa queue en hochant le derrière, comme une lavandière qui bat ses drapeaux. » (Nature des oiseaux.) Ce que j’ai dit de la bergeronnette convient à la lavandière, si ce n’est que celle-ci s’approche plus volontiers de nos habitations, et qu’elle se plaît aux bords des eaux vives et courantes. Le plumage diffère aussi dans les deux espèces ; une calote noire et un plastron de la même couleur distinguent la lavandière, qui porte en outre un bandeau blanc, et dont le dessus du corps est d’un gris d’ardoise, et le dessous blanc. Ce sont, du reste, à très peu près, la même élégance dans les formes extérieures, la même empreinte de douceur et d’innocence dans la physionomie, la même vivacité et la même prestesse dans les mouvemens, les mêmes habitudes naturelles, les mêmes services rendus au cultivateur et à ses bestiaux, enfin, les mêmes droits à la reconnoissance de l’homme, et les mêmes persécutions de son industrie ou plutôt de son ingratitude.
Chasse aux lavandières. C’est en automne que ces oiseaux se rassemblent dans les campagnes, et qu’il est plus facile de s’en emparer ; c’est aussi la saison où leur chair plus grasse fait espérer à l’impitoyable chasseur un mets plus délicat. Les lavandières ont tant de disposition à la familiarité, que lorsqu’on les tire au fusil, elles ne fuient pas loin, et reviennent se poser près de leur meurtrier.
Depuis quatre heures du soir jusqu’à l’entrée de la nuit, on se place au bord des eaux, on attire les lavandières avec un appelant de leur espèce, ou, si l’on n’en a pas encore, avec quelque autre petit oiseau, et on les prend avec un filet. Cette chasse se fait communément en Italie.
L’abreuvoir avec des gluaux, des collets, des rejets et des raquettes, est souvent aussi le tombeau des lavandières ; mais il faut le choisir près des habitations. Voyez le mot Abreuvoir. (S.)