Cours d’agriculture (Rozier)/INANITION

Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 626).


INANITION, Médecine Rurale. On entend vulgairement par inanition, un état de foiblesse.

Parmi les causes qui peuvent produire cette maladie, je n’en connois pas de plus puissante que le défaut de nourriture ; les personnes bilieuses, qui restent un trop longtemps sans manger, y sont très-sujettes ; celles qui, par une austérité mal entendue, observent des jeûnes trop longs & trop sévères, & qui naturellement sont voraces, n’en sont point à l’abri ; pour l’ordinaire elles sont bientôt plongées dans cet état, dont elles ne peuvent quelquefois plus sortir, ou du moins très-difficilement.

Les veilles immodérées, des exercices trop violens, le trop fréquent usage du coït, les passions vives, des courses trop précipitées, & une vie crapuleuse, peuvent encore causer cette maladie.

L’inanition procure très-souvent des douleurs qui se font ressentir au côté droit, & qui s’étendent même jusqu’à l’estomac ; elles ne reconnoissent d’autre cause que le tiraillement du ligament suspensoire du foie, qui n’est plus soutenu par l’estomac vide.

L’inanition produite par le défaut d’alimens, n’est pas dangereuse, & disparoît bientôt après qu’on a mangé ; mais celle qui dépend de l’irritabilité des fibres de l’estomac, & de tout le système nerveux, ou qui vient à la suite de quelque maladie longue, est toujours dangereuse, & très-difficile à guérir. Le traitement de l’inanition se rapporte à la cause qui la produit : si elle dépend du défaut de nourriture, on fera manger les malades ; si elle est l’effet de l’incontinence, le repos, les alimens de bon suc, la sobriété & la sagesse seront des secours plus que suffisans pour redonner la santé.

Enfin, quand l’inanition est causée par une foiblesse naturelle de la constitution, on permettra aux malades un usage modéré de bon vin, on leur prescrira même après le repas, un petit verre de liqueur, telle que l’eau de coins, l’anisette, &c ; (Voyez Épuisement). M. AMI.