Cours d’agriculture (Rozier)/HERMES

Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 470).


HERMES, terres vacantes & incultes, que personne ne réclame. Ces biens appartiennent au seigneur haut-justicier, par droit de déshérence. Ce droit est devenu plus d’une fois abusif : un seigneur riche, assuré de grandes protections, & craint de ses vassaux, a souvent, sous ce titre, enlevé à la veuve & à l’orphelin, qui n’osoient ou ne pouvoient se plaindre, L’héritage de leurs pères. Ces hermes n’étoient pas cultivés dans le temps, soit par le manque de bras, soit par l’éloignement des lieux, soit enfin à cause de la qualité mauvaise du sol, ou réelle, ou apparente. Du temps de nos fatales guerres civiles & de religion, combien de bonnes terres sont devenues hermes ! S’il en existe encore, si les seigneurs les demandent, le bien-être de l’état exige qu’on les force à les cultiver en bois, ou que les communautés les convertissent en bois, à la condition cependant que personne n’aura le droit d’y conduire aucune espèce de troupeaux, ni d’y couper du bois. Si on demande quoi ils serviront, le voici. Ces bois, devenus forêts, seront coupés à une époque convenable, & le produit employé à la réparation de l’église, du presbytère, s’ils en ont besoin ; à l’entretien des chemins ruraux, à l’écoulement des eaux, aux frais de nouveaux défrichemens, à la diminution des impositions de chaque contribuable, à un fonds mis en réserve pour le soulagement des pauvres de la paroisse, &c. &c. Ce ne sont pas les besoins qui manquent à la campagne, ce sont les ressources, & on ne sauroit trop les multiplier. Le mot hermes désigne encore, par extension, les terrains incultes appartenans à des particuliers.