Cours d’agriculture (Rozier)/FONGUEUX

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 683).


FONGUEUX. L’autorité de M. l’abbé de Schabol est d’un trop grand poids dans la pratique de la culture des arbres, pour ne pas relever quelques légères incorrections de son ouvrage. Il caractérise du nom de fongueux, les agarics qui croissent sur les troncs d’arbres, & il a raison ; mais il attribue leur origine à un suc dégénéré qui s’extravase de l’arbre, & qui se coagule à l’air, comme le sang hors des veines. Ces sortes d’épanchemens de sève, ajoute-t-il, ne sont pas de bon augure ; ils sont contre-nature, & communément ils ne paroissent que sur des branches ou des arbres caducs, & toujours à l’endroit de leur adhérence, l’écorce de l’arbre est desséchée. Jamais le semblable n’arrive dans les arbres jeunes & vigoureux. Je conviens avec M. de Schabol, du résultat occasionné par l’adhérence des corps fongueux, mais ils proviennent de graine, tout ainsi que les choux, les melons. Quoiqu’elles ne soient pas plus visibles dans les agarics, que dans les champignons, dans les mousses, dans les lichens, elles n’existent pas moins. Elles sont portées par les vents, & elles s’arrêtent dans les gerçures formées dans l’écorce raboteuse des vieux arbres ; elles y germent, elles y végètent ; peu à peu la plante croît, devient volumineuse, & pour se nourrir dessèche l’écorce & s’empare des sucs destinés à sa subsistance. On ne voit point de corps fongueux sur l’écorce des arbres jeunes & vigoureux, parce qu’elle est lisse & ne peut retenir la semence des agarics, &c.