Cours d’agriculture (Rozier)/EUPATOIRE

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 412-414).


EUPATOIRE D’AVICENNE. (Pl. IV) M. Tournefort la place dans la seconde section de la douzième classe, qui comprend les fleurs à fleurons, qui laissent après elles des semences aigrettées, & il l’appelle Eupatorium cannabinum. M. von Linné conserve la même dénomination & la classe dans la singénésie poligamie égale.

Fleur. Amas de fleurons B, hermaphrodites dans le disque, à la circonférence. C représente un fleuron avec les cinq découpures, qui terminent le tube. Ces fleurons sont rassemblés dans un calice D, composé de dix écailles linéaires, dont cinq longues & cinq courtes ; E représente le calice ouvert.

Fruit F. Semences ovales, couronnées d’une longue aigrette simple, placée sur un réceptacle nu.

Feuilles adhérentes aux tiges, ternées, digitées, très-entières, quelques fois dentées, imitant celles du chanvre ; les supérieures sont simples.

Racine A, en forme de fuseau, avec de grosses fibres blanchâtres.

Port. Tige herbacée, s’élève à la hauteur de deux à quatre pieds, cylindrique, velue, pleine de moelle, rameuse ; les fleurs violettes, pâles, naissent au sommet disposées en corymbe.

Lieu. Les terreins humides ; la plante est vivace & fleurit en juillet, août & septembre.

Propriétés. Feuilles d’une odeur aromatique & forte, & d’une saveur amère ; la racine aromatique & d’une saveur très-âcre. L’herbe est détersive, apéritive ; la racine est un fort purgatif. On a beaucoup vanté l’usage des feuilles pour les maladies du foie & de la rate, dans les fièvres quartes & l’hydropisie ; il est à désirer que l’expérience confirme ces propriétés. Il est mieux démontré que les feuilles récentes & froissées, ou leur suc exprimé déterge les ulcères sanieux & fétides. La racine, quoique purgatif violent, est recommandée pour l’hydropisie en général ; dans l’ascite, par suppression d’humeur excrétoire.

Usage. La racine desséchée se donne depuis dix grains jusqu’à une drachme, en infusion dans cinq onces d’eau ou de petit lait.


Eupatoire de Mésué ou Agé. (Pl. IV, pag. 412) M. Tournefort la place dans la troisième section de la quatorzième classe, qui comprend les herbes à fleurs en rayons, dont les semences n’ont ni aigrettes, ni chapiteaux de feuilles ; il l’appelle ageratum foliis serratis. M. von Linné la nomme achillea ageratum, & la classe dans la singénésie polygamie superflue. Je ne sais trop pourquoi le mot françois assimile cette plante à l’eupatoire qui vient d’être décrite : aucun caractère botanique ne les rapproche.

Fleur, composée de plusieurs rayons hermaphrodites dans le disque, & de cinq à dix femelles dans la circonférence. B & C représentent le fleuron hermaphrodite ; tous les fleurons sont rassemblés dans un calice D, ovale, oblong, écailleux ; ses écailles ovales, aiguës, rapprochées.

Fruit E, toutes les semences solitaires, ovales, placées sur un réceptacle conique, oblong, garni de lames plus longues que le fleuron.

Feuilles. Celles des tiges F, petites, oblongues, terminées en pointes, finement dentelées, adhérentes à la tige ; celles G des racines à dentelures obtuses, arrondies par le sommet, & portées sur une espèce de pétiole alongé.

Racine A, en forme de fuseau, brune fibreuse.

Port. Tige herbacée, cylindrique, rameuse ; les fleurs sont jaunes, naissent au sommet, disposées en corymbe ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Les bords de la mer des provinces méridionales ; la plante est vivace, & fleurit en juin & juillet.

Propriétés. Les feuilles ont une odeur aromatique douce, & une saveur amère. L’herbe est stomachique, incisive, expectorante ; extérieurement, dit-on, vulnéraire & résolutive, ce qui demande confirmation. Les feuilles ont quelques fois été accompagnées d’une apparence de succès dans l’ictère essentiel & invétéré, dans l’obstruction récente & peu douloureuse du foie & de la rate ; elles excitent peu le cours des urines.

Usage. En décoction & sur-tout en infusion ; car la décoction fait évaporer le principe aromatique. On fait infuser cette plante dans l’huile d’olive, on en imbibe ensuite du coton qu’on applique sur le nombril de l’enfant tourmenté par les vers ; cette pratique demande confirmation.