Cours d’agriculture (Rozier)/CENTAURÉE

Hôtel Serpente (Tome secondp. 629-631).
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CENTAURÉE. (la grande) (Voyez Pl. 22, page 571) M. Tournefort la place dans la seconde section de la douzième classe, qui comprend les herbes à fleur à fleurons, qui laisse après elle des semences aigretées, & il l’appelle centaurium majus, folio in plures lacinias diviso. M. von Linné la nomme centaurea, centaurium, & la classe dans la polygamie superflue.

Fleur, composée de fleurons hermaphrodites dans le disque, & femelles ou stériles à la circonférence ; ils sont portés sur un réceptacle commun, au fond d’une enveloppe composée d’écailles qui se recouvrent successivement comme les tuiles d’un toit. Le fleuron hermaphrodite B, est un tube évasé à son extrémité, divisé en cinq dents égales, & il renferme les parties mâles & femelles ; cinq étamines entourent le pistil C. Les fleurons de la circonférence sont représentés séparément en D, ils sont plus grêles dans toutes leurs proportions, que ceux du centre, & n’ont ordinairement que quatre divisions.

Fruit. Le pistil du fleuron hermaphrodite devient une semence E, luisante, oblongue, aigretée.

Feuilles, lisses, ailées ; les découpures supérieures plus grandes que les inférieures, les folioles dentées en manière de scie, & se prolongeant sur la tige par leur base.

Racine A, solide, grosse, noirâtre en dehors, rougeâtre en dedans, & pleine de suc.

Port. Les tiges ont trois ou quatre pieds de hauteur, elles sont cylindriques, branchues ; les fleurs de couleur vineuse, naissent au sommet, & les feuilles sont placées dans un ordre alterne.

Lieu. Elle naît sur les montagnes très-élevées, où elle est vivace.

Propriétés. La racine a une saveur amère, un peu âcre, elle est un très-bon stomachique, vulnéraire & apéritive.

Usage. On prescrit la racine à la dose d’un gros dans les décoctions & les infusions vulnéraires, ou réduite en poudre, également à la même dose, infusée dans du vin, ou dans quelqu’autre véhicule convenable. On l’ordonne dans le crachement de sang, dans les hémorragies, dans les diarrhées, les dyssenteries, lorsqu’il n’y a plus d’irritation ou d’inflammation.


Centaurée, (la petite) Voyez planche 23. M. Tournefort la place dans la première section de la seconde classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce en forme d’entonnoir, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle centaurium minus. M. von Linné la classe dans la pentandrie digynie, & la nomme gentiana centaurium.

Fleur, composée d’un seul pétale, en forme de tube à sa base, évasé à sa partie supérieure, & divisé en cinq découpures. Ce tube renferme cinq étamines représentées en B, attachées sur le tube ouvert. Les anthères se roulent comme on le voit en C. Au milieu est le pistil D, qui s’élève du fond du calice découpé en cinq dentelures.

Fruit E, capsule longue, divisée en deux valves F, coupées transversalement G, remplies de semences menues H.

Feuilles à trois nervures ; celles qui partent de la racine sont couchées sur terre, celles des tiges sont oblongues, lisses & veinées.

Racine A, menue, blanche, ligneuse, fibreuse.

Port. Les tiges sont hautes d’un demi-pied, elles s’élèvent d’entre les feuilles, sont anguleuses, branchues ; les fleurs sont disposées au sommet des tiges, presqu’en ombelle, & leur couleur est celle d’un rouge de brique bien cuite ; on trouve quelquefois une variété à fleurs blanches ; les feuilles sont disposées deux à deux.

Lieu. Les terrains secs, arides ; la plante est annuelle, & fleurit en Août & Septembre.

Propriétés. Les fleurs & les feuilles sont inodores, leur saveur est amère & médiocrement âcre, les fleurs sont toniques, stomachiques, fébrifuges, vermifuges & détersives. Aussitôt qu’elles sont cueillies, il faut lier les tiges ensemble, envelopper de papier la partie fleurie, & mettre sécher les paquets dans un lieu très-sec : la lente dessiccation nuit à leurs propriétés ; c’est une des meilleures plantes dont la médecine puisse faire usage.

Usages. On prescrit les fleurs récentes en infusion dans cinq onces d’eau ; les fleurs sèches depuis demi-drachme jusqu’à une once en infusion dans la même quantité d’eau ; l’extrait depuis six grains jusqu’à une drachme & demie. Quant à l’eau distillée de petite centaurée qu’on vend dans les boutiques, elle n’a pas plus de propriété que l’eau de rivière ordinaire.

L’expérience a démontré que l’usage des fleurs & des feuilles est communément très-avantageux contre les fièvres intermittentes, les fièvres quotidiennes & tierces. Elles fortifient l’estomac, échauffent & rarement constipent ; unies avec les terres absorbantes, elles détruisent les humeurs acides contenues dans les premières voies, & s’opposent à leur développement. Elles sont indiquées dans les obstructions du foie, de la rate, lorsqu’il n’y a ni spasme, ni disposition inflammatoire ; dans la suppression des hémorroïdes avec foiblesse des forces vitales ; dans la suppression du flux menstruel par des corps froids ; dans les maladies occasionnées par les vers lombricaux ou ascarides, sans inflammation… extérieurement pour déterger les ulcères putrides & sanieux, & borner la gangrène humide, en employant la décoction.

L’extrait que l’on donne communément dans les fièvres intermittentes, fatigue l’estomac & cause des coliques.

Dans les maladies putrides des animaux, lorsqu’il n’existe plus d’inflammation, l’infusion de petite centaurée produit de bons effets. La dose pour le bœuf, pour le cheval, est d’une demi-poignée en infusion dans une demi-livre de vin ; la dose de la centaurée réduite en poudre est de demi-once.