Cours d’agriculture (Rozier)/CAPILLAIRE

Hôtel Serpente (Tome secondp. 553-554).


CAPILLAIRE. (Voyez Planche 21, pag. 541). M. Tournefort le place dans la première section de la seizième classe, qui comprend les herbes sans fleurs visibles, & dont on ne voit que les semences ; & il l’appelle filicula quæ adiantum nigrum officinarum, pinnulis obtusioribus, M. von Linné le classe dans la famille des fougères de la cryptogamie, & le nomme asplenium adiantum, nigrum.

Fleurs ou fruits ; car à l’aide de la meilleure loupe, on n’est pas encore parvenu à déterminer la manière dont la fleuraison & la fructification s’opèrent ; cependant, par le secours de l’art, on a découvert que les coques B renferment les semences C. Les unes & les autres sont ici représentées beaucoup plus fortes que dans leur état naturel. Chacune de ces coques est armée d’un cordon élastique en forme de chapelet, qui, par sa construction, sépare la coque & laisse échapper les semences. Ces coques sont placées sur deux lignes au-dessous des feuilles.

Feuilles ; deux fois ailées ; les folioles presqu’ovales, crenelées en dessus ; les folioles inférieures plus grandes que les supérieures.

Racine A, oblique, garnie de fibres chevelues & noires.

Port. Le pétiole des feuilles tient lieu de tige ; il est noir, luisant, dur & cassant.

Lieu. Les bois humides ; la plante est vivace.

Le capillaire de Montpellier, autrement appelé cheveux de Vénus, est fort renommé. Il diffère du premier par ses folioles découpées en lobes & en forme de coin, ressemblant assez aux feuilles de la coriandre ; leurs pétioles sont grêles, longs, courbés, d’un rouge noir, très-lisses & luisans. Il faut le cueillir en automne.

Propriétés. Les feuilles ont une odeur aromatique, douce & légère, une saveur douce & un peu âcre. Les feuilles sont indiquées dans la toux essentielle, dans l’asthme humide, dans l’extinction de voix par des humeurs pituiteuses ; elles excitent l’expectoration sans diminuer la sécheresse de la trachée-artère & des bronches pulmonaires, & sans calmer la soif. Le sirop de capillaire irrite moins les bronches pulmonaires ; cependant il ne convient point dans les espèces de maladies de poitrine où il y a chaleur, sécheresse & inflammation.

Usages. Les feuilles sèches, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once en macération au bain-marie, dans cinq onces d’eau. Le sirop se donne depuis une drachme jusqu’à une once, seul ou en infusion, dans cinq onces d’eau. Formius, médecin de Montpellier, publia il y a plus de cent ans, un Traité sur les vertus de cette plante, qu’il regarde comme une panacée universelle. Il faut pardonner son enthousiasme, & rabattre plus des trois quarts des propriétés qu’il lui assigne.