Cours d’agriculture (Rozier)/BRUNELLE
BRUNELLE, ou Brunette. (Voyez Planche 15, pag. 423). M. Tournefort la place dans la première section de la quatrième classe, qui comprend les herbes à fleur, d’une seule pièce, irrégulière & en gueule, dont la lèvre supérieure est en casque ou en faucille ; & il la nomme brunella major folio non disserto ; M. von Linné l’appelle brunella vulgaris, & la classe dans la didynamie gymnospermie.
Fleur B, labiée, d’une seule pièce. La lèvre supérieure est en casque, mais plane, large & légèrement dentelée ; l’inférieure est divisée en trois parties, dont celle du milieu a, en quelque sorte, la forme d’une cuiller. En C, la fleur est représentée ouverte, & on voit les quatre étamines attachées sur le pétale. Deux étamines sont plus courtes, & deux sont plus grandes. Le calice D, qui laisse voir le pistil après la chûte de la fleur, est un tube aplati, à deux lèvres, ainsi que la fleur, & à cinq dentelures. La fleur est violette, & dans une variété, elle est blanche.
Fruit. Le calice E ouvert, offre le pistil & l’embryon qui lui doit la naissance, composé de quatre graines F, ovoïdes, renfermées dans le calice.
Feuilles, entières, ovales, oblongues, soutenues par des pétioles. Il y a une variété à feuilles profondément découpées.
Racine A, menue, fibreuse, presque horizontale.
Port. Tiges herbacées, quadrangulaires, velues, branchues ; les fleurs sont disposées en épi au sommet des rameaux ; les feuilles sont opposées.
Lieu. Les pâturages, les prés, sur les montagnes ; fleurit en Juin, Juillet & Août ; la plante est vivace.
Propriétés. La plante a une odeur foible, son suc, une saveur styptique & amère. Elle est vulnéraire, astringente & détersive.
Usages. En gargarisme pour déterger des ulcères de la bouche, répercuter l’inflammation légère du gosier, & raffermir les gencives. Extérieurement elle favorise la consolidation des plaies superficielles & récentes. Si on en croit Bauhin, elle est utile contre la morsure des bêtes venimeuses ; ce qui demande confirmation. On prescrit l’herbe pour les décoctions & potions vulnéraires, à la dose de six onces, & le suc de l’herbe, depuis deux onces jusqu’à quatre onces. Pour les animaux, la décoction d’une poignée d’herbe sur une demi-livre d’eau.