Cours d’agriculture (Rozier)/BÉTOINE

Hôtel Serpente (Tome secondp. 244).


BÉTOINE. (Planche 7) M. Tournefort la place dans la troisième section de la quatrième classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, labiée, & dont la lèvre supérieure est retroussée. Il la nomme betonica purpurea. M. le chevalier von Linné l’appelle betonica officinalis, & la classe dans la didynamie gymnospermie.

Fleur ; elle est ici représentée plus grosse que nature. Le tube B est cylindrique, courbé ; la lèvre supérieure arrondie, entière, plane, droite ; la lèvre inférieure C est divisée en trois parties, & la mitoyenne est échancrée. La fleur est ordinairement couleur de pourpre, & quelquefois blanche. Elle a quatre étamines, dont deux sont plus longues, & deux sont plus courtes. Le pistil est placé au fond du calice, & est composé de quatre ovaires distincts. Le calice D, dans lequel repose la fleur, est d’une seule pièce, à cinq dentelures profondes, & soutenue par un petit péduncule ; il est barbu. En E, il est représenté ouvert pour laisser voir la position du pistil.

Fruit ; quatre semences réunies en F, & séparées en G, brunes, arrondies, placées au fond du calice.

Feuilles, oblongues, arrondies au sommet & à leur base ; les dentelures, tout autour, ordinairement arrondies, velues, ridées, quelquefois en forme d’oreilles à leur base.

Racine A, de la grosseur d’un pouce, coudée, fibreuse, chevelue.

Port. Les tiges s’élèvent du milieu des feuilles, à la hauteur de douze à dix-huit pouces ; elles sont droites, carrées, noueuses ; à chaque nœud naissent deux feuilles opposées ; les fleurs sont au sommet, disposées en épi garni de quelques feuilles florales.

Lieu. Les buissons, les prés, & sur-tout le bord des bois ; elle fleurit en Juin & Juillet.

Propriétés. Ses racines ont un goût amer, & les feuilles une saveur aromatique. La plante est céphalique, tonique, sternutatoire, antihystérique, vulnéraire, détersive ; la racine, désagréable au goût, excite des nausées, des vomissemens. L’usage doit en être proscrit.

Usage. Les feuilles réduites en poudre, & inspirées par le nez, font éternuer, & causent une évacuation assez abondante des humeurs qui revêtent la membrane pituitaire. Cette poudre est indiquée dans le larmoiement par abondance d’humeurs pituiteuses, dans le catharre humide, dans l’enchifrénement, lorsqu’il n’existe aucune disposition à l’inflammation. Les auteurs lui attribuent beaucoup d’autres propriétés qu’on peut révoquer en doute, jusqu’à ce que de nouvelles expériences bien suivies les confirment.