Cours d’agriculture (Rozier)/AZEDARACH

Hôtel Serpente (Tome secondp. 110-111).


AZEDARACH, ou Lilas Perse, ou Lilas des Indes, ou faux Sycomore de Provence. M. Tournefort le place dans la troisième section de la vingt-unième classe, qui comprend les arbres & les arbrisseaux à fleur en rose, dont le pistil devient un fruit à plusieurs loges ; il l’appelle d’après Dodoens, azedarach. M. le chevalier Von Linné le classe dans la décandrie monogynie, & le nomme melia azedarach.

Fleur, en rose, composée de cinq pétales lancéolés, longs & ouverts. Le nectar ou nectaire est en forme de tube, droit, d’un rouge noir, de la longueur des pétales ; dix étamines sont attachées au sommet du nectar qui est divisé en dix parties. Il n’y a qu’un seul pistil. Le calice est petit, d’une seule pièce, & à cinq découpures.

Fruit, charnu, rond, contenant un noyau presque rond, marqué de cinq sillons & divisé en cinq loges qui contiennent chacune une semence presque ronde.

Feuilles, deux fois ailées, terminées par une impaire ; les folioles sont entières, ordinairement au nombre de cinq, & portées par des pétioles. La feuille imite celle du frêne ; mais elle est plus découpée, & son verd est beaucoup plus foncé.

Racine, ligneuse.

Port, grand arbrisseau, dont la tige est droite, rameuse ; l’écorce verdâtre & lisse ; les fleurs sont axillaires, portées sur des péduncules, disposées en grappes, & les feuilles sont alternativement placées sur les rameaux.

Lieu. Les provinces méridionales, on l’y a naturalisé ; cultivé dans les jardins, il craint le froid rigoureux.

Propriétés. Les feuilles sont, dit-on, apéritives & les fruits des poisons pour l’homme.

Usage. Il est plus prudent de cultiver ce joli arbuste pour l’agrément que pour son utilité en médecine.

Culture. Cet arbrisseau est originairement de Syrie, & M. le baron de Tschoudi nous apprend que de là, il a été transporté en Espagne & en Portugal où il a fort multiplié ; on l’a depuis peu naturalisé dans quelques îles des Indes occidentales. Les azedarachs, continue ce zélé observateur & cultivateur, qu’on élève de la graine venue dans ces îles, fleurissent mieux que ceux produits par la graine de Portugal. Je n’ai pas été à même de faire cette différence ; mais la graine d’un azedarach cultivé à Montpellier, & que M. Gouan, botaniste célèbre, avoit eu la bonté de m’envoyer, a très-bien réussi à Lyon. Elle fut semée au mois de Mars, dans un pot dont la terre étoit légère & bonne ; elle leva un mois après, & à la troisième année l’arbrisseau se chargea de fleurs dans une exposition assez méridionale ; le vase passa l’hiver dans l’orangerie. Sa culture exige plus de soin dans les provinces du nord, & M. de Tschoudi l’a prescrit ainsi.

La graine doit être sémée en Mars, dans des pots enterrés dans une couche de tan ; si elle est bonne, elle germera au bout de deux mois. En Juin il faudra familiariser, peu à peu, les jeunes arbres avec l’air libre, & ensuite les y livrer tout à fait à une bonne exposition. En Octobre, on les placera sous des châssis ; le printems suivant, plantez chacun à part dans un petit pot que vous mettrez de nouveau dans une couche de tan, sans trop les ombrager par des paillassons. En Juin, vous les exposerez à l’air libre ; ils doivent passer quatre ou cinq hivers sous des châssis : au bout de quelque tems, vous les tirerez du pot en motte, en recoupant seulement le bord de la motte pour rafraîchir les fibres, & vous les replanterez en Avril, là où ils doivent demeurer. On peut se dispenser de rafraîchir ces fibres ; j’en ai l’expérience journalière pour tous les arbres plantés en pot : c’est retarder leur végétation. Cet arbuste figure agréablement dans les bosquets, placé de manière qu’il soit à couvert du vent du nord.