Cours d’agriculture (Rozier)/ÉPREINTE

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 306-307).


ÉPREINTE. C’est une douleur très-vive qu’on ressent à la matrice, à la vessie & sur-tout au fondement avec des envies continuelles d’aller à la garde-robe ; elle est presque toujours plutôt un symptôme des maladies, que la maladie essentielle ; aussi on l’observe dans le ténesme, dans la dyssenterie & dans les hémorroïdes très-opiniâtres qui ne fluent pas.

On voit, d’après cet exposé, que les épreintes peuvent être produites par une infinité de causes ; de ce nombre sont le ténesme, la dyssenterie, la diarrhée, le calcul dans la vessie, des carnosités dans l’urètre, le racornissement de la vessie, l’ulcération du fondement, des fistules à l’anus, la constipation produite par l’inflammation ou par un état spasmodique de la membrane interne du rectum ; la difficulté d’uriner, la dysurie, la strangurie, l’ischurie, la chute de la matrice compliquée, d’inflammation.

Le traitement des épreintes se rapporte à la cause qui les produit. Si elles dépendent de l’âcreté des matières retenues dans le rectum, les lavemens émolliens faits avec les feuilles de bouillon blanc & la graine de lin y produiront les plus heureux effets.

Si elles sont l’effet du calcul dans la vessie, de son racornissement, des carnosités dans le canal de l’urètre, on fera baigner ces parties ; on facilitera la sortie des urines avec la sonde, & en introduisant des bougies dans le canal urinaire. Si elles reconnoissent pour cause la chute du fondement, avec renversement de la membrane interne, on fomentera cette partie avec du lait tiède ; on l’exposera à des bains de vapeurs émollientes, & on fera rentrer le boyau. Pour lors on fait des injections avec la décoction d’orge, de feuilles de lierre terrestre, & le miel ; mais quand les douleurs diminuent, pour obvier au relâchement, on réitère les injections avec parties égales d’eau rose & d’eau de fenouil.

Quand les épreintes sont causées par une inflammation, on emploie les saignées répétées plus ou moins souvent, selon le degré inflammatoire.

Les tisannes d’eau de poulet, de riz, auxquelles on ajoutera quelques grains de nitre, la limonade, l’orangeade, le petit lait, seront très-salutaires ; l’huile d’amandes douces, les narcotiques donnés avec précaution, le repos, la tranquillité d’ame, procureront le plus grand soulagement ; mais il faut prendre garde de ne pas donner des huileux, lorsque l’inflammation est portée au plus haut degré ; ils pourroient nuire, en ce qu’ils ranciroient.

Comme il n’entre point dans notre plan de donner un traitement méthodique, relatif à chaque cause, nous terminerons cet article, par faire observer qu’il faut quelquefois exciter des épreintes par des lavemens âcres, afin d’aider la nature dans ses efforts : ces moyens sont très-recommandés pour favoriser la sortie d’un enfant mort, ou du placenta resté dans la matrice. M. AM.