Cours d’agriculture (Rozier)/ÉPIERREMENT, ÉPIERRER

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 248-249).


ÉPIERREMENT, ÉPIERRER. C’est enlever les pierres d’un jardin, d’un champ, d’une vigne. Cette opération est utile, généralement parlant, & sur-tout dans les plates-bandes d’un jardin potager ; alors, afin d’éviter la dépense du transport : on peut ouvrir de larges tranchées dans le milieu des allées, y enfouir les pierres, & les recouvrir de terre ; il résulte deux avantages de cette opération, l’épierrement des planches est à peu de frais, & les allées plus sèches : par conséquent, il y croît beaucoup moins d’herbes, & le jardinier est dans le cas de le ratisser moins souvent.

Il n’en est pas ainsi des champs, des vignes, &c. sur-tout si les pierres sont de nature calcaire, (voyez ce mot) ou susceptibles d’une assez prompte division de leurs parties par l’effet des météores ; les seules trop grosses pierres doivent être enlevées, & non les autres dès qu’elles n’ont pas au-delà de deux à trois pouces de diamètre. Elles retiennent l’humidité dans la terre, augmentent sa chaleur, & même celles qui se trouvent à sa surface, attirent plus la rosée que la terre. Si on soulève une pierre au milieu d’un champ, dont la superficie paroît desséchée par le soleil, on trouvera de l’humidité sous cette pierre, parce qu’elle a retenu celle qui s’élevoit du sein de la terre, & par conséquent en a empêché l’évaporation. Comme elle est un corps plus dense que la terre, elle absorbe une plus grande masse de chaleur, la conserve plus long-temps, & la communique à la terre qui l’environne ; dès-lors, elle est très-essentielle, par exemple, aux vignes qui ont besoin de chaleur ; enfin, un corps échauffé attire plus la rosée qu’un corps qui l’est moins. Les pierres sont donc très-utiles, dès que leur grosseur n’empêche pas la charrue de sillonner, ni les outils d’entrer dans la terre ; leur utilité est encore bien marquée dans les terres fortes, &c. Si on considère les fromens qui végètent au milieu des pierres calcaires, dont la surface de la terre paroît couverte, on verra des blés bien nourris, la tige plus courte, il est vrai, que dans d’autres sols ; mais l’épi est plus long, les grains mieux nourris & plus nombreux.

Si les pierres, au contraire, sont graniteuses, de nature vitrifiable, &c. elle ne se décomposeront pas, & même leur décomposition seroit peu utile à la végétation..

Plus on approche du nord, plus les pierres, les cailloux deviennent utiles dans les vignes : j’en ai déjà dit les raisons,