Cours d’agriculture (Rozier)/ÉCHAUBOULURES

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 119-120).


ÉCHAUBOULURES. Le mot échauboulures dérive du vieux mot échaubouiller, qui signifie échauder. Cette maladie se manifeste par des signes qui ne laissent aucun doute sur son existence ; la peau offre à la vue un changement des plus considérables.

Les échauboulures sont de petites tumeurs rouges, érysipélateuses, qui couvrent toute la peau, & qui affectent sur-tout le col, le menton & les aines : une peau blanche, fine & délicate prête beaucoup au développement de cette maladie ; elle n’attaque jamais les vieillards ; on n’en connoît point d’exemple : mais on l’observe très-fréquemment en été, sur-tout sur les enfans & les adultes.

Ce n’est qu’à la suite des sueurs fortes, qui suivent ordinairement des exercices violens, de l’abus des liqueurs spiritueuses, que ces petites tumeurs paroissent d’un rouge très-vif ; mais elles perdent bientôt leur couleur, & pâlissent dès qu’on est frais, & qu’on est en repos ; elles sont presque toujours accompagnées d’un prurit très-incommode, surtout lorsqu’elles sont fort nombreuses, & dégénèrent même en dartre farineuse : cette dégénération a surtout lieu sur les adultes qui ont le sang âcre, & pour l’ordinaire très bilieux.

On ne peut pas dire précisément que le siège de cette maladie soit dans les glandes de la peau : celles-ci ne sont affectées qu’en passant ; mais s’il faut se décider pour lui assigner une place, nous conclurons, avec le célèbre Astruc, qu’elle est dans les extrémités des canaux excrétoires des glandes miliaires ou cutanées, qui ne peuvent être irritées que par l’abondance & la salure de la sueur qui coule par ces canaux, & c’est aussi à la suite des sueurs répétées qu’elles paroissent.

Les nourrices qui auront le sang âcre exposeront leurs nourrissons aux échauboulures ; aussi, pour éviter ce danger, elles feront très-sagement de se sevrer de tout aliment salé & épicé qui pourroit augmenter cette âcreté.

La gale diffère des échauboulures, en ce que, dans celles-ci la sueur n’a pas de vice en soi, qu’elle est âcre & salée par la chaleur de la saison ; au lieu que dans la gale, le sang & la sueur sont entièrement altérés.

Les enfans attaqués des échauboulures sont cruellement tourmentés par l’insomnie ; quoiqu’elles ne soient point dangereuses, ils se dévorent sans cesse, & si elles sont opiniâtres, ils tombent dans un état de maigreur qui devient très-nuisible à leur accroissement.

Le repos, la tranquillité, les rafraîchissants, l’eau froide, & même à la glace, pour les adultes, sont plus que suffisans à leur guérison.

Quant aux enfans qui tettent, il faut avoir grand soin de ne pas les laisser dans leurs ordures, de les changer souvent de langes, & les tenir enveloppés dans des linges fins, & bien lessivés : on pourra les tremper dans un bain d’eau tiède, & étuver les endroits les plus échauboulés avec une décoction de graine de lin dans du lait ; mais on observera de renouveler souvent le lait, parce qu’il aigrit promptement, & dans cet état, il augmente l’inflammation : l’eau rose, où on fera dissoudre quelques grains de camphre, produira un bon effet. M. AM.