Coup d’œil sur les patois vosgiens/Avant-propos

Cet opuscule n’a aucune prétention scientifique. En résumant dans ces pages publiées l’an dernier par l’Écho des Vosges quelques-uns des éléments que comportent nos études sur le patois vosgien, nous n’avons voulu qu’attirer l’attention de nos compatriotes sur les idiomes rustiques de notre pays et leur montrer l’intérêt particulier qui s’y attache.

Les patois ne peuvent plus être l’objet d’un dédain frivole ou d’une pure curiosité. Comme fait historique, ils ont déjà une importance incontestable ; mais à considérer les sources d’où ils émanent et l’influence qu’ils ont toujours eue sur notre langue, on ne peut leur dénier le droit d’entrer désormais dans les études générales de la linguistique française.

Dans toutes nos anciennes provinces, ce genre nouveau d’érudition a pris une grande faveur. Mais les Vosges, qui, par leur situation sur les confins de la vieille Allemagne et de la Franche-Comté, ont formé des variétés étranges d’idiomes, n’ont encore offert jusqu’ici aux linguistes aucun ouvrage sérieux qui serve à leur critique.

Nous essayons de combler une lacune, en faisant sur les patois vosgiens des recherches et des études dont cet opuscule n’est en quelque sorte que la préface.

La littérature de nos idiomes n’est pauvre qu’en apparence. Les Noëls, les chansons, les contes, les fabliaux, le récit des veillées, les vieilles traditions, les légendes ne manquent pas, nous en sommes certains ; par malheur, comme on ne les regarde que comme un amusement, une curiosité d’une heure, on les laisse perdre en grand nombre. Nous voudrions qu’on les recueillit avec une sorte de piété patriotique, pour en faire un jour un témoignage vivant du passé.

L’appel que nous faisons sera-t-il entendu ? Pour notre part, nous ne ferons pas défaut à cette œuvre, qui n’a pas seulement pour nous l’attrait de l’étude, mais qui, tout humble qu’elle soit, nous paraît éminemment utile, et nous est un nouveau lien qui nous attache à un pays qu’on ne peut cesser d’aimer.