Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier/15/1789/Octobre

Texte établi par Maurice Tourneux, Garnier frères (Volume 15p. 519-535).


OCTOBRE.

SALON DE 1789.

Nous avons vu peu d’expositions de tableaux aussi belles, aussi riches que celle de cette année et il n’en est point sur laquelle il ait paru si peu de critiques ou raisonnables ou piquantes. Nous nous bornerons à l’indication des objets que nous avons jugés les plus dignes d’intéresser votre attention. On a enfin obtenu cette année que le salon fût éclairé d’en haut. Les avantages qui en résultent sont sensibles. Ils le seraient davantage encore si l’on eût employé tous les moyens qui pouvaient procurer une lumière plus également répandue ; le jour étant trop resserré, il jette sur plusieurs tableaux une espèce de crêpe qui en diminue l’effet.

L’Amour fuyant l’esclavage, par M. Vien. L’idée en est ingénieuse, Anacréon ne l’eût pas désavouée. Il y a de la grâce dans la composition, l’ensemble est d’une grande fraîcheur et l’effet harmonieux. La cage d’où s’est échappé l’Amour ressemble fort au modèle d’un temple ; est-ce un mérite ? est-ce un défaut ? Quelque petit que soit l’Amour qui s’envole, ne paraît-il pas un peu lourd pour un dieu naturellement si léger ? Je suis tenté de préférer à ce premier tableau celui qui représente une Mère faisant porter par son fils et sa fille des offrandes sur l’autel de Minerve. Il y règne, ce me semble, une simplicité plus douce et plus touchante ; mais si le sujet me plaît davantage, je conviendrai que les détails en sont peut-être moins heureux. La jeune fille n’est pas aussi intéressante que son frère, elle n’a pas toute la grâce, toute la simplesse qui charment à cet âge. Le profil de la figure de la mère est un peu raide. On reconnaît toujours dans ces deux tableaux ce goût sage et pur qui n’appartient qu’à l’étude de l’antique.

Alexandre consultant l’oracle d’Apollon, par M. de La Grenée l’aîné. On a remarqué avec raison que le premier défaut de ce tableau était de ne pas représenter convenablement le lieu de la scène. L’artiste a oublié que les prêtres anciens ne rendaient pas les oracles dans des lieux si éclairés. Le groupe principal est bien conçu, mais il y a de la sécheresse dans l’effet général et de l’aridité dans la composition.

La continence de Scipion, par M. Brenet. Je ne sais ce qu’on peut trouver de louable dans ce tableau, mais ce n’est pas sûrement la sagesse de Scipion. Il n’y a pas une tête là qui puisse passer pour celle d’un héros ; j’y reconnais encore moins la femme dont il peut y avoir eu quelque mérite à respecter la beauté.

Ce tableau est pourtant un chef-d’œuvre en comparaison de celui qui représente Henri II décorant du collier de son ordre le vicomte de Tavannes, tableau de 10 pieds, pour le roi. Rien de plus froid, rien de plus monotone et de pensée et de couleur ; il n’a d’autre mérite que l’exactitude des costumes.

Séance des états généraux de France, tenue à Versailles le 5 mai 1789, esquisse d’un tableau de 14 pieds de haut sur 30 de large, destiné à être placé au château de Versailles, dans le salon d’Hercule, par M. Durameau. Ce n’est qu’une esquisse, mais une esquisse qui ne promet rien. Deux tableaux ovales représentant, l’une Jésus-Christ guérissant le paralytique, l’autre Jésus-Christ chassant les vendeurs du temple, ne sont guère mieux encore que de grandes esquisses dont le ton n’a aucune vérité et dont la composition rappelle ces principes factices trop longtemps suivis dans l’école française, mais dont heureusement nos jeunes artistes paraissent sentir aujourd’hui tout le ridicule. Le combat d’Antelle et de Darès, du même, ne présente que des figures sans forme et sans expression, amoncelées avec des animaux, des barricades, des montagnes et de la fumée.

Télémaque et Mentor jetés dans l’île de Calypso, par M. de La Grenée le jeune. Le moment est celui où tous deux retirés après la tempête dans la grotte de la nymphe, le jeune Télémaque paraît se complaire à considérer la beauté et la magnificence des habits que Calypso y a fait apporter et où Mentor lui reproche de s’y trop arrêter. Ce moment a peu d’intérêt ; la composition d’ailleurs en est sage, mais faiblement rendue, le ton un peu trop noir. Il y a infiniment plus de mérite dans le tableau du même artiste, Achille reconnu par Ulysse au milieu de la cour de Lycomède.

Le style en est soigné, le dessin correct, les têtes ont de l’expression et celle d’Ulysse est vraie ; le groupe des femmes a de la grâce, la figure d’Achille a un beau mouvement ; on lui reproche cependant de la lourdeur, surtout dans le bas. C’est le sentiment de M. Renou[1], et toutes les fois que ses remarques seront d’accord avec les impressions que nous avons éprouvées, nous n’essayerons pas de les exprimer autrement que lui.

Zeuxis choisissant pour modèles les plus belles filles de la ville de Crotone, par M. Vincent, pour le roi. Zeuxis, célèbre peintre grec, ayant été appelé chez les Crotoniates pour décorer le temple de Junon, leur proposa de faire un tableau représentant Hélène, dans lequel, pour peindre une femme parfaitement belle, il voulait porter son art jusqu’au plus haut degré de perfection. Les Crotoniates, sur sa demande, l’autorisèrent par un consentement public à choisir pour modèles les plus belles filles de leur ville. Zeuxis, ne pouvant trouver réunies dans la même personne toutes les perfections dont il voulait enrichir son ouvrage, fit choix de cinq jeunes filles dont la beauté fut chantée par les poëtes de leur temps et devint d’autant plus célèbre qu’elle avait mérité la préférence de la part d’un juge regardé sur ce point comme infaillible.

La composition de ce tableau est agréable et riche, la couleur éclatante et cependant harmonieuse ; il n’est peut-être même aucun tableau de cette exposition qui d’abord attire et séduise plus tous les regards, et cette première illusion se trouve justifiée en effet par de grandes beautés, par un pinceau large et facile, par une distribution de masses et de lumière infiniment heureuse, par un beau choix de costumes. Mais le sujet est-il aussi bien conçu qu’il est bien exécuté ? Je suis loin de blâmer tout le luxe qui caractérise et les vêtements de l’artiste et le lieu même de la scène ; on sait que Zeuxis, ayant acquis de grandes richesses, se plaisait à étaler le faste le plus imposant, qu’il donna plusieurs de ses ouvrages, croyant qu’ils ne pouvaient être payés dignement et qu’il se montrait aux jeux olympiques avec un manteau sur lequel son nom était gravé en lettres d’or. Mais cette attitude si tranquille du principal personnage est-elle bien celle qui convenait le mieux à la situation ? Le Zeuxis assis avec tant de repos et dignité n’a-t-il pas plutôt l’air d’un juge que d’un artiste ? Est-ce pour excuser le peu d’enthousiasme que je remarque dans l’expression de sa tête, d’ailleurs assez noble, qu’au lieu de belles Grecques M. Vincent ne nous a montré que de belles Françaises ? La femme nue qui paraît destinée à fixer le plus longtemps les yeux de son juge n’est-elle pas d’un ton trop également rougeâtre de la tête aux pieds ? Elle semble, dit-on, frissonner de pudeur. L’effet de cette expression pouvait-il être plus sensible et plus intéressant ? Celle qui cherche à se dérober à la matrone qui la déshabille semble laisser échapper en même temps dans ses regards un désir de se montrer qui rend sa physionomie très-piquante ; mais serait-ce avec intention que celle qui ramasse ses habillements paraît un peu équivoque de dessin ? En général ce tableau, quoique fait pour soutenir et même accroître la réputation de l’artiste, me paraît parler beaucoup plus aux yeux qu’à l’imagination. L’exécution en est infiniment soignée, infiniment brillante, mais il ne réveille pas, ce me semble, toutes les idées délicates, riantes et voluptueuses dont le sujet paraissait susceptible.

Les tableaux de M. Vernet ressemblent trop à ceux qu’on a si souvent loués pour ne pas mériter toujours les mêmes éloges. On a distingué cette année celui qui représente le Naufrage de Virginie à l’Île-de-France, sujet tiré du roman de Paul et Virginie de M. de Saint-Pierre. Il intéresse au moins par le choix du sujet, par les idées qu’il rappelle, par le caractère neuf des objets qui le composent.

Les portraits de M. Roslin se font toujours remarquer par une touche fort simple et par une grande vérité.

C’est une extrême facilité qui caractérise les nombreux ouvrages de M. Robert. Celui qui représente un Temple circulaire, jadis dédié à Vénus et que l’on a restauré pour servir d’asile aux pigeons qui désertent leur colombier, joint encore au mérite d’une idée riante un ton de couleur ferme et vigoureux sans aucune dureté. Il y a dans celui qui offre une suite d’anciens portiques ornés de statues et de fontaines un effet de perspective tout à fait surprenant. La Vue de la Bastille dans les premiers jours de sa démolition nous a paru sans effet.

Si les ouvrages de M. Roland de La Porte, qui sont plutôt des imitations que des tableaux, sont fort admirés de la multitude, les vrais connaisseurs n’y verront que le succès d’une extrême patience.

Pour juger de la distance infinie qu’il y a du genre des fleurs à celui de toutes les autres natures mortes, il suffit de se rappeler les tableaux de fleurs de Mme Vallayer-Coster et de M. Van Spaendonck. Quelle charmante composition, quelle couleur brillante, quelle douce harmonie dans celui de ce dernier qui représente un Vase garni de différentes fleurs et posé sur une table de marbre où se trouvent deux ananas et une corbeille garnie de différents fruits !

L’Été ou les fêtes de Cérès, par M. Callet. (Pour le roi.) La composition et le ton en sont agréables, mais on remarque toujours avec peine une sorte de gêne dans le dessin.

La constance d’Éleazar, l’un des princes des scribes et des docteurs de la loi que le ministre d’Antiochus veut contraindre de sacrifier aux idoles et qui préfère la mort au crime de manger de la chair défendue, par M. Berthellemy. (Pour le roi.) On y peut louer un certain large dans la composition, une grande facilité dans le dessin, de la netteté dans le plan et des masses bien conçues. La tête d’Éléazar est d’un assez beau caractère, mais à la manière dont il lève les yeux et les mains au ciel, peut-on deviner si c’est pour refuser ou pour bénir la chair qu’on lui présente ? Le mouvement du soldat qui veut l’entraîner rend-il l’action plus claire ou plus équivoque ?

Le combat naval qui a assuré la conquête de la Grenade, par M. Hue. L’effet général en est trop gris ; la mer paraît lourde et sans profondeur. Dans le paysage représentant l’Île de Chypre, du même peintre, on a cru remarquer une imitation trop affectée de Claude Lorrain. Le ton en est trop diaphane et les masses n’ont pas assez de solidité, mais on a trouvé les figures bien faites ; ce sont des nymphes et des amours portant des offrandes au temple de Vénus placé sur une éminence. Le paysage des environs de Rome est d’une plus belle couleur que tous les autres tableaux de M. Hue ; l’effet en est vrai et harmonieux.

Il semble que le talent de Mme Le Brun acquière d’un salon à l’autre un nouveau degré de perfection. Ses portraits se distinguent toujours par le choix de l’ajustement, de l’attitude, de l’action la plus convenable aux personnages qu’ils représentent. Celui de Mme la duchesse d’Orléans est rempli de noblesse, de grâce et de bonté ; l’artiste a saisi l’expression la plus agréable de ses traits, elle l’a saisie avec tant de finesse et l’a exprimée avec tant de vérité qu’en se permettant d’embellir beaucoup son modèle, elle a su le rendre d’une ressemblance frappante. Le ton de ce tableau est clair et le dessin très-correct.

Le portrait du jeune prince Lubomirsky représentant l’Amour tenant une couronne de myrthe et de laurier, est en général parfaitement bien dessiné, la tête surtout est ravissante, mais je ne sais si la pose du corps ne laisse pas quelque chose à désirer et particulièrement celle du pied. Est-ce de l’épine du dos que devaient sortir les ailes de l’Amour ? Ce n’est pas ainsi, du moins, que les a placées le Corrège. Ce que les peintres ont le plus admiré, ce me semble, dans ce tableau, c’est que, quoique lumineux, il présente une dégradation de couleurs admirable.

Le portrait du peintre Robert, rempli de vie et de vérité, est du ton le plus ferme et le plus vigoureux ; il prouve qu’avec tant de grâces, le pinceau de Mme Le Brun n’en a pas moins de force et d’énergie lorsque le sujet paraît l’exiger. Quelle est naïve et piquante la petite fille qui cherche dans un sac à ouvrage, ce qui ne l’empêche pas de songer à quelque autre amusement ! Aucun de ces tableaux ne paraît cependant réunir autant d’intérêt, autant de beautés que celui qui représente une mère[2] et son enfant qui s’embrassent mutuellement. Les deux têtes sont célestes et, comme M. Renou, je ne connais rien de plus enchanteur que le style et la couleur harmonieuse de ce tableau.

Les portraits des deux ambassadeurs de Typpo-Sultan Mahomet-Dervich-Kan et Mahomet-Osman-Kan n’ont guère d’autre mérite que celui d’une grande ressemblance ; on y trouve tout le repos des mœurs asiatiques.

Les ouvrages de Mme Guyard n’ont pas eu cette année le même succès que ceux de sa rivale. Il y a dans le portrait de Mme Victoire des détails bien faits ; mais les critiques les plus indulgents lui reprochent un peu de crudité. Dans celui de Mme la duchesse de Parme elle paraît avoir cherché des effets de lumière dont elle n’a su tirer aucun parti vraiment agréable.

Marie de Brabant, tragédie en cinq actes, en vers, représentée pour la première fois au Théâtre-Français le mercredi 9 septembre, est de M. Imbert, l’auteur du Jugement de Pâris, du Jaloux sans amour, etc.

Le sujet de cette pièce est puisé dans l’histoire de France ; voici le fait tel qu’il est rapporté dans l’Abrégé du président Hénault : « Pierre de La Brosse, autrefois le barbier de saint Louis, devenu depuis le favori de Philippe le Hardi, craignant le trop grand attachement que le roi avait pour la reine Marie sa femme, accuse cette princesse d’avoir empoisonné Louis, fils aîné de Philippe du premier lit. La calomnie est découverte par une religieuse ou béguine de Nivelle en Flandre, que l’on alla consulter. La Brosse est pendu. » (Année 1275-79.)

Les trois premiers actes de cette nouvelle tragédie ont été en général assez bien accueillis ; le quatrième a paru faible et vide d’action. Quelque satisfaisant que soit le dénoûment, on a trouvé les moyens qui l’amènent trop brusques, trop précipités. Le seul personnage de la pièce dont le caractère très odieux ait du moins une sorte d’énergie et de profondeur, c’est La Brosse ; tous les autres sont si malheureusement imbéciles qu’on n’est guère disposé à s’intéresser beaucoup à leur malheur. La seule scène qui annonce quelque talent dramatique est celle du second acte entre Philippe et Marie. Le style de M. Imbert ne manque pas d’élégance et de noblesse, mais il a rarement la force et la couleur tragiques.

— Le 15 septembre, on a donné sur le théâtre de l’Académie royale de musique la première représentation de Démophon, tragédie lyrique, en trois actes. Les paroles sont de M. Dériaux, l’auteur du poëme de la Toison d’or, la musique, d’un Allemand nommé Vogel. Ce jeune artiste, déjà connu par celle du premier opéra de M. Dériaux, est mort avant d’avoir achevé entièrement celle-ci.

Le sujet du poëme est assez connu par l’opéra du célèbre Métastase qui porte le même titre, et par l’imitation qu’en a donnée il y a quelque temps M. Marmontel sur ce même théâtre.

M. Dériaux a supprimé avec raison les personnages épisodiques de Néade, second fils de Démophon, et d’Ircile, princesse phrygienne ; l’action y gagne plus de rapidité, et l’intérêt n’est plus partagé comme dans l’opéra de Métastase et dans celui de M. Marmontel ; mais cet intérêt est encore assez faible, la supposition sur laquelle il est fondé paraît d’autant plus romanesque qu’on en ignore le motif. Des chœurs inutiles ou trop multipliés diminuent encore cet intérêt, en ralentissant trop souvent le mouvement de la scène. Quant au style, il est de la plus extrême négligence. La musique est un peu moins dépourvue de chant que celle de la Toison d’or, mais c’est un tissu de réminiscences dont nos progrès en musique nous ont appris à faire justice. Ce qui a été le plus vivement applaudi, c’est l’ouverture, on l’a fait répéter une ou deux fois ; le caractère en est imposant, et la facture nous en a paru même assez neuve.

Raymond V, ou le Troubadour, comédie en cinq actes, en prose, de M. Sedaine, a été représenté pour la première fois au Théâtre-Français le 22 septembre.

Le sujet de cette pièce a paru piquant, du moins par sa singularité ; la conception en est ingénieuse, mais en même temps si dépourvue d’intérêt qu’il n’y a que la gaieté des détails et le charme d’une exécution brillante et soignée qui eussent pu en assurer le succès.

Quelque original que soit le fond de l’ouvrage, on sent que ce qui lui manque essentiellement, c’est ce degré d’intérêt, d’importance du moins, qui paraît nécessaire pour attacher, durant cinq actes, l’attention et la curiosité des spectateurs. À force d’esprit on aurait pu y suppléer sans doute par des peintures d’une critique fine et maligne, par la variété des développements, par les saillies d’un dialogue vif et spirituel ; mais ce sont là des ressources qui n’appartiennent guère au talent de M. Sedaine. On a bien reconnu, dans le rôle du grand référendaire, quelques traits de l’ancien garde des sceaux M. de Miroménil, dans celui du premier chambellan feu M. le maréchal de Duras, dans celui de l’intendant M. de La Ferté ; mais, dans ce genre, ce qui pouvait être encore assez piquant il y a six mois est aujourd’hui sans effet. En un mot, l’on n’a trouvé dans cette comédie que l’étoffe d’un proverbe, et l’on a jugé, non sans quelque justice, qu’un proverbe en cinq actes était beaucoup trop long.

M. Sedaine composa cette pièce pour se venger de la cabale qu’avait faite le maréchal de Duras pour empêcher la représentation de Paris sauvé. En 1777, il eut l’honneur de l’envoyer à Sa Majesté l’impératrice de Russie, qui daigna l’accepter et le récompenser avec sa magnificence accoutumée. Ce qui est plus curieux et plus comique peut-être que la pièce, c’est sa destinée ; cette comédie, qui roule tout entière sur une pièce qu’un prince souverain ne peut parvenir à faire jouer sur son théâtre, vit échouer aussi, dit-on, en sa faveur toute la puissance de Catherine II : l’homme de la cour chargé de la direction de ses spectacles crut y voir une satire personnelle contre lui, et la bonté de sa souveraine, pour ne pas l’affliger, finit par renoncer à en demander la représentation.

Ce qui n’a pas peu contribué sans doute au peu de succès que l’ouvrage a eu sur le théâtre de Paris, c’est la manière dont l’auteur en avait distribué les rôles ; à l’exception de celui de la comtesse de Boulogne joué par Mlle Contat, il n’en est aucun qui ait été bien rendu, et celui qui l’a été le plus mal est le rôle le plus intéressant, celui du vieux Gavaudan, dans lequel le sieur Dazincourt nous a paru toujours hors du sens commun.

Correspondance particulière et historique du maréchal duc de Richelieu en 1756, 1757 et 1758, avec M. Pâris-Duverney, conseiller d’État, suivie de Mémoires relatifs à l’expédition de Minorque, et précédée d’une Notice sur la vie du maréchal[3]. Deux volumes in-8o. Les lettres du maréchal sont si pitoyablement écrites qu’il n’est pas aisé d’en soutenir la lecture, mais il faut pourtant les consulter comme des matériaux d’histoire assez curieux. Le journal de l’expédition de Minorque occupe presque tout le second volume. Pour prouver que l’auteur de la notice historique ne peut être soupçonné d’avoir présenté son héros sous un aspect trop favorable, on ne citera que l’anecdote suivante ; elle pourra donner en même temps l’idée du style et du bon goût de notre panégyriste. « Il survint, dit-il, au maréchal une maladie de peau ; on lui conseilla d’appliquer sur les parties affectées des tranches de veau, ce qui fit dire aux plaisants que ce n’était plus qu’un vieux bouquin relié en veau[4].

Encore des Savoyards, ou l’École des parvenus, faisant suite aux Deux Petits Savoyards ; c’est le titre d’une comédie, en un acte, en prose, représentée pour la première fois au Théâtre-Italien le vendredi 25 septembre. Cette pièce est de M. Pujoulx, l’auteur du Souper de famille, donné avec succès sur ce même théâtre vers la fin de l’année dernière.

Il n’y a que trois semaines que les deux petits Savoyards sont avec leur mère chez le bon oncle Micheli. La famille, nouvellement réunie, vient d’arriver à Paris. M. Micheli cherche pour y monter sa maison trois domestiques, dont une femme. Les deux enfants et leur mère jettent les yeux chacun séparément, et en secret, sur Antoine, sa femme et son fils ; ce sont d’honnêtes Savoyards qui les ont obligés autrefois lorsqu’ils étaient comme eux dans la peine. C’est de la manière dont s’y prennent les deux enfants pour placer leurs protégés que sort tout le comique et tout l’intérêt de ce petit drame. Pour faire réussir leur projet, ils se croient obligés de faire changer de costume à leurs anciens camarades. Les soins et les embarras qu’il leur en coûte donnent lieu à quelques scènes plaisantes ; mais tout cela finit par une moralité très sérieuse. L’oncle, toujours bon, toujours humain, piqué de ce que ses neveux ont cru que les rustiques habits de leurs anciens amis pourraient leur nuire dans son esprit, feint d’avoir déjà donné les trois places sollicitées. Il fait ouvrir en même temps une armoire où sont renfermés les anciens habits de ses neveux, le sien propre, avec le portrait de son frère dans le même costume. En leur montrant cette intéressante garde-robe, il leur dit que c’est toujours avec plaisir qu’il la contemple. Après cette leçon cependant, il tire tout le monde de peine, en acceptant la vertueuse famille qu’on lui a présentée.

Il y a des longueurs dans cet ouvrage et même quelques niaiseries, mais on y a trouvé une foule de détails pleins d’esprit, de grâce, d’intérêt et de naïveté. L’auteur a retranché ce qui avait paru déplaire, et à la seconde représentation la pièce a parfaitement réussi.

Harangue de la nation à tous les citoyens sur la nécessité des contributions patriotiques. Par M. Cérutti. Brochure de 74 pages in-8o.

« L’orateur des subsides, dit M. Cérutti, n’est pas aussi bien écouté que celui des insurrections ; voilà pourquoi j’en ai choisi un accoutumé à tout obtenir. La nation, haranguant elle-même les citoyens, doublera, non leur richesse, mais leur zèle. Je me suis fait catéchiste du peuple dans un autre ouvrage, dans celui-ci je me fais son missionnaire. »

Le fond de cette harangue n’est pas neuf, ce sont à peu près les mêmes idées que l’on a vues dans l’Adresse, rédigée, au nom de l’Assemblée nationale, par M. le comte de Mirabeau, ou plutôt par son ami M. Duroveray, ancien procureur général de la république de Genève. Mais si le style de M. Cérutti est moins énergique, moins serré, il a, ce me semble, plus de douceur, plus d’âme et de vérité, autant d’éclat, quelquefois même autant de véhémence. On a été vivement frappé de l’apostrophe suivante :

« On dit qu’il existe parmi vous, ô citoyens français ! des génies malfaisants qui sèment en tout lieu la méfiance et la discorde ; qui dirigent du sein des ténèbres les complots, les ravages ; qui, placés sur des hauteurs inaccessibles, ainsi qu’on peint les négromants, contemplent d’un œil voluptueux et féroce les orages qu’ils ne cessent de susciter ; de qui la voix tonnante invoque le crédit et le consterne et l’atterre ; qui attachent aux principes le fil de leurs trames ; qui dissolvent tous les nœuds, et n’en laissent refaire aucun ; par qui le peuple est réduit aux révoltes pour tout travail, et aux fureurs pour toute subsistance ; qui portent l’incendie dans toutes les parties de l’administration, et sonnent le tocsin contre elle ; qui voudraient faire de la France un royaume sans roi, sans ministres, sans tribunaux, sans armée, sans trésor ; qui ont tué le despotisme pour en hériter ; qui ont affranchi l’imprimerie pour l’associer à leurs vengeances ; de qui la plume acharnée boit le sang et l’imposture ; qui, par des explosions combinées, font une ruine à chaque fondation ; qui, comme Arimane, corrompent chaque germe de bien au moment qu’il se développe… On dit que ces génies malfaisants existent, on dit qu’ils existent dans le sanctuaire même de la Législation ; on dit qu’ils appuient sur elle le levier des complots pour soulever toute la France ; on dit qu’ils portent en même temps la toge sénatoriale, la hache des licteurs et le poison de la satire… On dit… Mais non, de pareils hommes n’existent pas, l’imagination effrayé ou le ressentiment exagérateur ont seuls forgé ces démons invisibles et invraisemblables. »

Quelque sujet que traite M. Cérutti, on peut compter qu’il a toujours de l’esprit et des idées de reste. Ce que le fond de l’ouvrage ne semble plus pouvoir supporter, il se permet de le rejeter dans des notes, et celles qui se trouvent à la fin de sa harangue ne paraissent pas moins intéressantes que le discours même. Nos lecteurs en jugeront par les citations suivantes :

« Aujourd’hui le pouvoir législatif est disséminé en cent mille assemblées discordantes ; le pouvoir exécutif est éparpillé en cent mille corporations militaires ; le pouvoir judiciaire est partout immobile, ou partout abusif. On dit que c’est le passage du désordre à l’ordre ; moi, j’ai peur que tout ne se brise dans le passage : ce qu’il importe avant tout, c’est de rasseoir le pouvoir exécutif. L’autorité sans loi est un monstre dévorant ; la loi sans autorité un impuissant fantôme.

« On reproche à M. Necker tout ce qui ne dépend pas de lui. Lorsqu’une révolution est dirigée par un grand homme, elle s’arrête à la borne de ses principes ; mais lorsqu’elle est conduite par un corps nombreux, elle suit à travers les événements la marche des passions ou celle des opinions tumultueuses. La métaphysique, la vanité, l’ambition, la vengeance se disputent alors un État la métaphysique voudrait en faire un roman, la vanité un théâtre, l’ambition un champ de bataille, la vengeance un désert. »

Les Actes des Apôtres, par M. Peltier et compagnie. Il en a déjà paru cinq ou six chapitres. C’est une espèce de feuille périodique, où l’on se permet de s’égayer un peu aux dépens de l’Assemblée nationale. Il serait difficile de donner une juste idée de cette rapsodie de sarcasmes, de plaisanteries et de calembours plus ou moins amers, plus ou moins heureux ; mais il n’est que trop certain que le succès de cette folie doit déplaire à nos augustes législateurs. À l’occasion du décret qui vient de décider qu’il y aura deux séances par jour trois fois par semaine, l’historien des Apôtres observe qu’on a vu à Versailles, le 4 août, quelle était l’influence d’un bon dîner, et que c’est avec reconnaissance qu’il apprend à la postérité que M. Pain, M. Perdrix, M. Salé-de-Choux et les deux MM. Fricot ont été de l’avis de la majorité.

Il dit ailleurs que l’ancien comité des recherches vient de trouver à Vincennes un fragment écrit de la main de Salluste, dans la chambre qu’a occupée M. de Mirabeau, lorsque le pouvoir arbitraire faisait de ces horribles cachots la retraite de la vertu et des mœurs ; que ce fragment n’est, à proprement parler, qu’une généalogie de Catilina, que l’historien romain fait descendre d’une branche de la dynastie des Pélopides, qui passa à Carthage, de là à Marseille, et s’établit enfin en Italie sous le nom de Riquettus[5]. Le surnom de Catilina fut donné, ajoute-t-il, à ce chef de conjurés par allusion à sa voix et à sa figure, qui avaient beaucoup d’analogie avec le chat-tigre, nommé en langue punique catinlionac, ainsi que l’a savamment observé M. Volfius, député de Dijon, in operibus ineditis.

Dans un autre chapitre, il rapporte une lettre du comte de Lauraguais à l’imprimeur Baudouin, dans laquelle il se plaint qu’on lui envoie je ne sais quel journal, sous l’adresse de M. le comte de Lauraguais, Américain. « Le décret, dit-il, qui prétend effacer entre les hommes la distinction du blanc au noir permet encore à chacun de porter son nom ; et peut-être est-il assez probable que, dans sa sagesse, l’Assemblée nationale conservera notre costume, parce que nous mettant au blanchissage blanc, noir, jaune, comme des mouchoirs de toutes couleurs, ces mouchoirs doivent conserver leur marque jusqu’à ce que l’Assemblée détruise toute idée de propriété. »

Correspondance secrète entre Ninon de Lenclos, le marquis de Villarceaux et Mme de M*** (c’est-à-dire Maintenon), deux petits volumes in-8o, par M. le vicomte de Ségur[6].

Nous avons déjà des lettres de Ninon de Lenclos au marquis de Sévigné ; on les avait attribuées longtemps à M. Bret, l’éditeur de Molière, à d’autres écrivains plus célèbres, tels que l’auteur du Sopha ; mais on a su depuis qu’elles étaient bien sûrement l’ouvrage de M. Damours, avocat au Parlement, mort, je crois, l’année dernière, dans un âge assez avancé. La nouvelle correspondance que nous avons l’honneur de vous annoncer n’appartient pas moins sûrement à M. le vicomte de Ségur. Tout le monde connaît, dit l’éditeur, les amours du marquis de Villarceaux et de Mlle de Lenclos ; ils ne furent troublés que par la connaissance qu’elle fit de Mme Scarron, alors d’Aubigné, et si connue depuis sous le nom célèbre de Mme de Maintenon. Le marquis de Villarceaux ne put résister aux charmes de Mlle d’Aubigné, et sacrifia à des espérances frivoles le plaisir qu’il goûtait dans les bras de Ninon. C’est peu de temps avant cette époque que commence la correspondance. Les dix premières lettres, ajoute modestement l’auteur, ont peu d’intérêt ; on ne s’est pas permis de les supprimer, et peut-être est-il piquant de voir successivement Ninon tendre, jalouse, inconstante et toujours aimable… Il n’eût pas été moins piquant de savoir si Mme Scarron a véritablement été maîtresse de M. de Villarceaux ; mais comme les Mémoires du temps ne jettent qu’une faible lumière sur ce point, ces nouvelles lettres laissent aussi le lecteur, à cet égard, dans une grande incertitude. « Ninon dit bien qu’elle a prêté quelquefois sa chambre jaune à Villarceaux et à Mme Scarron ; » mais une seule phrase jetée au hasard, qui n’est peut-être qu’une gaieté de Mlle de Lenclos, doit-elle arrêter notre jugement ?

On trouve dans ces lettres de l’esprit et des prétentions, de la négligence et de la grâce ; mais le plus grand défaut qu’on ait à leur reprocher sans doute, c’est d’être beaucoup trop de ce siècle et trop peu du siècle passé, pour les mœurs comme pour le style. L’auteur a cependant eu le secret de rappeler quelquefois des mots et des anecdotes du temps, d’un caractère assez singulier ; qu’il nous soit permis d’en citer un exemple. « Mon Dieu ! dit Ninon, que Lauzun a été aimable l’autre jour chez moi ! On lui disait qu’une femme mettait du blanc : Tant mieux, dit-il, car si elle mettait du noir, ce serait épouvantable. »

Je ne crois pas que ce nouveau roman présente des vues bien neuves sur l’histoire du cœur humain ; mais il me semble qu’il y a, par exemple, dans les réflexions suivantes beaucoup de finesse et de vérité ; c’est Ninon qui les adresse au marquis de Villarceaux.

« L’art ne fait point naître les sens, c’est un don de la nature. Vous ne pouvez donc devoir Mlle d’Aubigné qu’à sa tête ; oui, marquis, qu’à sa tête : écoutez seulement. Par le mot sens on ne veut peindre que cet attrait invincible pour le plaisir que les hommes cherchent toujours dans leurs maîtresses. Il en est cependant un autre qui peut porter le même nom ; celui-ci est presque indéfinissable, il naît du désœuvrement, de la lecture des romans, de l’exaltation actuelle ; c’est un vide, un besoin inexplicable qui règne dans la tête de quelques femmes, auquel elles sont aussi soumises qu’aux mouvements involontaires de leurs sens. Ce désir chimérique les domine d’autant plus qu’il n’a point de but réel ; un homme adroit le tourne toujours à son avantage avec art il gagne la confiance d’un cœur qu’il veut séduire : connaissant sa faiblesse, il la plaint, il parle d’un bonheur qui lui est inconnu et qui fait le charme de la vie : aisément il monte une tête qui s’exalte d’elle-même ; elle croit voir sa chimère se réaliser ; bientôt celui qui la lui fait entrevoir lui devient nécessaire. S’il a le sens commun, alors il s’éloigne, il augmente par là le désir, le besoin qu’on a de le voir ; si ce désir ne devient pas une passion, il est si vif qu’il porte souvent aux mêmes sacrifices, etc. »

— L’expédition de ces feuilles ayant été arriérée par plusieurs circonstances impérieuses auxquelles notre zèle n’a pu se soustraire, nous croyons devoir anticiper sur le mois de novembre, afin de ne pas différer plus longtemps l’analyse de la tragédie de Charles IX de M. Joseph de Chénier, représentée pour la première fois au Théâtre-Français le mercredi 4 novembre. Il y avait longtemps qu’on n’avait vu à ce spectacle un concours de monde aussi prodigieux on le croit même encore au-dessus de celui qu’attira le Mariage de Figaro, c’est tout dire. Comme on craignait, non sans raison, les efforts de différentes cabales, quelques districts ayant déclaré qu’ils ne souffriraient point qu’on représentât sur le Théâtre de la Nation un pareil sujet, plusieurs autres ayant pris l’auteur et la pièce sous leur protection spéciale, un orateur du parterre, doué de l’organe le plus sonore, avant la toile levée, a demandé la parole pour proposer que le premier qui tenterait de troubler le spectacle fût livré à la justice du peuple. M. Palissot[7] n’a pas manqué d’appuyer la motion, et le mot terrible à la lanterne a retenti dans quelques coins de la salle. Le comte de Mirabeau ayant été aperçu l’instant d’après dans une troisième loge avec son ami M. Le Chapelier, l’un des plus fougueux députés de Bretagne, a été vivement applaudi, du moins par différents groupes du parterre, favorablement disposés pour le désigner à l’admiration publique ; l’enthousiasme cependant n’a pas gagné beaucoup plus loin.

La marche de la pièce nous a paru plus sage que dramatique. Excepté la fin terrible du quatrième acte, il n’y a rien dans cette tragédie qui soit d’un intérêt vraiment théâtral, et l’idée de cette situation, comme nous l’avons déjà dit, ne lui appartient pas ; aussi l’effet nous a-t-il presque toujours paru au-dessous de l’impression que devait produire un sujet de ce genre. Mais il y a de beaux détails dans le rôle de l’Hospital et dans celui de Coligny, un trait fort remarquable dans celui de Catherine, et, à travers beaucoup de lieux communs, des idées fortes et vigoureuses, quelques vers dignes de nos plus grand maîtres.

Ce qui n’a pas peu contribué, comme on peut croire, au succès de cet ouvrage, c’est la pompe du spectacle, la vérité du costume et des décorations, les souvenirs imposants que ce sujet rappelle, souvenirs assez présents pour que l’imagination des spectateurs y supplée souvent au travail du poète. Tous les rôles ont été assez bien rendus ; et le sieur Talma, l’un des derniers acteurs reçus, s’est distingué dans celui de Charles IX ; il a joué surtout le dernier acte avec infiniment de chaleur et de vérité.



    n’aurait tracé que le portrait de Necker sous le nom de Narsès et le sien sous celui d’Iramba ; Rivarol se serait peint sous le nom de Cnéis. » — M. Poulet-Malassis, qui avait fait une étude attentive des écrits de Rivarol, s’inscrivait en faux contre cette collaboration, et ne reconnaissait pas davantage la manière ou les traits du pamphlétaire dans le portrait signalé par Barbier.

  1. Peintre de feu S. M. le roi de Pologne et secrétaire de l’Académie royale de peinture. (Meister.) — Renou a donné, au Journal de Paris, un compte rendu de ce salon ; voir 19 et 23 septembre, 7 octobre, 8 et 16 novembre : les articles de Meister n’en sont à peu de choses près que la paraphrase.
  2. C’était le portrait de Mme Rousseau, femme de l’architecte, avec sa fille.
  3. Publiée par le général Grimoard.
  4. Ce mot est attribué au duc de Fronsac, fils du maréchal de Richelieu. (Meister.)
  5. Riquetti est le nom de famille de M. de Mirabeau. (Meister.)
  6. On connaît de lui d’assez jolies chansons et trois Proverbes dramatiques en vers qui parurent il y a deux ou trois ans. (Meister.) — Voir précédemment, p. 13.
  7. M. Palissot, après avoir attaqué tant de réputations sans rien ajouter à la sienne, paraît aujourd’hui s’être imposé la tâche glorieuse d’élever la muse tragique de son jeune ami, M. J. de Chénier, au-dessus de celle de Racine et de Voltaire. (Meister.)