Correspondance inédite de Hector Berlioz/144

Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 335-336).
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CXLIV.

À M. FERDINAND HILLER.


Paris, 12 janvier 1867.

Mon cher Hiller,

Vous serait-il possible, pour que je ne me présente pas au public de Cologne seulement avec de la musique instrumentale, de placer dans le programme du 26 février, un duo nocturne pour deux femmes (un soprano et un contralto). Ce petit morceau de Béatrice et Bénédict a fait partout un grand effet ; il n’est pas difficile ; il faudrait que les cantatrices fussent des oies, pour ne pas chanter cela convenablement. convenablement. Il est vrai que nous rencontrons souvent de pareils volatiles. Mais voyez s’il y aurait moyen de trouver dans votre cercle musical les deux chanteuses capables de cet effort. Je vous enverrais alors les exemplaires du duo, avec paroles allemandes, et je porterais ensuite moi-même les parties d’orchestre. Si vous trouvez la chose imprudente ou seulement difficile, qu’il n’en soit pas question. J’attends votre réponse.

Dites-moi aussi à quelle époque précise je devrai me trouver à Cologne, et combien vous me donnerez de répétitions pour la Symphonie. Le duo pourra aller avec une seule, si les chanteuses savent bien leur affaire.

J’irai loger à l’hôtel Royal, où je suis déjà descendu plusieurs fois. Je serai ainsi bien plus libre de rester couché tant qu’il me plaira ; car je suis un des hommes les plus couchés qui existent. Il est vrai que j’existe bien peu. Malgré les joies musicales du séjour, ce voyage à Vienne et les nombreuses répétitions que j’ai dû y faire m’ont exténué et à moitié tué. Les médecins homœopathes ou allopathes, pas plus que ceux qui soignent leurs patients par l’une ou l’autre méthode (à la volonté des personnes), les docteurs à double détente n’y peuvent rien. Je tâcherai pourtant d’être un peu mieux portant pour aller vous voir ; sinon, je serai bien insupportable.