Correspondance de Voltaire/1774/Lettre 9035

Correspondance de Voltaire/1774
Correspondance : année 1774GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 549-550).
9035. — À M. MARIN[1].
17 janvier.

Voici ma réponse dont M. de Tolendal jugera, si sa passion respectable pour la gloire de son père lui permet de juger.

Je n’ai pu parvenir à voir la prétendue lettre d’un prétendu maréchal de camp contre le jugement du parlement en faveur de M. de Morangiés. Si vous pouviez, mon cher ami, avoir la bonté de me la procurer, vous me rendriez un grand service.

Je suis fâché que vous ne me disiez rien que de vague sur l’épisode postiche que Beaumarchais a inséré contre vous dans sa comédie : il me semble que cet étonnant fou n’ait songé qu’à se faire des ennemis. Ses mémoires se font lire beaucoup plus que toutes les pièces nouvelles. Mais ce n’est pas sur de bonnes plaisanteries que le parlement juge, et je ne vois pas, encore une fois, que vous deviez être interrogé juridiquement sur ce que vous n’avez pas dit chez la dame Lépine, à propos de quinze louis que la dame de Goezmann aurait dû rendre plutôt que de se faire tympaniser et encloîtrer. Tout cela est une farce misérable.

La tragédie des deux dragons est beaucoup plus noble.

Celle de l’abbé de Roussillon est bien abominable. Je connais beaucoup le frère de Mlle de Chamflour, que ce tendre amant assassina il y a environ quinze ans. Je crois même que cet Orosmane passa par les Délices en s’en allant en Hollande.

Je vous demande en grâce de vouloir bien faire parvenir ce petit paquet à M. de Thibouville.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.