Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8897

Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 427-428).
8897. — À M. D’ALEMBERT.
2 auguste.

Je crois, mon cher et illustre Bertrand, qu’il faudra bientôt vous pourvoir d’un autre Raton. Vous n’en trouverez guère dont les pattes vous soient plus dévouées, et plus faites pour être conduites par votre génie.

J’ai reçu M. de Saint-Remi avec la cordialité d’un frère rose-croix. Il est encore chez moi. Je jouis de sa conversation dans les intervalles de mes souffrances ; quelquefois même je soupe avec lui, ou je fais semblant de souper.

Vous savez sans doute quelle foule de princes et de princesses de Savoie et de Lorraine est venue à Lausanne et à Genève, les uns pour Tissot, les autres pour se promener. Les évêques, ne sachant que faire dans leurs diocèses, y viennent aussi. L’évêque de Noyon loge à Lausanne dans une maison que j’avais achetée, et que j’ai revendue ; il y donne à souper aux ministres du saint Évangile et aux dames[1].

On fait actuellement à la Haye une seconde édition de l’ouvrage posthume d’Helvétius. Elle est dédiée à l’impératrice de toutes les Russies ; cela est curieux.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.

  1. Voyez des vers de Voltaire à cette occasion, dans la lettre 8888.