Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8761

8761. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].

Il est clair que la pièce imprimée par Valade l’a été sur le manuscrit de M. d’Argental, car on y trouve ce vers :


Tout pouvoir a son terme, et cède au préjugé,


Il y a dans mon manuscrit, et dans l’édition de Cramer, tout pouvoir a sa borne ; M. d’Argental a voulu absolument son terme. Il n’a pas songé qu’avoir son terme signifie finir ; tout pouvoir finit, et cède au préjugé, n’a pas de sens ; et s’il en forme un, c’est celui-ci : tout roi est détrôné par le préjugé, ce qui est absurde. Il ne faut que trois ou quatre contre-sens pareils pour gâter entièrement une scène passable. Si c’est vous qui avez fait cette correction, vous avez été dans une grande erreur. Il est plus difficile d’écrire correctement qu’on ne pense ; mais aussi rien ne m’est plus aisé que de vous dire combien mon cœur est plein de reconnaissance et d’attachement pour vous, et qu’il ne cessera de vous aimer que quand il cessera de battre.

  1. Ce billet ou fragment de lettre avait été jusqu’alors cousu comme postscriptum à la lettre a Thibouville du 28 décembre 1772. Il ne peut être que de fevrier 1773.