Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8557

Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 109-110).
8557. — À M. D’OGNY[1].
À Ferney, 5 juin.

On m’a fait voir une lettre de M. Fabry, subdélégué de l’intendance à Gex, et votre fermier des postes à Versoy. Il se plaint que ma colonie ait envoyé des boîtes par la poste sans les faire taxer ; mais sans doute il ignore, monsieur, les bontés dont vous m’honorez ; et d’ailleurs il sait que le port d’aucun paquet n’est payé par celui qui le dépêche, mais par celui qui le reçoit.

De plus, ma colonie n’a jamais envoyé de petites caisses de montres qu’à vous, monsieur, qui avez daigné le souffrir, et à Lyon, selon la permission que lui avait donnée M. le duc de Choiseul, permission que vous n’avez jamais révoquée.

Sans ces bontés, il serait impossible à mes artistes d’envoyer leurs ouvrages en France et dans les pays étrangers ; ils seraient forcés de déserter le lieu de leur établissement. Je leur ai prêté cent mille francs sans aucun intérêt, et je leur ai bâti des maisons pour cent quatre mille francs ; ils ne peuvent me payer que par leur travail. Ce travail journalier est utile à l’État, et c’est cette considération qui a principalement déterminé votre cœur bienfaisant à me favoriser.

Je n’ose vous adresser de nouveaux paquets sans votre permission ; je me flatte que vous ne cesserez pas de protéger mon établissement, qui n’a subsisté que par les grâces de M. le duc de Choiseul et par les vôtres. J’ai l’honneur d’être, avec la reconnaissance la plus inviolable et la plus respectueuse, votre, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.