Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8527

Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 78-79).
8527. — À M. D’ALEMBERT.
22 avril.

Sage digne d’un autre siècle, mon cher ami, vous voilà donc secrétaire perpétuel[1] ; c’est un titre que les secrétaires d’État n’ont

pas. Il me semble qu’il y a une pension sur la cassette attachée à cette place. M. de Condorcet m’apprend cette nouvelle. Je vous pardonne de ne m’en avoir rien dit ; vous avez dû être un peu occupé.

Vous ne mettrez point dans les archives de l’Académie le petit conte[2] que je vous envoie pour vous égayer. On m’écrit que Diderot est l’auteur d’un libelle contre moi, intitulé Réflexions sur la jalousie[3]. Je n’en crois rien du tout ; je l’aime et l’estime trop pour le soupçonner un moment.

Comment va le commerce des lettres avec les rois[4] ? Qui aurons-nous cette année pour confrères ? La Harpe a donné dans le Mercure une dissertation qui me paraît un chef-d’œuvre[5].

Je compte que ma lettre est pour vous et pour M. de Condorcet. J’ai une peine infinie à écrire, je n’en puis plus. Vale, amice.

  1. Le 9 avril 1772, d’Alembert avait été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie française, à la place de Duclos.
  2. La Begueule.
  3. Cette brochure est de Ch.-G. Le Roy. Voyez la réponse qu’y fit Voltaire tome XXVIII, page 489.
  4. Avec le roi de Prusse et l’impératrice de Russie.
  5. Ce morceau, dans le Mercure, tome 1er d’avril, pages 101-150, est intitulé De la Poésie lyrique, ou de l’Ode chez les anciens et les modernes.