Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8527
Sage digne d’un autre siècle, mon cher ami, vous voilà donc secrétaire perpétuel[1] ; c’est un titre que les secrétaires d’État n’ont
pas. Il me semble qu’il y a une pension sur la cassette attachée à cette place. M. de Condorcet m’apprend cette nouvelle. Je vous pardonne de ne m’en avoir rien dit ; vous avez dû être un peu occupé.
Vous ne mettrez point dans les archives de l’Académie le petit conte[2] que je vous envoie pour vous égayer. On m’écrit que Diderot est l’auteur d’un libelle contre moi, intitulé Réflexions sur la jalousie[3]. Je n’en crois rien du tout ; je l’aime et l’estime trop pour le soupçonner un moment.
Comment va le commerce des lettres avec les rois[4] ? Qui aurons-nous cette année pour confrères ? La Harpe a donné dans le Mercure une dissertation qui me paraît un chef-d’œuvre[5].
Je compte que ma lettre est pour vous et pour M. de Condorcet. J’ai une peine infinie à écrire, je n’en puis plus. Vale, amice.
- ↑ Le 9 avril 1772, d’Alembert avait été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie française, à la place de Duclos.
- ↑ La Begueule.
- ↑ Cette brochure est de Ch.-G. Le Roy. Voyez la réponse qu’y fit Voltaire tome XXVIII, page 489.
- ↑ Avec le roi de Prusse et l’impératrice de Russie.
- ↑ Ce morceau, dans le Mercure, tome 1er d’avril, pages 101-150, est intitulé De la Poésie lyrique, ou de l’Ode chez les anciens et les modernes.