Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8398

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 537-538).
8398. — À M. L’ABBÉ DU VERNET.
Ferney, le 8 novembre.

Le vieux malade, dont M. l’abbé du Vernet daigne être l’historien, n’a pas été en état de le remercier plus tôt. Comme on ne fait guère l’histoire des gens qu’après leur mort, il est à croire que monsieur l’abbé sera bientôt dans les règles. Le vieillard est mourant ou à peu près, et probablement son curé l’aura dûment enterré avant que l’ouvrage puisse paraître.

On ne manquera pas d’envoyer, en attendant, tout ce que monsieur l’abbé a la bonté de demander. S’il pouvait venir faire un petit tour à Ferney, il serait à portée de lire beaucoup de choses et de jeter de l’eau bénite sur le corps du défunt, qui se recommande à ses prières.

M. de La Condamine sait l’histoire de Pelletier-des-Forts[1] et de la loterie de 1729 ; il était alors mon ami, et n’avait point encore fait de voyage dans le nouveau monde. Il ne connaissait point encore La Beaumelle[2]. Rappelez-lui la parade de l’Arménien chez Mme Dufay, qui nous aimait tous deux. Ce fut chez elle que, pendant tout un souper, je fus la dupe de notre Arménien-Français. Je me souviens très-bien que je finis par l’embrasser, et par le remercier de beaucoup de choses qu’il m’avait apprises en plaisantant. Je suis, etc.

  1. Voyez ce que Voltaire lui-même en dit dans son Commentaire historique, tome Ier.
  2. Dans sa lettre du 24 juillet 1774, Voltaire dit que La Condamine logeait chez lui La Beaumelle.