Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8386

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 525).
8386. — À MADAME LA DUCHESSE DOUAIRIÈRE D’AIGUILLON.
À Ferney, 16 octobre.

Madame, je vous ai importunée deux fois fort témérairement : la première, pour un gentilhomme[1] qui disait n’avoir point tué un prêtre, et qui l’avait tué ; la seconde, pour moi, qui disais ne point recevoir de réponse de M. le duc d’Aiguillon, et qui, le moment d’après, en reçus une pleine d’esprit, de grâces et de bonté, comme si vous l’aviez écrite. Cela prouve que je suis un homme de soixante-dix-huit ans, très-vif et très-impatient, ce qui autrement veut dire un radoteur ; mais je ne radote point, en étant persuadé que M. le duc d’Aiguillon écrit mieux que M. le cardinal de Richelieu, et que je vous donne sans difficulté la préférence sur Mme la duchesse d’Aiguillon, première du nom.

Il est vrai que je meurs dans l’impénitence finale sur les Testaments[2] ; mais aussi je meurs dans le respect et dans la reconnaissance finale avec laquelle j’ai l’honneur d’être, madame, etc.

  1. Le comte de Beaufort ; voyez lettre 8351.
  2. Voltaire a toujours soutenu que le Testament du cardinal de Richelieu n’était pas l’ouvrage du cardinal.