Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8351

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 496).
8351. — À M. CHRISTIN.
19 auguste.

Courage, mon cher philosophe ; vous attendrez un peu longtemps, mais vous gagnerez la bataille. On a fort applaudi à celle que l’ancien parlement de Besançon a perdue.

Ne manquez pas, je vous prie, de mettre une feuille de laurier dans votre lettre, quand vous m’apprendrez le gain du procès des esclaves. Il faut qu’à votre retour vous ayez une place de conseiller ; personne ne la mérite mieux que vous. Mme de Beaufort[1] demande à monsieur le chancelier la grâce de son mari, lequel ne demandait qu’un sauf-conduit. Je crois que cela dépendra des informations. On prétend qu’il y a double sacrilège et simple assassinat double sacrilège, parce qu’il y a meurtre de prêtre dans une église ; assassinat, parce qu’ils étaient deux, le comte de Beaufort et un jeune avocat, lesquels ont tous deux pris la fuite. L’avocat Loyseau de Lyon, qui était à Genève, avait commencé un beau factum en faveur de M. de Beaufort. Il prétendait que le prêtre n’était mort que pour faire niche à l’accusé. Il a rengainé son factum, et il est allé à Paris. J’espère que monsieur votre frère aura bientôt un bon emploi, et que vous reviendrez bientôt victorieux à Saint-Claude revoir votre petite maîtresse.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde.

  1. Voyez page 482.