Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8359

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 502-503).
8359. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
À Ferney, 4 septembre.

Croyez, mon cher président, que, tout en badinant, je m’intéresse avec sensibilité au bonheur de madame votre fille et au vôtre. Je vois l’ancienne magistrature, non pas anéantie, mais réformée ; et comme on ne réforme de bonnes troupes qu’à la paix, je pense que la paix de l’État ne sera point troublée par ces nouvelles dispositions. Monsieur votre fils, conseiller au parlement[2], sera sans doute conservé dans son beau régiment.

Je vous fais d’ailleurs mon compliment de vous amuser à faire de jolis vers ; les belles-lettres contribueront toujours aux agréments de votre vie : je voudrais passer les restes de la mienne avec vous. Mais, condamné à souffrir sans relâche, je suis condamné aussi à ne point quitter ma retraite.

Si vous voyez M. de La Marche[3], je vous prie de le faire souvenir de ses anciennes bontés pour moi, et de me conserver les vôtres.

  1. Éditeur, Th. Feisset.
  2. Frédéric-Henri Richard de Ruffey, né à Dijon le 29 mai 1750, conseiller au parlement le 8 août 1768, président le 5 mars 1776, mort sur l’échafaud révolutionnaire le 10 avril 1794. Il fut en effet membre du parlement réformé de 1771. (Th. F.)
  3. Le second premier président de ce nom, mort en 1772. On a de lui un petit ouvrage écrit avec goût et facilité : Mémoires de M. de Berval, Amsterdam, 1752, petit in-8°. (Th. F.)