Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8270

8270. — À M. DE LA VERPILIÈRE,
commandant et prévôt des marchands de lyon.
Ferney, 27 avril.

Monsieur, M. Pasquier[1] aime à peindre les aveugles et les mourants ; il destine apparemment mon portrait aux Quinze-Vingts. Quoi qu’il en soit, j’ai obéi à vos ordres ; je l’ai laissé enjoliver la charpente de mon visage. Son pinceau délicat n’était pas fait pour moi. C’est, je crois, la première fois qu’on a fait une miniature d’une face de soixante et dix-huit ans. Il y a dans le misérable étui une âme pénétrée de tous les sentiments que M. et Mme de La Verpilière inspirent.

Agréez, monsieur, le respect avec lequel je serai, jusqu’au dernier moment de ma vie, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Le vieux Malade de Ferney.

P. S. Après que l’aveugle a eu dicté cette lettre, on lui a dit que c’est madame, et non monsieur, qui lui a fait l’honneur de lui écrire ; mais il n’y a rien de gâté.

  1. Peintre de portraits en émail, de l’Académie royale.