Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8104

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 268-269).
8104. — À CHRISTIAN VII,
roi de danemark.
Novembre.

Sire, M. d’Alembert m’a instruit des bontés de Votre Majesté pour moi[1]. Tant de générosité de votre part ne m’étonne point ; mais l’objet m’en étonne : ce n’était pas sans doute à un simple citoyen comme moi qu’il fallait une statue. L’Europe en doit aux rois qui voyagent pour répandre des lumières, qui ont la modestie de croire en acquérir, qui donnent des exemples en prétendant qu’ils en reçoivent, qui emportent les vœux de tous les peuples chez lesquels ils ont été, qui ne revoient leurs sujets que pour les rendre heureux, pour en être chéris, et pour les venger des barbares.

Je suis près de finir ma carrière, lorsque Votre Majesté en commence une bien éclatante. L’honneur qu’elle daigne me faire répand sur mes derniers jours une félicité que je ne devais pas attendre. Je sens combien il est flatteur de finir par avoir tant d’obligations à un tel monarque.

Je suis avec le plus profond respect et la plus vive reconnaissance, etc.

  1. La lettre de d’Alembert manque ; mais voyez lettres 8073 et 8107.