Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8028
Monsieur, une longue maladie, qui est le fruit de ma vieillesse, ne m’a pas permis de vous remercier plut tôt de votre excellent ouvrage. Il y avait déjà longtemps que je savais quelles obligations vous a l’histoire naturelle, et combien vous aimez la vérité. Vous en avez découvert, dans votre nouveau livre[2], de très-intéressantes qui étaient peu connues : il y en a même qui donnent de grands éclaircissements sur l’histoire ancienne du genre humain, comme les longues et larges pierres qui servaient de monuments à presque tous les peuples barbares, telles qu’on en voit encore en Angleterre. Il est à croire que c’est par là que les Égyptiens commencèrent avant que de bâtir des pyramides.
J’ai passé autrefois quelques mois à Ussé, mais les deux momies n’y étaient plus[3]. L’explication que vous en donnez me paraît très-vraisemblable : il me semble que l’esprit philosophique s’est répandu sur tout votre ouvrage. On ne peut le lire sans concevoir la plus grande estime pour l’auteur. Je joins à ce sentiment la reconnaissance et le respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.