Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8028

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 202).
8028. — À M. DE LA SAUVAGÈRE[1].
Au château de Ferney, par Lyon et Versoy, 23 septembre.

Monsieur, une longue maladie, qui est le fruit de ma vieillesse, ne m’a pas permis de vous remercier plut tôt de votre excellent ouvrage. Il y avait déjà longtemps que je savais quelles obligations vous a l’histoire naturelle, et combien vous aimez la vérité. Vous en avez découvert, dans votre nouveau livre[2], de très-intéressantes qui étaient peu connues : il y en a même qui donnent de grands éclaircissements sur l’histoire ancienne du genre humain, comme les longues et larges pierres qui servaient de monuments à presque tous les peuples barbares, telles qu’on en voit encore en Angleterre. Il est à croire que c’est par là que les Égyptiens commencèrent avant que de bâtir des pyramides.

J’ai passé autrefois quelques mois à Ussé, mais les deux momies n’y étaient plus[3]. L’explication que vous en donnez me paraît très-vraisemblable : il me semble que l’esprit philosophique s’est répandu sur tout votre ouvrage. On ne peut le lire sans concevoir la plus grande estime pour l’auteur. Je joins à ce sentiment la reconnaissance et le respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Voyez la note, tome XXVII, page 148.
  2. Recueil d’Antiquités romaines dans les Gaules, 1770, in-4°.
  3. On les avait peut-être déplacées pour en réparer les piédestaux. (Note de La Sauvagère.)