Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7768

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 545).
7768. — À M. DE POMARET[1].
31 janvier.

Le vieillard à qui M. de Pomaret a écrit est pénétré des sentiments qu’il veut bien lui témoigner. Continuez, monsieur, à répandre l’esprit de conciliation dans des pays où la discorde a régné autrefois si cruellement. Quand les jésuites sont abolis dans le royaume, il faut bien qu’on vive en paix.

Espérez peu du canoniseur[2], et songez qu’un moine est toujours moine.

Permettez-moi de vous dire que vous prenez mal votre temps pour dire que le projet de la ville libre[3] n’a point eu lieu. On vous confie que l’édit est passé, qu’on vient d’envoyer cent mille livres pour travailler aux ouvrages ; mais il est de la plus grande importance que cela ne fasse pas de bruit dans votre province. Les derniers arrangements ne seront pris qu’au printemps.

Consolez-vous, espérez beaucoup ; un temps viendra où tous les honnêtes gens serviront Dieu sans superstition. Je ne verrai pas ce temps ; mais vous le verrez, et je mourrai avec cette espérance.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le pape Ganganelli, qui avait été cordelier.
  3. Versoy.