Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7768
Le vieillard à qui M. de Pomaret a écrit est pénétré des sentiments qu’il veut bien lui témoigner. Continuez, monsieur, à répandre l’esprit de conciliation dans des pays où la discorde a régné autrefois si cruellement. Quand les jésuites sont abolis dans le royaume, il faut bien qu’on vive en paix.
Espérez peu du canoniseur[2], et songez qu’un moine est toujours moine.
Permettez-moi de vous dire que vous prenez mal votre temps pour dire que le projet de la ville libre[3] n’a point eu lieu. On vous confie que l’édit est passé, qu’on vient d’envoyer cent mille livres pour travailler aux ouvrages ; mais il est de la plus grande importance que cela ne fasse pas de bruit dans votre province. Les derniers arrangements ne seront pris qu’au printemps.
Consolez-vous, espérez beaucoup ; un temps viendra où tous les honnêtes gens serviront Dieu sans superstition. Je ne verrai pas ce temps ; mais vous le verrez, et je mourrai avec cette espérance.