Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7711

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 496).
7711. — À MADAME ***[1].
Au château de Ferney, 19 novembre,

Madame, il est vrai que si je n’avais cru que mes sentiments respectueux pour votre personne et ma sensibilité pour votre triste état, j’aurais écrit à M. l’avocat général du sénat de Chambéry ; mais, étant partie dans cette affaire, je n’ai pas osé prendre cette liberté. Il m’a paru qu’un étranger ne devait qu’attendre le jugement et s’y soumettre. D’ailleurs, tout ce qu’on m’a dit de M. l’avocat général me fait croire que les sollicitations sont très-inutiles auprès de lui. Je sais qu’il est beaucoup mieux informé de votre affaire que je ne puis l’être. On m’assure de tous côtés qu’il est aussi bienfaisant qu’éclairé. Votre cruelle situation l’a sans doute attendri. Je vous conseille de faire comme moi, madame, d’attendre son rapport, et de vous conformer à ce qui sera décidé. Je ne puis croire que la grâce que le roi vous a faite vous devienne jamais inutile.

J’ai l’honneur d’être avec respect, madame, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.