Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7685

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 470).
7685. — À M. VERNES.
Le 9 octobre.

Mon cher philosophe, si Dieu a dit : « Croissez et multipliez[1], » voici deux personnes qui veulent obéir à Dieu. L’une est catholique romain, l’autre est de votre religion et née a Berne. Nos belles lois de 1685 ne permettent pas à un serviteur du pape d’épouser une servante de Zwingle ; mais je crois que vous regardez Dieu comme le père de tous les garçons et de toutes les filles. Vous savez que la femme fidèle peut convertir le mari infidèle[2].

Tachez, mon cher philosophe, de faire en sorte que ces deux personnes puissent se marier à Genève. Je vous demande votre protection pour elles ; mais ne me nommez pas, car le mariage est un sacrement dans notre Église, et l’on m’accuse, quoique assez mal à propos, de ne pas croire aux sept sacrements.

Permettez-moi de vous embrasser de tout mon cœur, sans cérémonie.

  1. Genèse, i, 28.
  2. I, Corinthe. vii, 14.