Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7685
Mon cher philosophe, si Dieu a dit : « Croissez et multipliez[1], » voici deux personnes qui veulent obéir à Dieu. L’une est catholique romain, l’autre est de votre religion et née a Berne. Nos belles lois de 1685 ne permettent pas à un serviteur du pape d’épouser une servante de Zwingle ; mais je crois que vous regardez Dieu comme le père de tous les garçons et de toutes les filles. Vous savez que la femme fidèle peut convertir le mari infidèle[2].
Tachez, mon cher philosophe, de faire en sorte que ces deux personnes puissent se marier à Genève. Je vous demande votre protection pour elles ; mais ne me nommez pas, car le mariage est un sacrement dans notre Église, et l’on m’accuse, quoique assez mal à propos, de ne pas croire aux sept sacrements.
Permettez-moi de vous embrasser de tout mon cœur, sans cérémonie.