Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7642

Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 422-423).
7642. — À M. JEAN MAIRE.
À Ferney, 23 auguste.

Monseigneur le duc de Wurtemberg me doit, par billet à ordre au mois de mars passé, trente-cinq mille livres, et autant l’année prochaine. Son Altesse sérénissime propose de me subroger à la créance du sieur Dietrich de Strasbourg, auquel elle doit 96,000 livres, moyennant que je lui prête ces 96,000 livres, remboursables en quatre ans, à 24,000 livres par an avec les intérêts légitimes. Pour cet effet, on veut que je rétrocède les deux billets de 70,000 francs, et que je fournisse le reste argent comptant.

Quoique à mon âge de soixante-quinze ans ce marché soit peu avantageux, je l’accepte : et même, pour marquer à Son Altesse sérénissime mon attachement respectueux, je me relâche des cinq pour cent d’intérêt que j’aurais si cet acte était passé à Genève ou à Montbéliard.

Je me réduis à quatre pour cent, et j’espère que monseigneur le duc de Wurtemberg sera content de mon procédé.

Voici un compte net du payement à faire de ces 96,000 livres, avec l’intérêt à quatre pour cent en quatre années.
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Il observera que j’emprunte à six, et que je prête à quatre. Je me flatte que M. Dupont rédigera le tout dans la meilleure forme ; que je serai payé de tout ce qu’on me doit, exactement par quartiers, n’ayant plus que ces effets pour subsister, moi et ma famille, et que Son Altesse sérénissime me continuera l’honneur de ses bontés.

Je prie M. Jean Maire de communiquer cet écrit à M. l’avocat Dupont.

Son très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.